Il y eut d'autres rencontres au parc et d'autres soirées à partager pour Alan et Mélanie et chacune se terminait de la même manière; elle et lui, dansant, jouant, nettoyant ou somnolant côte à côte, peu importait ; ils étaient ensemble. Les autres soirs, la majorité de leurs compagnons de chambrée travaillaient ou étaient trop fatigués pour sortir ou organiser quoique ce soit. Mais elle et lui trouvaient toujours un moyen de terminer leurs journées ensemble; Mélanie attendait Alan, peu importait le temps qu'il fallait, elle s'armait d'un livre et de patience et l'attendait, Alan se pressait et parfois refusait certaines commandes qu'il aurait accepté en temps normal bien qu'elles eurent passées l'heure de fermeture.
En plus du parc la journée, ils avaient trouvé d'autres lieux de rendez-vous plus ou moins privés qui leur garantissaient un tête-à-tête calme et chaleureux, la terrasse de leur appartement se trouvait être l'un d'eux. La jeune femme appréciait y fumer une cigarette tard dans la soirée, exutoire dont elle avait pris l'habitude à l'étranger. Tard dans les nuits d'été, sur la terrasse encore chaude des rayons de l'après-midi, Alan l'accompagnait toujours un verre de whisky à la main. Étrangement, la cigarette était interminable et la bouteille sans fond. Ils bavardaient de choses et d'autres, le fil de la conversation flottait dans l'air au son de leurs voix s'en mêlant de parfum alcoolisé et de fumée mais surtout de leurs remarques des plus subtiles aux plus idiotes, de leurs plus profonds secrets à leurs plus simples douceurs, sans but, sans fin, et sans jamais se fier au temps.
Mélanie le trouvait réconfortant et chaud et lorsqu'elle avait peur que ses pensées dépassent la limite du juste, de l'approprié, Alan la rassurait très vite et l'encourageait. La jeune femme souriait au simple son de sa voix et riait en bon public à ses moindres mots d'esprit, un peu d'apaisement et de chaleur c'est tout ce dont elle avait besoin. Alan admirait son altruisme constant, sa volonté de tirer le meilleur de chaque chose, de plaire sans tromper et de ravir sans mentir. Il est vrai qu'elle lui paraissait fragile et qu'aux premiers abords il n'aimait pas dominer ne serait-ce qu'une conversation, cela l'avait repoussé mais il s'était ravisé, fragile ne signifiait pas faible. Et il avait découvert une force de constance et de douceur chez Mélanie qui l'attirait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Il la considérait comme un modèle de bienveillance qu'il voulait cacher et s'approprier en secret.
Se l'approprier sans brutalité, sans contrainte avec lenteur et douceur, comme ce qu'elle était à ses yeux, il ne voulait pas la dominer, plutôt, la couvrir, la protéger, et être le seul à la voir ainsi. Et puis la connaître petit à petit révélait sa beauté réelle; l'opposition entre ce qu'elle voulait bien montré au quotidien, sa discrétion sous ses cheveux souvent ébouriffés et sa vraie beauté, ses pensées profondes, ses déductions et remarques qui remettaient tout en place. Le soir, Mélanie révélée, brossait soigneusement ses cheveux aux multiples reflets, faisait tomber sa timidité et se donnait à lui verbalement. La découvrir c'était aussi se découvrir soi-même, il se trouvait un goût pour rassurer, converser, et écouter. Il aimait la faire rire de quelque manière que ce soit, avoir son avis sur tout, Mélanie avait toujours quelque chose à lui dire ou une histoire à raconter qu'il le ferait changer de perspective et peut être d'avis, l'arrogance ne l'étouffait pas, Alan aimait découvrir et évoluer et Mélanie avait le pouvoir de révéler la simplicité dans la complexité.
Les deux jeunes gens s'étaient ainsi mis à tout partager, petit à petit, sans se précipiter, ils se liaient l'un à l'autre éprouvant chacun l'envie d'être avec l'autre, simplement ensemble.
Ensemble, mais à l'abri des regards, ils profitaient du fait que leurs amis étaient bien trop occupés par leurs emplois et activités respectifs pour se préoccuper de leur rapprochement. Tous deux faisaient preuve d'une grande discrétion. Mélanie ne voulait pas de sous-entendus ou de blagues lourdes venant de ses proches bien que cela ne représente finalement qu'une petite gêne, elle voulait préserver ce cocon de paix et de simple tendresse qu'elle avait avec Alan. Lui, ne voulait pas bousculer la jeune femme et souhaitait préserver sa relation d'amitié avec son aîné, Alexis, avec qui il passait quasiment toutes ces journées, il savait parfaitement que cela changerait leurs rapports d'une manière ou d'une autre Et puis, personne n'avait besoin de savoir, alors ils ne confiaient à personne leurs entrevues quotidiennes, leurs sorties et leurs sentiments, et ce contrat sans avoir été dit, était établi, et tous les deux s'y tiendraient.

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A La Lueur Des Autres
General FictionMélanie revient chez elle, le cœur confiant et l'esprit soulagé après plusieurs années d'expatriation. Elle va retrouver ses amis, son petit pays et redécouvrira Alan et l'amour. Mais rien ne dure jamais, et les ombres au tableau s'accumuleront sa...