un cœur en chœur avec la valse de Brel

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Minuit et trente six minutes

Sans boire ni fumer.

Rien que Brel.

1000 battements, je vous aime.

Aux premiers temps de la valse, un battement.

Sous la pluie, mes vêtements collent à ma peau, rien à foutre.

Les rues de Paris se vident, je devrai me protéger moi aussi.

Rienàfoutre.

Je devrai.

Ce n'est pas ce que je fais.

Les trottoirs parisiens sont noirs et les rues sont tristes.

Et puis je vois ce jeune homme aux cheveux noirs corbeaux, son regard dont je n'ai pas accès attise ma curiosité.

Il porte un jean délavé où des inscriptions figurent, un t-shirt noir avec des trous random comme si des mites lui avaient bouffé son t-shirt grâce auquel je peux voir ses omoplates blanches. Il ne court pas se réfugier sous un abri.

Au contraire il reste sous la pluie, et danse, il n'a pas de partenaire mais a les mains cherchant son/sa partenaire, et il chante.

Il chante à s'en casser les cordes vocales, si fort que Paris pourrait en être effrayé.

Du Brel.

Ses jambes filiformes qui tournent et tournent.

Tournent encore plus vite plus sa voix se casse.

Elles tremblent et j'ai l'impression que cet homme porte tout le malheur du monde.

Puis il tombe au sol.

La poésie se casse.

Le soleil revient.

Les gens sortent de leurs abris et il reste assis au sol.

Il est assis les bras ballant, le dos courbé, ses cheveux mi-longs me cache toujours son visage d'ici j'aperçois ses mains tremblantes, ses doigts d'une finesse incroyablement fascinante.

Je m'approche lentement, m'accroupis.

Il sent ma présence et se décale comme s'il avait peur que je lui fasse du mal.

Je l'observe longuement.

Je ne décroche pas de mots.

Mais je siffle l'air de cette valse à la Brel.

Il ne relève pas la tête mais il m'accompagne en murmurant:"aux premiers temps de la valse toute seule tu souris déjà, aux premiers temps de la valse je suis seul et je t'aperçois et paris qui bat la mesure." très lentement à peine audible.

Et puis je croise son regard pour la première fois, pas vide, loin de là, si plein que je ne saurais dire s'il n'était pas finalement vide.

Le plein de vide.

Je me relève pose ma main sur son épaule encore mouillé et lui dit qu'on se reverra forcément.

Et je pars.

Je pars mais je ne sais pas si on se reverra.

Je l'espère.

Sans doute pour lui ce n'était qu'une rencontre anodine.




A mes soirs d'insomniesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant