Pluie

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Point de vue d'Elle

Je me trouvais dans la cuisine de mon enfance. J'étais cachée dans un placard, sous l'évier. J'étais terrifiée. Je serrais fort mon doudou contre moi. Il ne fallait pas qu'il me trouve. La dernière fois, je ne m'étais pas assez bien cachée. Il m'avait trouvée. Trop facilement. Et il me l'avait fait regretter amèrement. J'avais des marques sur tout mon corps, des bleus formant des formes artistiques sur mes jambes, tirant sur le violet sur mes bras. 

Il tourna les clés dans la serrure de la porte, la fit coulisser et entra dans la maison. Ses pas lourds résonnaient dans toute la maison. Il posa ses affaires violemment, et cria.

-Elle! Viens là!! Il rajouta. J'ai quelque chose à te montrer qui te devrait te plaire.

Jeune fille naïve, j'oubliai un instant ce qu'il était. J'oubliai la raison pour laquelle je me cachais chaque soir, à sa venue. Je croyais toujours possible qu'il puisse changer. J'avais toujours une once d'espoir que mon père redevienne la personne qu'il était avant. 

Un papa aimant, qui s'occupait de sa famille du mieux qu'il pouvait. Pas cet espèce de monstre qui lui avait laissé place depuis que Maman était partie. Je le reconnaissais de moins en moins, chaque jour qui passait me faisait oublier qui il était au départ. Aujourd'hui , il n'était plus qu'un monstre n'éprouvant plus que de la rancœur et de la vengeance.

Je sortis de ma cachette et couru vers lui, m'attendant à retrouver mon père que j'aimais tant. Je me pétrifiai lorsque je croisai son regard. Il avait dans sa main, une sorte de... Je ne savais pas ce que c'était, j'étais trop petite pour le savoir. Quelque-chose qui allait me faire mal.  Très mal.

Apeurée, je fis quelques pas en arrière. Son aura s'était transformée. Il me faisait sentir plus bas que terre. Je lâchai mon doudou. Il s'approcha à pas de loup de ma petite personne. Il m'empoigna par les épaules et caressa son nouveau jouet. Il me souffla avec un sourire carnassiercarnassier:

-Ne t'inquiète pas, on va bien s'amuser.  Et il partit d'un rire machiavélique.

Je me réveillai en sursaut. Je passai une main sur mon front, j'étais trempée de sueur. Je soufflai, ces cauchemars étaient vraiment horribles.  Je me sentais mal. Ces souvenirs étaient tellement douloureux. Mon souffle s'accéléra et j'étais proche de la crise de panique.

 Lorsque j'entendis soudainement quelque chose tomber à coté de ma fenêtre. Cela me fit retrouver mes esprits. Je tournai mon regard vers l'origine du bruit. Ma fenêtre était ouverte, les rideaux voletaient à cause du vents qui s'engouffrait dans ma chambre. Un courant d'air froid me fit frissonner. Je me levai de mon lit pour aller refermer la fenêtre. 

Bizarre, je ne me rappelais pas l'avoir ouverte en allant me coucher. Je passai une main sur ma figure. J'avais dû halluciner. Encore une fois. Je ramassai aussi mon petit cadre photo qui était tomber de ma commode. Je soufflai dessus pour enlever la poussière qui se trouver sur le cadre. C'était une photo de ma mère, souriante et de mon petit frère, riant aux éclats. Je me trouvais à droite de la photo et j'entourais mon frère et ma mère de mes bras. Je souriais en me rappelant ce doux souvenir. Je reposai le cadre sur ma commode.  

Tout d'un coup j'entendis un bruit au niveau de ma fenêtre, je me précipitai vers elle, l'ouvris et passa ma tête à travers. J'observai les alentours, mais je n'aperçus rien, pas même un chat qui traversait la rue. Je refermai la fenêtre et soufflai. Tant me pis, disais -je.  Je me préparai pour ensuite aller en cours. J'étais en retard pour ne pas changer. Ma mère me sermonna:

ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant