Gregory Lestrade était seul. Il s'en rendit compte un soir, comme ça, d'un coup.Oh, bien sûr, il avait des amis. Mais pas tant que ça, et depuis son divorce, beaucoup de ses «amis» avaient disparu. Et tous ceux avec qui il travaillait n'était pas toujours sympathique. Anderson, Donovan... Bons agents mais mauvais collègues. Surtout quand le sujet était Sherlock Holmes.
Greg était seul. Face à cette désagréable pensée, il avait plusieurs solutions pour se changer les idées : s'abrutir de travail, se plaindre intérieurement de Sherlock ou bien... rêvasser sur son amant.
La première option était impossible à réaliser, il n'avait pas apporté de paperasses chez lui. Et pourtant il sortait d'une grosse enquête, il avait plein de papiers à remplir et de rapport à faire, mais on ne prévoit pas un coup de solitude comme ça. Surtout qu'il avait par hasard croisé Mycroft à Scotland Yard, ce qui l'avait fait partir du boulot en sifflotant d'allégresse.
Non, on ne prévoit pas un coup de solitude.Deuxième option. Se plaindre de Sherlock. Mais dans la dernière enquête que celui-ci avait résolu avec la police, le détective avait fait preuve de plus de tact, et été moins lunatique, moins orgueilleux. Il devenait presque agréable de travailler avec lui. Presque, n'exagérons rien. Tout ça, c'était grâce à John. Il avait énormément changé le génie de la déduction. Et sa gentillesse et son empathie facilitait bien des choses.
Greg sourit. Ils étaient adorables tout les deux... Greg sourit encore en pensant que ses deux collègues croyaient qu'il ne savait pas pour leur couple. Hé hé... Il n'était pas inspecteur pour rien ! Et puis ça lui paraissait évident, ils étaient si bien assortis !
Le tour du sujet étant fait, Gregory n'avait plus qu'un recours pour ne pas tomber dans une profonde déprime. Mais ce dernier recours était le plus délicieux. Penser à Mycroft était son antidépresseur préféré...
Il se remémora sa première rencontre avec l'homme le plus puissant du pays. Il avait tout de suite compris qu'il avait intérêt à accepter de veiller sur Sherlock. Plus tard, Mycroft lui avait dit qu'il avait été le seul à ne pas dire « qu'il ne voulait pas jouer à la nounou ».
Accepter de « jouer à la nounou » avait été une des meilleures décisions de Greg. La deuxième étant d'avoir suivi Mycroft quand il lui avait fait des avances.Aucuns regrets. Pas comme pour la plupart des décisions qui concernait sa vie privée.
Cette pensée maussade fût heureusement stoppée par un petit « cling », annonçant un SMS :
« Je suis seul... »
Soit Mycroft avait un sixième sens, soit il lisait dans ses pensées.
Cet homme était fabuleux. Greg en était amoureux, il n'avait aucun problème pour l'admettre.
Mais il avait vite compris que Mycroft n'aimait pas les sentiments. Alors il essayait de faire comme si il ne ressentait rien lui non plus. Il avait déjà de la chance de côtoyer celui qu'il aimait et de coucher avec lui, ça lui suffisait.
En fait non. Ça ne lui suffisait pas. Mais c'était mieux que rien.Il avait écrit « J'arrive ». Et le coup était parti tout seul.
Il avait mis un emoji. Un emoji cœur. Son doigt avait eu une vie séparée quelques instants. Peut-être avec l'aide de son inconscient.
Qu'est-ce que Mycroft allait penser ? Sans doute la vérité : Gregory était amoureux, amoureux au point que son inconscient et son pouce envoyaient des emojis cœur.
Est-ce que Mycroft voudrait encore fréquenter quelqu'un qui était amoureux de lui ?En proie à l'incertitude, il fit défiler leurs conversations, dans l'espoir de se trouver une réponse. Il n'en trouva pas, chacun de leurs échanges étant des plus froids et impersonnels. Cependant une chose le frappa : quand Mycroft lui demandait de venir, il écrivait toujours des phrases comme « Tu peux venir ? » ou « Ce soir, on peut se voir. ». Jamais un « Je suis seul... » suggestif et, si l'on enlevait deux points, mélancolique. Pris d'une intuition subite, il écrivit :
« Tout va bien ? »
« Bien sûr. Tout va bien. »
Il avait répondu au quart de tour. Celui qui fréquentait deux Holmes en déduisît que non seulement il était concentré sur cette conversation, mais qu'en plus le sujet était sensible.
Il sourit en se disant que Sherlock l'avait conditionné à faire des déductions sur tout et n'importe quoi. Il s'en faisait sans doute pour rien.
Il garda son sourire durant tout le trajet; sa déprime s'était envolé, et tout allait bien, car il allait voir Mycroft ! Il se mit même à fredonner gaiment. Ce mec, c'était sa drogue !
Devant la porte, en faisant le code secret d'entrée et en tournant la clé que lui avait donné Mycroft (il ne lésinait pas sur la sécurité), il tenta de paraître un peu moins joyeux de le voir, mais ce n'était pas facile. Il respira un grand coup. Et appuya sur le bouton de la sonnette.
« DRRRIIIING !!!!!!!!! »
// Voilà c'était la deuxième partie, j'espère que vous êtes pas trop frustrés qu'il n'y ai toujours pas eu d'action, moi à votre place j'aurais la haine totale ! 😆😅😅 Promis la prochaine partie sera plus mouvementée 😘//