CHAPITRE 25

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Cela faisait à présent six mois que j'étais à l'hôpital. Nous étions au début de l'automne, les feuilles des arbres prenaient des teintes vives, elles se détachaient de leur branche à des moments, virevoltants avec le vent puis se posant au sol comme des dizaines d'autres avant. L'été fut très dur pour moi, la chaleur était insoutenable, rendant d'autant plus compliquées mes maladies. Shannon et Aaron passaient leurs journées avec moi, il ne se passait pas un jour sans que je ne voie l'un d'eux. J'avais refait quelques crises respiratoires, me provoquant de légers malaises.

Depuis deux mois, les médecins décidèrent de me placer une aide respiratoire définitivement, j'avais un tuyau relié à mes narines me donnant de l'oxygène et facilitant par la même occasion ma respiration. De nombreuses macules et papules étaient apparus sur mon corps au cours de ces derniers mois, j'étais hideux. J'avais maigri aussi, je n'avais plus beaucoup de masse musculaire puisque je ne pratiquais plus de sports, mes bras et mes jambes étaient faibles, je ne pouvais plus rester debout longtemps.

Aaron : Que veux-tu faire aujourd'hui ? J'ai apporté des jeux de cartes et de société, et des films.

Je regardai l'extérieur depuis mon lit, vixant les feuilles mortes, dégringolant avec légèreté.

Gaël : J'aimerai faire un tour en ville. Ça fait si longtemps que je n'ai pas ressenti l'air vrai sur ma peau, le vent balayant mes cheveux et que je n'ai pas vu des paysages autres que ceux de l'hôpital.
Aaron : Je ne suis pas sûr que c'est une bonne idée de te faire sortir...

Je tournai mon visage vers lui, plongeant mon regard dans le sien. Il semblait s'inquiéter. Mais j'allais bientôt mourir, je le sentais, alors je voulais vraiment faire cette balade en dehors de cette chambre. Je sentais la mort arriver, mes forces me quittaient jour après jour et le sablier allait bientôt se vider.

Gaël : Aaron... la mort arrivera un jour. On ne peut pas le nier ou l'oublier. Alors je voudrais vraiment passer du temps avec toi, en dehors de cette bâtisse.
Aaron :...
Gaël : S'il te plaît mon coeur...
Aaron : Très bien, mais si je vois que tu vas mal, je te ramène illico ! Enfin, d'abord, il faut demander l'autorisation aux médecins.

Les médecins avaient accepté à condition que je me couvre bien, que je porte un masque et que je me déplace en fauteuil roulant. Aaron m'aida à m'habiller, je portais un pull gris avec un pantalon bleu marine en plus d'un long manteau noir, il me rajouta un bonnet ainsi que des gants.

Gaël : Tu sais, on est qu'au début de l'automne. Là, je vais faire un malaise à cause de la chaleur.

J'avais ri légèrement en prononçant ces phrases et Aaron accepta de me retirer le bonnet et de changer mes gants d'hivers pour des gants légers. J'étais vraiment impatient d'être dehors ! Le médecin fit une dernière vérification de ma bonbonne d'oxygène, que l'appareil était bien placé et que le fauteuil roulant n'avait aucun problème, puis nous laissa enfin sortir.

Dès que les portes s'ouvrirent, un courant d'air vrai vint s'abattre sur mon front me faisant fermer les yeux par reflex. Les rouvrant petit à petit, les couleurs d'automne m'émerveillèrent, le rouge, le jaune, le marron et l'orange s'accordaient vraiment bien ensemble. Cela me donnait envie de sortir ma palette d'aquarelle et de dessiner tout ce que je voyais sur papier.

On continua notre chemin, en discutant à des moments, puis en faisant le silence à d'autres. Aaron poussait mon fauteuil et prenant gare à chaque caillou ou branches au sol pour ne pas me faire mal. C'était mignon qu'il fasse autant attention. Cependant, mes marques étaient visibles sur mon visage, et les passants aimaient bien me dévisager avec dégoût. Je voulais bien croire que ce n'était pas élégant à voir, mais de là à me lancer des regards noirs... les gens peuvent être vraiment stupides. Le monde dans lequel on vit est désespérant, il est violent et injuste. Mais il a plein de beauté aussi, ma rencontre avec Aaron était l'une des merveilles de ma vie, Aaron est une merveille pour moi. Je l'aimais tant... Je ne voulais pas le quitter. Il m'a accepté sachant que j'étais malade, il a supporté ma maladie à mes côtés faisant son possible pour me réconforter.

J'avais eu énormément de chance de le rencontrer. C'est une personne formidable ! J'espère de tout mon coeur, qu'il avancera et commencera un nouveau chapitre après... il mérite d'être heureux.

"À la couleur de tes yeux..."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant