La Guilde des Assassins

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Dans la ville d'Orpale, qui bordait le château du même nom, deux figures se profilaient dans la lumière pâle de la lune. Leurs longs manteaux glissaient le long de leurs jambes.

« Combien en reste-t-il ? demanda la première voix.

- Deux. » répondit la deuxième.

Puis les deux ombres disparurent aussi vite qu'elle étaient arrivées.

Aurore arriva au parc. La nuit était calme ce soir - si l'on omettait le fait que plusieurs meurtres venaient de se dérouler depuis trois jours.

Une douleur la foudroyait à chaque fois qu'elle posait son pied gauche au sol. Mais elle n'arrêtait pas pour autant d'avancer. Claudiquant tant bien que mal vers sa destination ; un banc de pierre blanches qui se trouvait en plein centre du parc.

Quand enfin elle pu s'y poser, son corps tout entier la remercia. Elle se risqua même à fermer les yeux une petite seconde, avant de les ouvrir tout aussi vite. Elle sentait bien que si elle tentait cette folie une seconde fois, elle ne se sentirait plus capable de se réveiller. Elle espérait de tout son cœur que cette nuit fût la dernière. Elle ne savait pas combien d'autres participants étaient encore en vie, mais elle ne rêvait plus que d'une chose, c'était de dormir.

Minuscule comparée au banc, elle pu s'y allonger toute entière. En ouvrant bien ses oreilles, elle pouvait entendre venir n'importe qui dans un rayon de cent pas. Peut-être un peu moins s'il s'agissait d'un autre assassin. Mais peu lui importait. Elle voulait se faire remarquer.

Alors qu'elle somnolait, elle se rendit compte qu'une personne se détachait du décors et approchait en face d'elle. Au vu de la silhouette, elle devina sans peine qu'il s'agissait d'un enfant. Et puisqu'il venait d'entrer par la grille principale, elle en déduisit qu'il devait lui aussi en avoir marre de cette épreuve.

Aurore se redressa pour faire face dignement à son adversaire. Quand les deux enfants ne furent qu'à quelques pas de distance l'un de l'autre, ils purent se découvrir chacun. Et la surprise se lut dans leurs yeux.

Elles étaient deux filles. Aurore avait pensé - bêtement - qu'elle était la seule figure féminine dans cette épreuve. Mais apparemment elle se trompait. Et en voyant la tête que faisait son homologue, elle devait avoir pensé la même chose.

« Bonsoir, salua Aurore en articulant exagérément pour dissimuler son étonnement.

- Tu es la dernière ?

- Je ne sais pas...

- Combien tu en as tués ? interrogea l'inconnue comme si elle venait de lui demander quel temps faisait-il.

- Trois.

- Moi cinq. »

La réponse leur apparue. Il ne restait plus qu'elles.

Mais Aurore ne sentait pas la même force l'animer cette fois-ci. Elle n'avait plus cette envie dévastatrice qu'elle avait sentie lors de chacun de ses précédents combats. A cet instant, aucune montée d'adrénaline, et sa respiration resta calme et posée.

« Comment tu t'appelles ? 

- Aliénor.

- Aurore. »

La fatigue s'était emparée de tout son corps. Mais étrangement, elle ne voulait tout de même pas perdre ce dernier combat. La victoire était si proche que ce serait idiot de ne pas la saisir.

Aurore attrapa son arme qu'elle avait négligemment déposé au pied du banc, sans que l'autre fille ne l'en empêche. Voulait-elle avoir un combat honorable ?

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