Brûlures [Yoonmin]

25 - Vengeance

Les soldats étaient partis depuis une semaine.
Sujin s'était moquée de Hoseok pendant des heures quand il nous avait raconté que les hommes qu'il avait missionné pour appuyer notre version s'étaient effondrés avant d'avoir pu sortir une phrase cohérente.
La jeune femme lui avait dit qu'il aurait mieux fait de leur promettre une tournée une fois leur exploit réussi plutôt que de les payer d'avance. Namjoon avait plutôt dit à son frère qu'il n'aurait pas dû s'appuyer sur des ivrognes s'il voulait que le travail soit bien fait.
Les deux avaient raison. Mais tout s'était plutôt bien passé, le petit groupe ne s'était pas éternisé en ville, comprenant que la plupart des habitants leur étaient fortement hostiles.

Seulement, la joie causée par notre réussite n'avait pas duré bien longtemps.

Il y avait d'abord eu le stress de l'attente. Quatre jours entiers sans nouvelles, ni de Jungkook, ni des deux autres partis à sa recherche.
Le festival s'était poursuivi et Namjoon avait bravement servi de patron à l'Épiphanie malgré son inquiétude.
Il s'en sortait plutôt bien. Sujin était venu l'aider à faire face à l'afflux de touristes, Hoseok ayant déjà beaucoup à faire du côté de la ferme, pour aider ses parents.

Et puis ils étaient revenus, Seokjin et Taehyung. Seuls.
Le maître de l'eau n'avait rien dit, le maître du feu, pas beaucoup plus.
Ils ne l'avait pas trouvé. D'ici au front, pas de trace de Jungkook.
Et ils avaient eu beau s'attarder aux alentours des champs de bataille, ils n'avaient pas trouvé la moindre piste.
Et, en plus de ça, ça n'avait pas été très beau à voir.

Je n'avais jamais vu de combats de mes propres yeux. Mon village avait été annexé peu avant ma naissance et il avait été pacifié rapidement.
Je n'arrivais pas très bien à imaginer ce que ces deux là avaient vu, ce que Jimin avait pu voir dans sa tribu.
La guerre, de loin, ça semblait être un bien grand mot, mais les cicatrices sur le corps de mon amour et cette espèce d'angoisse sur le visage de certains habitants à mesure que l'armée du feu progressait dans la région me soufflaient que je ne savais rien. Je ne pouvais pas en mesurer l'horreur, et j'en étais parfaitement conscient.

Seokjin le pouvait. Je savais qu'il avait déjà approché plusieurs champs de bataille. Alors savoir que son jeune frère était probablement dans l'un de ces enfers sur terre en ce moment devait le ronger.

Nous n'avions pas insisté pour avoir des détails ou pour rester à leurs côtés. Namjoon et Sujin avaient assuré à Seokjin qu'ils prendraient le relais au salon de thé aussi longtemps qu'il le faudrait, jusqu'à ce qu'il se sente de reprendre, ou qu'il y ait du nouveau. Jimin et moi étions rentrés à la ferme, un peu choqués et bouleversés.

Quand Taehyung était parti, aussi décidé, je ne m'étais pas rendu compte d'à quel point j'avais eu espoir qu'il retrouve le jeune maître du feu. Non, c'était pire que ça, j'en avais presque été convaincu.
Il allait le ramener, parce qu'il le fallait, non ?
La possibilité que Jungkook soit perdu ne m'avait pas effleuré sérieusement. Je l'avais occultée, niant son existence. Niant le fait que, parfois, les choses ne se passaient pas bien.

Alors cette fois, quand Jimin m'avait soufflé avant de s'endormir d'une voix tremblante que Jungkook reviendrait peut être de lui même en un seul morceau, j'avais refusé de le croire.

Espérer faisait trop mal.

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Le festival était terminé depuis deux jours. Il s'était clôturé par un grand feu d'artifice pour le solstice.
Nous étions allés le voir tous ensemble pour marquer le début de la rallonge progressive de nos journées.
Seul Taehyung ne s'était pas montré.

Puisque Jungkook habitait chez lui depuis un moment, il devait se sentir coupable d'après Jimin. D'abord parce qu'il s'était attaché au jeune homme, mais aussi parce qu'il pensait qu'il aurait dû le voir venir et le retenir.