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A cet instant, tout chez Mélanie s'arrêta, du fil de ses pensées jusqu'au sourire enjoué qui la caractérisait. Elle déglutit difficilement puis perdit tout contact visuel et fixa ses mains, gênée. Ses yeux perdirent leur éclat et laissèrent passer de nombreuses images floues qui la coupèrent des autres pour la ramener aux derniers mois. Elle n'avait pas de réponse, elle ne pensait pas qu'on s'intéresserait à la raison de son retour, le principal étant qu 'elle était revenue, enfin c'est ce qu'elle croyait. Le temps parut terriblement long, tous attendaient qu'elle parlât. Devrait-elle leur dire ?

« Laisse-la, Raph'... Elle n'a pas à se justifier sur quoique ce soit. » intervint Jimmy tentant de retrouver un contact visuel avec sa protégée.

Elle hocha la tête relevée pour le remercier. Lui, avait une petite idée de ce qui avait motivé son retour inattendu et avait deviné qu'elle ne souhaitait pas en parler. Après tout, elle était la plupart du temps, un livre ouvert, mais Raphaël se caractérisait souvent par un manque de délicatesse et de déduction lorsque sa curiosité était piquée. Quant à Jimmy, lors de leurs appels, elle lui cachait peu de choses mais ne se faisait pour autant jamais très précise. Son ami n'avait pas besoin de cela, perspicace il trouvait toujours le moyen de déceler chaque indice et révélait la vérité.

« Mais... J'avais envie de te rendre visite juste une fois. » Raphaël déçu, fit une moue enfantine. Mélanie en rit, comme toujours il lui redonnait son sourire facile.

« Ne t'inquiète pas, on pourra y retourner ensemble un de ces quatre – le visage du jeune homme s'illumina.

- Vraiment ? - elle acquiesça - Quand ?

- Je ne sais pas... - il lui fallait trouver une issue de secours sans que ça paraisse trop évident, alors – Oh mais j'ai oublié de vous dire, mais je vous ai ramené des cadeaux. Pour chacun évidemment ! » Elle se tourna vers l'ensemble de la table.

Sauvée, Mélanie afficha son habituel sourire devant l'excitation des garçons, particulièrement Raphaël. Il frappait dans ses mains ne pouvant contenir sa hâte.

« Comment t'as pu oublié ? Ça s'oublie pas, ça !

- Désolée... - répondit-elle en se grattant la nuque, gênée

- C'est pas grave Mélanie, la réconforta son frère.

- Des cadeaux ? » interrogea Mélodie en haussant un sourcil, l'air incrédule.

C'était la première fois qu'elle parlait depuis leur arrivée, la première fois qu'elle posait son téléphone. Raphaël ayant lâché sa main depuis plus de deux minutes, elle la reprit vivement.

« Oui Mel', des cadeaux d'Argentine » répondit Mélanie doucement. Il y eut un bref silence, la petite amie de son cousin ne semblait pas comprendre. Elle n'hésita pas pourtant :

« Tu étais en Argentine ? - ils se tournèrent tous vers elle, surpris.

- Eh bien, tu sais, chérie, Mélanie était en Argentine depuis tout ce temps. Presque quatre ans, n'est ce pas ? »

Il se tourna vers sa cousine qui confirma en hochant la tête. Raphaël avait parlé d'une voix très douce en caressant la main de Mélodie comme pour apaiser l'air indifférent qu'elle arborait très souvent, trop souvent.

« Oh... Je croyais que tu étais au Canada vu que vous parliez tout le temps de l'Amérique. - répondit-elle à son copain puis elle marqua une courte pause, se tournant vers la principale intéressée – Ça n'aurait pas été un meilleur pays d'ailleurs ? »

Un sourire suffisant se hissa sur ses lèvres, puis elle haussa légèrement les épaules, fière de sa remarque. Chacun se sentait gêné du ton peu cordial qu'elle venait de prendre, exceptée Mélanie qui n'y vit rien de désagréable, seulement un peu d'ignorance. Elle lui expliqua en quelques mots ce qui l'avait motivé à partir à 17 ans et que ayant de la famille là-bas, elle avait pu s'installer et s'intégrer sans trop de problèmes. Elle lui partagea quelques souvenirs et accomplissements, après tout elle avait valider ce qui correspondait à une licence, et lui avoua qu'elle souhaitait enseigner l'espagnol en France et que c'était l'objet de son retour. Elle ponctuait ses paroles de sourires bienveillants espérant en voir de même en face d'elle mais il n'en fût rien. Ses mots teintés de sincérité reflétaient son attachement au pays, à sa culture et à sa langue. Ils touchèrent ses proches dont les yeux s'étaient imprégnés de fierté de voir une si jeune et frêle personne grandir et s'émanciper malgré la distance.

A La Lueur Des AutresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant