Chapitre 10 - Souvenirs et sourire

27 3 5
                                    


Par la fenêtre de ma chambre, le soleil commence à se lever, et par cette même fenêtre, je ressens la même trahison que celle de Taylor. Je n'ai pas cherché à savoir ce qu'elle a voulu dire à travers ce message si blessant, et encore je suis gentille avec ce mot. Les nuits blanches ne sont vraiment pas faites pour moi, mais grâce à ça, j'ai pu découvrir de nombreuses choses à savoir mon père, Orlane, Taylor, Harley, et j'en passe.

Amanda n'est pas rentrée de la nuit et, tout en restant à ma fenêtre, je l'aperçois. Elle sort de la cabane, recouverte de boues et de tâches rouges, de blessures à la jambe droite, et elle boite.

« Amanda ! Que t'est-il arrivé ? ai-je crié depuis ma fenêtre.

- C'est sans importance, retourne te coucher, la nuit a été mouvementée.

- Mais tu as des blessures partout, où étais-tu cette nuit ?

- Dans la foule de personnes qui criaient à l'aide, je te cherchais parce que tu n'étais pas rentrée de la nuit.

- Je t'ai pourtant envoyé un message disant que-

- Tais-toi ! Tu ne vas nulle part sans mon autorisation !

- Mais Tantine...

- Fin de la discussion ! »

Je savais bien qu'elle était agressive mais pas au point de me dire de me taire, ou de me faire comprendre que je suis une fille sans responsabilité. Je me retrouve encore seule : j'ai été en admiration devant Taylor pour qu'au final il me déçoive, puis Harley qui n'a pas les mêmes sentiments que moi alors que je suis tombée amoureuse de lui et Orlane qui me trahie une fois de plus. Je ne sais plus quoi penser de tout ça. Et Amanda qui me hurle dessus au moment où les Pacenum décident de ne plus faire leur travail ; mon père qui est mort sous mes yeux, ma mère qui me manque tant... Tant de personnes partent de ma vie sans que je ne l'aie demandée.

Je suis sortie avec un garçon pendant une année complète, j'ai eu mes premières fois, comme par exemple ma première nuit avec lui, un baiser très passionné, mes premiers conflits avec lui, le premier cadeau que j'ai offert à mon petit ami était un collier, où j'ai demandé au bijoutier de graver dessus « à jamais et pour toujours », il n'y avait pas assez de place alors je lui ai dit de graver un poussin, un poussin parce qu'il était aussi blond qu'un poussin et qu'il était trop mignon ; j'avais énormément de projets avec lui et c'était la première fois que j'étais autant amoureuse d'un garçon comme lui.

Ce n'était pas facile au début parce qu'on habitait loin l'un de l'autre, alors pour se voir c'était compliqué. Mais on trouvait toujours un moyen. Notre relation datait de la période où j'étais entre la troisième et la seconde. A ce moment-là, je devais réviser pour mes examens de fin d'année et comme il avait un an de plus que moi, il m'aidait dans mes révisions. Il venait souvent chez moi mais il habitait trop loin de mon collège pour que j'aille chez lui. Il était en seconde et on peut dire que ce n'était pas un très bon élève, mais quand il s'agissait de moi, il faisait tout pour m'aider.

Le dernier jour où il était venu chez moi remonte au jour de la Saint-Valentin. Il avait déposé des roses toutes fanées à ma porte et m'a laissée un mot « Ecoute, je sais que c'est tordu de ma part de te dire ça le jour de la Saint-Valentin mais on s'est mis ensemble il y a un an mais maintenant j'ai changé et toi aussi. Nous deux ça ne peut plus continuer comme ça. On prendra des chemins différents et qui sait, on se séparera de plus en plus à chaque seconde qui passe. Au fond je t'aime mais nous deux, c'est impossible. – Hugo ». Vous n'imaginez pas à quel point mon cœur n'a pas pu résister au choc que j'ai reçu en lisant cette lettre.

Je suis descendue de ma chambre pour voir si Amanda allait bien. Le soleil s'est enfin levé et a illuminé ma chambre. Il y a beaucoup d'objets scintillants dans ma chambre alors, quand je me suis retournée, j'ai cru voir plein de petites lucioles qui venaient me redonner le sourire. Mais ces objets ont suffi à me le redonner. Les pompons qui me rappellent Orlane ont brillé et l'ampoule qui sommeille en moi vient de se réveiller : je n'ai pas besoin d'eux pour prouver à tout le monde que les Pacenum ne tuent pas les victimes.

Pas le temps de penser, je dois foncer tête baissée ! J'enfile une tenue et je sors de ma chambre en courant. Amanda me stoppe mais je la bouscule et elle tombe dans le panier à linge sale, avant de sortir je lui fais signe : « Ose m'attraper vieille poubelle », comme vous ne le savez pas, ma tante vit dans la crasse et je suis le Monsieur Propre de la maison. En sortant, le soleil brille de milles feux, dommage qu'aucun oiseau ne soit là pour chantonner, ça aurait refait ma matinée. Je me dirige vers la place centrale, là où la statue de la dame mystérieuse est placée. Cette statue, comment la décrire... une silhouette de femme avec un sac en carton sur la tête, où le sac a été lui aussi sculpté. Je monte sur la statue et hurle sur les habitants. Certains sont encore en pleurs, d'autres veulent la mort d'autrui, et d'autres vivent leur vie normalement. Certains me regardent d'un air perspicace ; j'attends que d'autres personnes me regardent et soient attentifs à ce que je vais leur annoncer.

« S'il vous plait ! Ecoutez-moi, j'ai quelque chose d'important à vous dire !

- Tais-toi ! On essaye de sauver des vies de notre côté, crie un des habitants.

- Mais c'est important ! C'est au sujet des Pacenum ! Ils ne tuent personne, à part s'ils ont une bonne raison de le faire !

- Je suis sûre que tu en fais partie, c'est pour ça que tu les défends, intervient une vieille dame.

- Puisque je vous dis qu'ils ne sont pas si dangereux que ça ! Vous devriez plutôt vous méfier de cette dame mystérieuse !

Au moment où mes mots sont sortis, Amanda m'a vue, d'un air perplexe, j'ai tout de suite compris.

- Tante Amanda ! Viens me voir, et viens nous dire qui est cette fameuse dame mystérieuse que tout le monde déteste tant. Cette odeur que j'ai senti en descendant de la cabane cette nuit-là, je l'ai directement reconnue, à moins que tu ne veuilles que ça soit moi qui leur dévoile à tous.

Tous les yeux sont rivés sur Amanda, elle qui reste immobile, se décide à s'avancer vers moi, elle monte sur la statue et prend la parole.

- Séréna, chers habitants de Pennytown, je l'avoue, je sais qui est cette dame, mais ce n'est pas moi, je vous l'assure.

- Alors comment expliques-tu l'odeur de ton parfum dans la cabane qui nous mènent là où les Pacenum gardent les victimes ?

- Chérie, j'ai bel et bien un lien avec cette dame, et toi aussi...

- Moi ? Comment ça moi ?

- Cette dame, c'est ta mère. »

Silence de mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant