Chapitre 4

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Je sens mon cœur qui palpite à tout rompre. Je suis mouillée par l'eau, mais je sens de la chaleur envahir tout mon corps. Je ne suis pas en train de rêver, je viens de ramasser une boîte m'étant destinée. Mais rien ne colle.

Outre le fait que j'ai vraiment attendu me basant sur une chanson destinée aux enfants, j'aurai pu ne jamais jeter cette pierre. C'est vrai que c'est mon père qui m'avait inculqué ça. D'ailleurs, cela faisait beaucoup de souvenirs d'enfance qui m'aidaient à élucider ce mystère. Mais en tout cas, rien ne garantissait à ce que j'heurte cet endroit précis. De plus, une boite restée là pendant 12 ans, il y avait trop de chances pour que quelqu'un la trouve avant moi. Elle n'était même pas abîmée, comme si elle avait était déposé récemment, le verre encore lisse, l'écriture plus que lisible. Vous voyez, trop de questions se posent. Rien ne va.

Je m'encourage tout de même à ne pas fléchir. Je dois me remettre de tout mes états. La première chose à faire et de rentrer à la maison.

Une fois  la rive atteinte, je regarde à nouveau cette boite, non légère mais pas lourde pour autant. Je la range délicatement dans mon sac, essayant de ne pas trop la bousculer, comme s'il fallait la garder exactement dans la même position dans laquelle je l'ai trouvé.

Je déambule à travers les rues, une fois l'immeuble aperçut, j'entre. Avant de m'en rendre compte, je me trouve nez à nez face à ma grand-mère:

- Bonsoir mamie, je suis revenue!

La vieille femme ne s'aperçoit de rien. Je ne laisse jamais rien transparaitre par mon regard. Elle me sourit, contente de me voir, comme à chaque fin de journée.

-Je remarque que tu es mouillée. Qu'as-tu fais?

- Oh, ce n'est rien. J'ai eu chaud sur le retour donc je me suis aspergée d'eau. Ça m'a fait un bien fou.

- Tu aurais pu attendre d'arriver pour prendre ta douche. 'Fin bon, cela ne m'étonne pas de toi, tu fais toujours des choses bizarres et impulsives. La patience peut t'aider à bien des choses.

Si elle savait.

Je m'attable et mange. Je me tiens comme à mon habitude. J'ai toujours su dissocier une chose d'une autre. Pour l'instant, je ne suis que la petite fille rentrant de son boulot.

●●●

Il est maintenant 23h. Mamie a été bien bavarde, et il faut dire que j'ai bien profité de ma douche.

Je sors la boite: À ma chère fille du lac. C'est bien mon père s'adressant à moi? De par sa transparence, je remarque qu'elle renferme une boite plus petite (logique), mais en bois cette fois-ci. Je pense qu'il me faut l'atteindre.

La boite est fermée. On s'en fout, puisqu'elle est de verre. Je la jette violemment contre le sol pour qu'elle s'ouvre. Cela a fait plus de bruit que ce que je pensait. J'ouvre la porte de ma chambre qui était verrouillée pour m'assurer que ça n'a pas réveillé ma grand-mère. Sans même avoir eu à sortir, j'entends des ronflements. Je peux revenir sur mes pas sans me faire du soucis.

Je ramasse ce qu'il reste de la boite. J'ai sans faire exprès - mais en même temps, vu la façon de l'ouvrir - cabossé le carré de bois qui se trouvait à l'intérieur du verre. Je le ramasse. Cette boite-ci s'ouvre plus simplement- il suffit juste de décoller les deux extrémités. J'ouvre, et à ma grande surprise, je n'y trouve rien, à part un petit morceau de papier. Un peu déçue, je l'observe:

<< MazfdGqieUt...>> Et je vous assure que ce charabia continue tout le long de la feuille. Cette fois-ci, pas de rapport avec un souvenir du passé, du moins je l'espère, car si mon père pensait faire retenir à une fillette de 8 ans des lettres sans  signification, il avait perdu tout son espoir d'être retrouvé.

J'essaie toutes sortes de calculs, de sens, de lire des lettres en sautant d'autres, de lire les lettres en ajoutant à leur positionnement dans l'alphabet un chiffre qui pourrait donner une autre lettre, et pourquoi pas former une phrase sensée, mais en vain. Je parviens même à toutes les mémoriser à force.

Il est déjà 5h du matin. Je ne sais même pas si je m'étais assoupie entre quelques essais, je suis trop fatiguée pour m'en rendre compte.

J'hésite à rester ici, ou à me rendre au travail. Le travail fini par l'emporter. J'ai comme l'impression que continuer cette pratique ne m'avancerait à rien.

Après avoir avalé plus de trois cafés en l'espace d'une demi-heure, je me retrouve au poste à 7h00 tapantes.

Je pense qu'essayer de me remettre à mon quotidien me permettra de me rafraîchir l'esprit et pourquoi pas, à trouver de nouvelles idées. Donc tout en effectuant des tâches confiées, je reste focalisée sur cette ligne d'assemblement de lettres.

C'est plus tard vers la matinée, que mon esprit ne parvint plus à réfléchir sereinement, car Robert s'est montré:

- Hey!! Comment ça va? Tu sais qui a eu raison hier?

Moi, essayant encore de rattraper mes pensées:

- Hein? De quoi?

- Tu sais, l'affaire suicide! Je t'explique! J'ai fini par mettre la pression sur son conjoint, et devine quoi?? Il a tout avoué! Tu te rends compte? Si j'avais su que ça aurait été si facile!!

Il était tout excité, imaginez un toutou remuant la queue, et vous avez la même image que ce qui se trouve en face de moi.

- Qu-Quoi? Alors tu avais raison... Faut croire que t'es pas diplômé avec excellence pour rien... Du coup, tu en as parlé au sergent et..?

- Oui!! Il était bouche bée! Et il m'a sorti un truc du genre "je savais que tu serais une bonne recrue". Bon, je sais que c'est pas ce qu'il pensait de base mais, je l'ai laissé dire pour satisfaire son ego. Mais plus important, Lee...

Attends une seconde, il m'a appelé Lee?

- Tu étais où hier?

- Il n'y a que ma grand-mère qui a le droit de m'appeler de la sorte. Te voilà maintenant allé jusqu'à chez moi? Tu es sérieux là?

Je suis furieuse. Il approche mon territoire. Personne n'approche mon territoire.

- Et bien, je le savais que même toi il t'arrivait de te fâcher. Excuse, c'est que je voulais te faire part de la vérité, tout content que j'étais. C'est là qu'au lieu de te trouver, j'ai discuté avec une dame très aimable, en passant. Elle t'aime beaucoup, ta grand-mère.

Je ne sais pas quoi répondre. Est-ce légitime de se mettre en colère pour ça?  Je sais qu'il ne cherche pas à m'inspecter, mais c'est peut-être parce que je cache trop de choses que je ne peux me permettre que la barrière que je mets avec les personnes que je côtoie soit franchie. Je dois garder mon calme, je suis en train de nuire à l'image que je m'efforce de donner.

Me voyant pas répondre, Robert continue:

- Pourquoi tu as dit à ta grand-mère que tu étais au travail?

Mamie ne m'a pas interrogée là dessus. Je suppose donc qu'il ne m'a pas vendue.

- J'ai rien dit. Mais il faut que tu m'expliques. On est partenaires ou pas?

- Je ne suis qu'une stagiaire, je n'ai pas de pa...

- Mais si on l'est! Tu étais où?

- Ben tu sais, j'ai pas forcément envie de dire à ma grand-mère tout le temps où je vais et... Tu sais, je suis une jeune qui a besoin de liberté donc...

C'est bizarre. Je mens si bien à tout le monde. Alors pourquoi j'ai du mal à formuler mes phrases, voyant qu'il ne gobe rien à ce que je lui raconte?!

- On me l'a fait pas à moi. Tu dois t'en être déjà rendue compte, mais la vérité, je vais finir par la dévoiler.

Jusqu'où j'iraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant