chapitre 7

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PDV Elena

Les mains moites, j'attrape la lettre. Je ne devrais pas la lire, je le sais. Mais en même temps, la laisser là, à ma vue... C'est beaucoup trop tentant.
Je commence à lire en ressentant beaucoup de curiosité et de culpabilité.

" J'ai fais mon choix. J'ai retourné des milliers de solutions dans ma tête et c'est la mieux pour nous tous.
J'ai eu un enfant avec mon meilleur ami, j'ai eu un enfant avec mon meilleur ami...
J'ai beau me répéter cette phrase en boucle, ça me paraît toujours aussi irréaliste.
Emilie n'est pas une erreur, elle a le droit d'exister, elle était juste inattendu.
Ce qu'on a fait ce soir était inconscient. Même sous l'effet de l'alcool ce n'est pas justifiable.
Mais c'est fait. Et Emilie est ici parmi nous aujourd'hui.
Deux solutions s'opposait à moi :
On aurait vécu ensemble, en laissant notre amitié derrière nous, pour élever notre fille.
Je sais que malgré la surprise de cette arrivée, tu n'as jamais paru aussi joyeux et émerveillé devant ce petit être. C'est pour cela que je choisis la deuxième option :
Tu élèves Emilie avec Laure, celle que tu aimes réellement, et je... Je décide de ne plus revoir notre fille et de partir vivre avec Thomas.
On a tous les deux eu beaucoup de mal à réaliser ce qui se passait, mais après avoir longuement réfléchie, c'est ce que je choisis.
Tu as le droit de m'en vouloir mais j'espère qu'une toute petit partie de toi comprendra.
Je vous aimes,
Kate"

J'avale difficilement ma salive en déposant la lettre sur la table.
J'ai soudainement très chaud, et ma respiration ne fait  qu'accélérer.
Cette lettre était destinée à quelqu'un, à un homme. Autre que mon père. Si c'est ma mère qui l'a écrite, pourquoi elle ne l'a pas envoyé ? En résumé,
ma mère a eu un enfant avec quelqu'un d'autre mais elle ne m'en a jamais parlé. J'ai une demi-soeur que je ne connais même pas. Et son père était le meilleur ami de ma mère. Je n'arrive plus à aligner mes pensées correctement.
J'ai eu beaucoup trop d'émotions d'un coup en une soirée. Je finis mon verre d'eau en une gorgée.
La colère monte en moi. Pourquoi me cacher tout ça ?!
Je prend mon sweat bleu marine qui traîne sur le porte-manteau à l'entrée depuis hier, et sors dans le jardin. L'air frais envahit mes poumons et je respire profondément.
Mes pensées dérivent vers Mathias. Son sourire, ses cheveux toujours ébouriffés et ses fossettes au creux de ses joues.
Puis, j'imagine le regard concentré de ma mère pour écrire cette lettre, il y a quelques années. Je ne sais pas si je peux comprendre son choix.
L'homme qu'elle aimait était, je crois, mon père et si elle serait restée avec ...
Je ne sais même pas qui.
Et ben je ne serais pas ici.
Je soupire. Mon cerveau va exploser avec autant de pensées d'un coup. Je pars m'assoir sur le hamac, et me balance doucement.
Est-ce que je dois le dire à ma mère que j'ai lu ça ?
Elle pourrait s'énerver, ou bien ne rien dire. Je sais pas. Je ne sais plus rien. Une larme coule sur ma joue sans que je sache vraiment pourquoi. Maman nous a menti à tous. Elle n'avait sûrement pas le choix mais ce n'est pas agréable à savoir. Un peu comme si elle avait une double vie quelque part, mais qu'elle l'avait mis sur pause.
Ou elle a peut être juste oublié de la démarrer. Dans tous les cas, je ne sais pas si je me sens prête à lui parler de tout ça.
Le vent souffle de plus en plus fort et je décide de retourner à l'intérieur. J'espère que la nuit me portera conseil parce que là, j'en ai vraiment besoin.
Je monte les marches sans m'arrêter et saute sur mon lit sans enlever mon sweat, malgré la lourde chaleur de la pièce.
Quand j'ouvre les yeux le lendemain matin, il est 9h00.
Je voudrais dormir éternellement.
Mais impossible de retrouver le sommeil.
Je me lève en trébuchant sur ma charge de téléphone et descend dans la cuisine en baillant. J'apercois mon reflet dans le miroir posé sur une commode.
Mes cheveux châtains sont emmélés et partent dans tous les sens, et des cernes sont biens visibles sous mes yeux bouffis par le sommeil. J'attache mes cheveux en chignon et jette un regard vers la table. Il n'y a plus aucune trace de la lettre. Signe que ma mère est déjà levée, et ça me rappelle que je n'ai aucune envie de l'affronter. Mais j'aperçois un post-it rose inabituel sur le frigo.

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