CHAPITRE 23

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Dans les jours qui suivirent, Gaël passa ses nuits à pleurer les larmes de son corps, moi j'étais à côté, le prenant dans mes bras et en luttant de toutes mes forces pour ne pas pleurer aussi. Shannon dormait difficilement, le matin elle se réveillait avec des cernes sous les yeux, elle n'avait plus sa joie de vivre habituelle. L'ambiance dans la maison était froide, on ne parlait plus beaucoup et la tristesse se faisait ressentir. Au bout d'une semaine, j'emmenai Gaël à l'hôpital où il allait à présent recevoir ses soins et où il allait passer ses nuits.

Sa chambre se trouvait au 3e étages, entourée de dizaines d'autres chambres où seul un couloir blanc les séparait. Ça empestait le désinfectant dans le couloir, mais dans la chambre l'odeur n'était plus trop présente. Dans la petite pièce se trouvait un lit simple, couvert d'un drap aussi blanc que les murs et d'un oreiller de la même couleur. Quelques machines trônaient à côté du lit, tout éteintes pour l'instant. De l'autre côté de la pièce, un siège bleu foncé et une petite table ainsi qu'une petite étagère vide en bois foncé se situaient près de la fenêtre.

Je me tournai vers Gaël, celui-ci semblait avoir les yeux vides. Il regarda la chambre puis alla poser son sac sur la table. Il en sortit quelques livres qu'il mit immédiatement dans l'étagère puis il installa des cadres contenant des photos sur la table. Ses mouvements étaient lents, il paraissait épuisé. Il posa une photo sur la machine la plus près de son lit et s'assit dos à moi. Je fermai la porte, m'approchai de lui et mis ma main sur son épaule, il tremblait. Je pouvais l'entendre renifler.

Point de vue de Gaël :
Depuis que j'avais reçu les résultats de mon test, je me sentais horriblement mal. Et il n'y avait pas que la maladie que me faisait mal, savoir que j'allais bientôt mourir était atroce. Savoir que l'on va disparaître sans avoir pu fonder une famille avec l'être aimé, savoir que l'on va partir en laissant des personnes qui tiennent à nous derrière et savoir que nous allons devoir dire adieu jeune, savoir tout ça blesse beaucoup. Mon coeur était lourd, j'avais peur de mourir, je ne voulais pas quitter Aaron ni Shannon, je voulais continuer de sentir mon coeur battre pendant plusieurs années, je voulais finir ma vie auprès de la personne qui fait battre si vite mon coeur, je voulais dire à mes parents tout le mal qu'ils m'ont fait, je voulais pouvoir continuer de discuter avec mes proches, j'aurai voulu pouvoir continuer de dessiner et pouvoir dire à Aaron à quel point je l'aime. Mais non, j'allais devoir faire des croix dessus... Et à cette pensée, les larmes commencèrent à tomber de plus belle s'écrasant sur mes jambes. Ma respiration devenait difficile et ma vue était trouble.

Je sentis deux bras s'enrouler autour de mes épaules et une force me tira sur le côté pour que je m'allonge. J'étais contre le ventre d'Aaron, celui-ci me caressait les cheveux ce qui avait le don de me calmer.

Aaron : C'est bientôt la fin des heures de visites, il va falloir que je parte mais je reviens demain matin promis.

Il déposa quelques baisers dans mon cou puis se leva en même temps que moi. Je contournai le lit et me mis devant lui. Je le pris dans mes bras, nichant ma tête dans son cou, je ne voulais plus le lâcher. On se détacha au bout quelques minutes et il m'embrassa tendrement avant de me lâcher complètement.

Gaël : Je t'aime... Je veux pas que tu partes.
Aaron : Je t'aime de tout mon coeur et ça me fait mal de devoir te laisser ici, mais je ne peux pas rester. Je reviens demain avec du thé et des croissants, ça te va ?
Gaël : D'accord...
Aaron : Au revoir mon coeur.
Gaël : Au revoir... Je t'aime.
Aaron : Moi aussi.

Il ferma la porte et en attendant qu'une infirmière arrive, j'allai prendre une douche et mis la tenue que l'hôpital avait laisser dans la chambre. Je me mis dans mon lit et une infirmière entra peu de temps après, commença à me brancher aux machines puis me donna mon repas et partit me laissant seul.

Je me sentais horriblement seul... Je pouvais entendre d'autres patients pleurer puis à partir de minuit, plus un bruit, plus de lumière dans la chambre, plus rien, je venais de m'endormir.

"À la couleur de tes yeux..."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant