Écrase-moi.
Appuie-toi si fort que même une falaise ne pourrait pas y résister.Alors, les étoiles disparaissent. Laissent paraître le brûlant soleil, qui cramoisit ta peau et attaque jusqu'à l'atome de tes organes. Jette-toi dans le vide abyssal. La chute est si lente que tu as le temps de voir défiler un par un tous les astres de l'univers. Quand enfin tes cheveux touchent la surface de l'eau, tu as tout le temps d'anticiper. Cet instant fatidique où toutes les créatures des profondeurs vont t'engloutir. Te déchiqueter. Planter leurs crocs dans ta peau, t'arracher petit à petit chacune des parties de ton corps. Alors que leurs dents acérées t'effleurent à peine, le monde se renverse et tu sèches. Esseulé comme une brindille parmi tant d'autres en automne. Alors le grand géant humain, stupide, suprême, marche sur ton corps parmi tous ceux que j'ai haï. Un couple se balade. Puis plus rien. En fait non ! en voilà un pressé qui court sur tes os brisés. Puis un autre. C'est en définitive une foule de gens qui écrasent leurs gros sabots sur ton corps suranné, délabré. Ton cerveau, pourri de mauvaise pensées, tes yeux coupables, acides, ton sourire atroce, ton cou que j'ai tant eu envie de serrer, tes poumons déjà bien encrassés, ton horrible cœur qui n'est même pas de pierre mais bien d'acier, ton joli cul et tes jambes qui me faisaient de la concurrence. C'est fini, tu n'es plus rien. Voilà comment tu finis. De la poussière. Mais ton intégrité mentale subsiste.
Nino M., 24. 04. 2019.
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