Les Trois Clefs

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La nouvelle de l'assassin fit le tour du château dans l'heure qui suivit la découverte du corps. Geoffrey était un émissaire de la province de Racène, et il semblait avoir agit seul. Les gardes continuaient d'interroger les invités qui auraient eu un contact avec lui, mais d'après les premiers résultats de l'enquête, Geoffrey était resté seul depuis son arrivée, et rien ne semblait mettre en lumière la raison de son action.

Dans un sous-sol sans fenêtres, à peine éclairé par la flemme d'une bougie, un homme seul attendait en silence. Sa respiration était calme malgré la tempête qui résidait dans sa tête. Son rendez-vous ne l'enchantait pas vraiment, mais avec les récents événements, il n'avait plus le choix.

« Vous êtes enfin là, s'exclama-t-il en s'adressant aux ombres devant lui.

– Comme à chaque fois que vous me demandez, monseigneur. »

La voix qui lui avait répondu était celle d'une femme. Celui qui était en avance s'avança vers l'une des colonnes qui soutenait l'immense voûte de cet endroit.

« Même si j'aurais préféré ne plus entendre parler de vous, savoir que vous êtes en vie me rassure.

– Ne faites pas semblant de vous intéresser à mon cas, s'il vous plaît, nous savons tous les deux que je ne suis qu'une goutte insignifiante parmi tous ceux que vous avez à votre disposition.

– Pourtant depuis que vous êtes entrée à mon service, je pensais que vous aviez compris l'intérêt que je place en vous.

– Un intérêt purement stratégique, Haymeth. Purement stratégique.

– Vous connaissez votre métier, ma chère » acquiesça l'homme en tournant complètement sa tête vers la silhouette féminine encore cachée dans la pénombre. Et comme elle allait s'avancer vers lui, il leva un doigt :

« Vos... petits jouets, ne sont toujours pas admis lorsque je suis à votre portée. »

L'inconnue émit un petit rire et le Maître Mage l'entendit faire tomber à ses pieds les dagues qu'elle devait porter sur elle.

« Je sais que c'est une erreur de faire appel à vos services, mais les conditions sont telles que...

– Arrêtez de vous justifier, vous êtes si pathétique ! Tout royaume qui se respecte à besoin d'un assassin, et vous savez que je suis la meilleure.

– La meilleure, certainement, mais ne pensez pas un instant que j'hésiterais à vous supprimer pour le bien du Royaume ! »

Un mouvement rapide, un bruit de pas et un froissement de tissu plus tard, Haymeth se retrouvait plaqué contre le mur le plus proche. Le serrant plus fortement contre les pierres froides, l'assassin lui montrait enfin son visage.

« Vous pensez que je vais vous croire ? Si vous avez fait appel à moi, c'est que vos conditions doivent s'apparenter à une poudrière et que vous avez besoin de la jouer en finesse. Votre éducation a bien porté ses fruits, et si vous avez peur d'utiliser vos atouts, c'est que vous n'êtes pas fait pour la politique ! »

La lueur vacillante de la bougie rendait ses yeux vibrant d'une colère que le mage n'avait pas anticipé. Cette créature qu'il avait créée ne lui inspirait que du dégoût, mais il s'adonnait à cette tâche pour le bien du royaume.

Il ne tenta même pas de se débattre. Et l'assassin sentit que malgré les apparences, ce n'était pas elle qui était en position de force.

« Ne posez plus jamais vos mains sur moi, souffla-t-il dans une rage à peine contenue. N'oubliez jamais qui vous a donné la vie. Ou plutôt, qui la détient en ce moment. »

Le Nouveau MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant