A mes soirs d'insomnies

Hiver

Il fait froid, brumeux et c'est bruyant, nous sommes le 24 décembre.

Je décide tout de même de sortir, rien que pour dire que même si je fête pas l'anniv' du p'tit Jésus je fête ma vie.

Je suis pas de ceux qui mange du foie gras la veille de Noël, d'ailleurs vous fêtez quand Noël le 24 ou le 25, je sais jamais.

C'est nul y a l'euphorie des gamins parcourant les rues et les adultes gris et mornes.

Je suis gris et morne.

Je critique tout le temps.

Je suis entre les deux.

Ni prêt à mourir, ni prêt à être euphorique.

Je crois que t'as un stade où tu te sens un peu bizarre dans ton corps... pas toi? 

ça ne t'arrive réellement jamais?

 Bref on est le 24, je fête pas Noël mais je suis dans ces rues couvertes par ce duvet blanc. 

J'aime bien cette période, tout comme je la haïs.

J'ai les mains bleues, c'est beau.

J'ai les mêmes que mon amoureux. 

C'est qui mon amoureux? c'est celui qui dit "Moi, je buvais, crispé, comme un extravagant"... Avez-vous reconnu? Baudelaire? Monsieur Baudelaire attention.

Je crois que si j'avais vécu à son époque, ou si j'avais été nécrophile je l'aurais demandé en mariage, je suis sur que le spleen de Paris aurait été moins présent, parce que j'aurais été là lorsque le blizzard le prenait. 

Oubliez cette histoire de nécrophilie, c'est chelou.

Bref, je vis cet amour platonique.

Il paraît que si tu restes trop au froid tu peux en crever.

C'est vrai?

Moi j'aime bien, je me sens comme Jack Frost dans les 5 légendes.

Vous l'avez vu? 

Dedans y'a le marchand de sable, je l'aime trop, lui aussi je pourrais lui mettre la bague au doigt.

J'aime bien l'hiver. 

C'est formidable.