Chapitre 16

78 10 106
                                    

Je n'ai jamais vu le commissariat dans une telle panique. Le brouhaha, accompagné des vas-et-viens, font régner une atmosphère tendue. Les coups de téléphones sonnent et les officiers tentent tant bien que mal de rester organisés. Ils ont maintenant formé un grand cercle, le lieutenant bien en avant. C'est le moment d'établir leur plan:

- Écoutez-moi tous, réunion de crise.

D'un coup, les bruits s'estompent. Tout le monde est à l'écoute de l'homme digne de son titre.

- Alors qu'ils étaient transportés vers une autre prison que celle du poste, le camion a été attaqué, en pleine route. Une tierce personne, après avoir intercepté le véhicule, a lancé des fumigènes afin de semer l'embrouille et de les faire s'échapper.

Un complice. Qui cela pourrait-il être? Un simple admirateur de leurs oeuvres? Qui serait prêt à se risquer pour eux? J'en doute. C'est sûrement quelqu'un proche d'eux... Mais oui. Je me rappelle de ce que m'avait dit Rob, concernant leur dossier: ils avaient l'habitude de commettre leurs crimes avec une autre personne.

C'est leur frère, Lorenzo.

- Ces individus tentent à nouveau de nous filer entre les doigts, mais cette fois-ci, nous ne les laisserons pas faire. Nous allons inspecter le secteur, je veux que chaque endroit soit vérifié au peigne fin.

Voyant l'approbation de ses policiers par leur seule expression du visage, il continue:

- Je vais maintenant répartir les équipes. Chacun sera responsable de sa zone assignée. Vous aurez du renfort, des policiers qui assureront vos arrières.

Ils déploient donc tous leurs moyens pour les trouver. Tant mieux, ils n'ont pas intérêt à s'en tirer.

Les inspecteurs se dispersent. Je reste sur place, laissant passer la foule. Je suis trop occupée par mes pensées, qui font fouillis dans ma tête.

Ça ne devait pas se passer comme ça. Que vont-ils faire, maintenant? Mais surtout, est-ce que mon père viendra quand même à notre rendez-vous? Les avis de recherches ont déjà été lancés partout. Avant je me demandais si mon père allait se montrer, mais me voilà à present encore moins sûre. La chance que j'avais de le revoir se fait maintenant de plus en plus minime.

Un coup de journal sur la tête me fait sortir de mon esprit:

- Tu joues à un-deux-trois soleil ou quoi? Tout le monde est déjà en train de partir, me rétorque Rob.

Je ne réponds rien. Que faut-il répondre?

Il passe une main sur ses cheveux, regarde ailleurs un moment, puis, après avoir soupiré, s'exclame:

- Écoute, je dois y aller. Je fais partie de l'effectif chargé de l'opération.

Forcément, c'était évident.

- Bon courage.

- Merci.

Il se retourne pour emprunter la direction de la sortie. Je me sens impuissante, car il n'y a rien que je puisse faire, mon statut étant celui de stagiaire. D'un coup, il fait demi-tour, comme s'il avait hésité pour au final quand même s'exprimer:

- Lee, tu n'es pas très douée avec les promesses, mais promets-le quand même: ne fais rien d'inconscient. Attends mon retour.

Je laisse paraître un visage amer, mécontente.

- Je n'ai envie que d'une chose: c'est de m'empresser de les trouver. Mais je sais comme toi que je n'ai pas ma place dans cette recherche, à mon grand regret.

- Je sais. Mais j'ai peur qu'une mouche te pique et que d'un coup tu te sauves et que tu fasses encore des tiennes. Ne sème pas la pagaille, ok?

Je roule mes yeux, puis réponds:

Jusqu'où j'iraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant