CHAPITRE 27

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Point de vue d'Aaron :
Je me dirigeai vers l'hôpital, avec un thermos remplis de thé, d'une baguette de pain frai et un bouquet de rose rouge dans les mains. Je brûlais d'impatience de revoir Gaël, après la discussion d'hier, je voulais rester avec lui toute la journée, j'avais prévu de louper mes cours de l'après-midi. Je rentrai, montai au 3e étage et me dirigeai au secrétariat.

Aaron : Bonjour, je suis venu voir Gaël Steeley, chambre 137, est-il réveillé ?
Secrétaire : Vous n'avez pas reçu d'appel ? Mr.Steeley est décédé dans la nuit. Je suis désolée...
Aaron : Pardon ? Ce... C'est une blague c'est ça ? Ce n'est pas vrai..? Hein ?
Secrétaire : Je suis vraiment désolée monsieur.

Non. Ça ne pouvait pas être réel ! Je suis en train de rêver ? Ou alors c'est une blague ? Une blague de très mauvais goût ! Je pris mon portable en main, le déverrouillai et regardai dans ma messagerie pour vérifier si j'avais loupé un appel de l'hôpital.

Aaron : Non... C'est pas vrai...

Je lâchais le pain ainsi que le thermos d'un coup. Mon coeur me serrait, la douleur était immense. Les larmes coulaient à flots sur mes joues, passant sous mon cou et allant s'écraser sur le sol en carrelage. J'avais bien un appel manqué de l'hôpital... alors il était vraiment parti ? Je refusais de le croire ! Ça ne pouvait pas être vrai ! Je courais dans les couloirs du bâtiment, connaissant le chemin par coeur, avec deux médecins me courant après me demandant de m'arrêter. J'ouvris la porte de la chambre 137 et me stoppai net... elle était vide... Gaël n'était pas là. J'ouvris la salle de bain, personne. Les deux pièces avaient déjà été vidées, plus rien sur les étagères et sur la table basse. Je m'écroulais au centre de la chambre mettant mes mains devant ma bouche pour étouffer mes sanglots.

Les médecins posèrent leurs mains sur mes épaules puis me firent me relever et m'emmenèrent à l'accueil. Je ne repris mes esprits que plusieurs minutes plus tard.

Aaron : Avez-vous appelé sa soeur ?
Secrétaire : Nous avons essayé de vous contacter cette nuit. Voulez-vous lui dire vous même, ou voulez-vous que nous le fassions ?
Aaron : Je n'ai pas la force de lui dire...
Secrétaire : Très bien, nous le ferons de suite. Voulez-vous un verre d'eau ?
Aaron : Oui s'il vous plaît.

Elle m'apporta un gobelet rempli d'eau et me tendit le bouquet de fleur ainsi que le thermos et le pain que j'avais fait tomber.

Secrétaire : Je vous rends vos affaires.

Je pris le bouquet de fleur et le regardai intensément, c'était bizarre, à présent, je trouvai qu'elles avaient perdu de leur beauté, je les avais prises car je trouvais qu'elles dégageaient une bonne ambiance, mais elles me semblent vide maintenant. Je n'allais plus jamais le voir. Il avait disparu... Je ressentais un vide énorme dans mon coeur, une grande tristesse me possédait depuis déjà une heure, ou deux... Je ne savais plus. Je ne verrai plus jamais son sourire ou ses splendides yeux bleus, je n'entendrai plus jamais son rire si doux, sa voix qui faisait battre mon coeur ou même sa respiration... il n'avait plus de souffle à présent. Il ne restait plus que son corps, vide de vie. Il ne ressentait plus de douleur c'était vrai, mais il ne ressentait plus rien du tout.

Shannon vint vers moi, les larmes aux yeux, le regard vide. Je me levai et elle se jeta dans mes bras, éclatant en sanglots comme moi précédemment. Je ne retins pas mes larmes non plus... j'aimerais tant le voir une dernière fois, discuter avec lui une dernière fois, passer du temps ensemble une dernière fois, le prendre dans mes bras et l'embrasser une dernière fois.

Nous restâmes environ deux heures à l'hôpital, le temps de finir de remplir des papiers et de récupérer les affaires de Gaël. Nous rentrâmes à la maison, les larmes encore aux yeux. Shannon alla directement dans sa chambre, tandis que j'allai dans la chambre de Gaël, avec son carton de livre et de photo dans les mains. Je commençais à le vider quand je tombai sur une enveloppe avec mon nom dessus cachée entre deux livres. Je l'ouvris, sortis la lettre présente dedans et commençai à la lire.

"Cher Aaron,

Mon coeur, j'aime bien ce surnom, car après tout, tu es la deuxième partie de mon coeur, tu fais parti de moi, de mon âme. Je t'écris cette lettre car je sens que je vais bientôt m'en aller. Je sais que tu me pleureras, et je ne vais pas te dire de ne pas le faire, car pleurer fait du bien, du moins ça libère. Je t'aime à la folie, j'aurai voulu faire ma vie avec toi, adopter un enfant pour fonder une famille, j'aurai bien aimé avoir une fille, je l'aurai appelée Charlie et que tu le veuille ou non, je me serai battu pour que tu acceptes ce prénom ! Bon, on est un peu jeune pour parler de fonder une famille du moins, si tu le voulais bien, mais je me voyais déjà dans le futur, dans notre futur. Malheureusement, ma vie va s'arrêter avant la tienne, beaucoup plus tôt, car ces saletés de maladies m'auront achevé... Je ne me souviens pas de si je te l'avais dit, j'aime beaucoup les roses rouges (ça tu le savais déjà) mais j'aime tout autant les lys, car elles représentent la grandeur, la douceur et la pureté des sentiments, je t'en aurai bien offert si on me laissait sortir pour te montrer la grandeur de mon amour pour toi à travers des fleurs. Mais il est trop tard... Je veillerai sur toi et Shannon depuis là-haut, je vous protégerai. Et même si tu m'oublies, moi je ne t'oublierai jamais. J'espère que tu tourneras la page et que tu avanceras, que tu deviendras un grand professeur aimé de ses élèves, je sais que tu en es capable ! Je vais devoir aller dormir à présent, alors au revoir.

Je t'aime♡.
Gaël"

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Vingt ans ont passé depuis la mort de Gaël. Shannon a coupé tout lien avec ses parents et ne les a plus jamais revu. Elle et Aaron se rendent ensemble à la tombe du défunt tous les 21 novembre depuis ces vingt années, le jour de sa mort et chaque année, Aaron dépose un bouquet de rose rouge pour le jour de l'anniversaire de Gaël et un bouquet de lys le jour de sa mort. Aaron, lui a fini ses études haut la main, il est à présent professeur dans l'école primaire du village dans lequel il vit. Il a adopté une petite fille, qu'il a nommée Charlie en hommage à son amour.

~ Fin ~

"À la couleur de tes yeux..."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant