Chapitre 3 - Profondes pensées

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Ce n'est pas comme si c'était la première fois que ça arrivait, ces terroristes nous obligent à dépenser des points pour acheter des médicaments qui sont censés nous soigner, vous imaginez vous ? Des remèdes où vous devez dépenser beaucoup de points pour au final recevoir un médicament similaire au Doliprane ? De toute façon cette ville n'accepte que l'injustice et bannit les bonnes personnes de cette terre. C'était un nouveau qui avait intégré le lycée il y avait moins de deux mois de cela et n'était pas à l'aise dans cet établissement à l'abandon, normal quil ne se sentait pas bien. Leur camion ressemblait à des kalachnikovs, d'une couleur vert kaki, comme les militaires vous savez, les gens de l'armée. Je ne m'y connais pas beaucoup en fin de compte alors je prends des précautions pour ne pas me faire tuer, j'essaye d'être en pleine forme, de retenir le moindre son sortant de ma bouche parce que cette ville est surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, comme certains fast-foods. Difficile de penser à tout ça quand nos pensées sont remplies à ras bord. Qui sait ce qui va arriver au nouveau, d'ailleurs il s'appelle Harley.

Taylor m'a interrompu dans mes pensées pour me « dire », si le terme est exact, que c'était la pause et devinez quoi, il m'a invité à boire un chocolat chaud à la cafétéria du lycée. C'est mon endroit préféré et personne n'y va parce que les dames de services ont démissionné pour travailler chez les Pacenum, allez-vous imaginer ce qu'ils font dans leur lieu de décapitation, d'extermination, tout ce que vous voulez, mais ça doit être la torture. On s'est dirigé vers la cafétéria, on s'est servi chacun un chocolat chaud et j'ai appris qu'il le faisait chauffer à cents soixante-sept Fahrenheit. Il y avait les ingrédients nécessaires pour qu'il fasse un chocolat chaud parfait : il a rapidement fait chauffer son lait sans le faire bouillir, puis il a rajouté de la poudre de cacao et a fini par touiller la tasse le plus légèrement possible pour libérer tous les arômes de la préparation. C'est un vrai barriste servant le meilleur des chocolats chauds à ses clients. On est seuls à la cafétéria, lui qui est plutôt doué en langue des signes, n'a pas arrêté de me « parler » et je ne répondais que par de courtes réponses du genre « oui », « c'est amusant » et j'en passe.

L'heure était venue de quitter notre lieu de tranquillité, l'heure était venue de reprendre la langue des signes avec un professeur qui est aussi agaçant qu'une personne âgée à la retraite, l'heure était venue de mourir, pas littéralement bien sûr. Au moment de nous diriger vers notre salle de cours, on a été interrompus par les Pacenum, pourtant on n'a rien fait, on est seulement parti à la cafétéria pour nous désaltérer. Ils étaient trois à nous demander si nous avions des informations au sujet de Harley, c'est vrai que je l'avais oublié celui-là, c'est cruel de ma part quand même. Comme je l'ai dit, Harley est arrivé dans notre lycée il y a moins de deux mois de cela et on le connaissait à peine. C'était ce genre de garçon plutôt réservé vous voyez, qui reste dans son coin et qui ne cherche pas à avoir d'amis, quelqu'un de solitaire si on peut dire ça comme ça. Tout ce que je savais de lui c'est qu'il vivait avec son oncle, juste en face de ma maison, et qu'il traînait un peu dans le quartier avant de rentrer chez lui. D'après ce que je voyais par la fenêtre, il avait la silhouette du père Noël, un homme imposant, poilu de la tête au pied. A son arrivé au lycée, je l'ai directement aperçu pour pouvoir lui faire visiter le lycée et qu'il se sente comme dans son ancien lycée. Il n'avait jamais intégré de lycée comme le nôtre, d'ailleurs je n'ai aucune information concernant son ancienne ville, sa vie, son passé, ses activités, ce qu'il aimait, ce qu'il n'aimait pas. Les Pacenum voulaient savoir avec qui vivait-il, ses heures de sortie, ce quil faisait après les cours, et comme je voulais lui faire éviter la catastrophe, j'ai menti. Heureusement qu'ils n'ont pas installé de détecteurs de mensonges, j'aurais été tué sur place.

Avec tout le boucan qu'il y a eu au lycée, je ne sais quoi penser d'eux et de ce projet. Je ne pense pas être la seule à ne pas apprécier cette idée, mais on y perd notre vie si l'on s'y oppose. Les huit heures de cours sont passées vite et je n'ai tellement pas envie de rentrer chez moi et voir Amanda. C'est dommage que Taylor habite de l'autre côté de la rue qui sépare mon appart et sa maison tout en passant par le lycée. En rentrant chez moi j'ai aperçu l'oncle de Harley m'observer puis il est sorti de chez lui. D'un geste de salut il me dit « bonjour », je lui ai rendu le même salut. La langue des signes, je l'ai apprise avant même que le projet HUSH ne s'installe et je vous avoue que j'ai eu le privilège d'enseigner à quelques personnes la langue des signes, ce qui m'a fait gagner des points. Actuellement j'en suis presque à mille cinq cents et il m'en reste encore plus de trois mille avant d'atteindre le camp des « riches » si on peut dire ça comme ça.

« Harley Montgomery, âgé de seize ans, s'est fait arrêter par les Pacenum pour cause de maladie non identifiable. Des chercheurs essaient de trouver quel est ce symptôme mais il semblerait que, malgré la mise en place du projet HUSH, des secrets sont encore gardés et des rumeurs courent de plus en plus sur des personnes que l'on pensait connaître. Était-ce le cas de ce jeune garçon ? Ces agents sont-ils réellement venus dans le but de l'exterminer ? Des questions se posent encore. » PennyTimes, journal datant du 14 novembre 2015.

Silence de mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant