Mélanie s'attendait à beaucoup plus de cris, de rage et de pleurs, mais rien n'était advenu ainsi. Les films, livres et séries où les protagonistes hurlent, se frappent et ne cessent de pleurer semblaient bien ridicules face au chagrin pudique que présentait son cousin. Tous ces personnages n'avaient pas l'incroyable retenue qu'il avait gardée et leurs peines ne rivalisaient en rien avec l'abattement qui était le sien car, même s'il ne disait ou ne faisait rien désormais, il étouffait dans le désespoir et la déception.
Ils étaient seuls, assis au milieu du salon, fixant le mur ou l'écran télévisé éteint, le silence et le vide avaient plus de sens que les mots et Mélanie le savait. La scène qui avaient séparés sans doute à jamais Raphaël de Mélodie avait été péniblement lente. Son regard avait percé les deux amants avachis sur son lit d'une froideur glaçante car ils restèrent pétrifiés pendant quelques instants. Puis l'inconnu avait brisé le silence et porté le coup fatal à leur relation, Mélodie avait tenté de le faire taire, puis de parler à Raphaël mais lui, refusa toute approche, il ne lui adressa même pas un regard. Il s'était décalé de la porte et leur demanda d'une voix claire et autoritaire, de sortir.
Mais Mélodie ne l'entendait pas de cette oreille et insista en lui agrippant le bras, en le serrant contre lui et en soufflant son amour, il ne se dégagea pas mais il resta de marbre ; ses larmes comme ses plaintes ne changèrent rien, Raphaël avait pris sa décision et elle était irrévocable. L'inconnu tenta à plusieurs reprises de faire changer d'avis Mélodie mais elle ne l'écoutait pas et parfois même lui criait sa colère ou l'accusait du mal qu'ils avaient pourtant tous les deux fait.
Puis, Raphaël eut le courage ou la force de lui faire face, il planta son regard dans celui de Mélodie, et avec une douceur brisée se délia de son emprise avant de lui redemander de partir. Elle essuya ses yeux et n'accepta pas ses mots, alors il dit ce qu'il n'aurait jamais crû annoncer à cette femme si belle et si aimée :
« Mélodie, c'est fini. Tout est fini, je ne veux plus qu'on soit ensemble, je ne veux plus qu'on se voie, que tu viennes ici ou quoique se soit d'autre. Tu ne seras plus rien pour moi. Va-t-en. Je ne veux plus te voir. »
Raphaël quitta le couloir, ouvrit la porte d'entrée en grand et attendit patiemment qu'elle fit son départ. L'inconnu l'accompagna en la tirant par le bras, Mélodie reniflait sans s'arrêter, ils sortirent et Raphaël sans jamais les regarder, ferma la porte.
Le temps était passé, Mélanie ignorait combien de temps exactement ils étaient restés ainsi mais suffisamment pour que le jour commençât à baisser. La scène se répétait en boucle dans leurs têtes, Raphaël sentait tout son être se brisait lentement mais sûrement au fur et à mesure que les minutes coulaient et pourtant il ne parvenait pas à pleurer, pas encore du moins. Sa cousine était sous le choc, elle n'avait comment réagir et s'était contentée d'observer en silence, les yeux souvent écarquillés et la bouche entrouverte mais toujours pudiquement couverte de sa main. Elle se reprochait son silence alors que son cousin avait apprécié sa discrétion, mais elle ne disait rien, le temps n'était pas à se blâmer mais plutôt à le soutenir. Tout ce qu'elle se répétait c'était qu'elle devait rester avec lui, ne pas bouger, car même dans le silence, il entendrait son soutien.
La nuit vint, et Mélanie se décida à bouger ; elle se leva, alla à la cuisine et revint avec assez de nourriture pour lui faire oublier quelques instants son cœur émietté. Il ne faisait rien, elle dressait, préparait devant lui tout ce qu'il aimait, puis mit à la télé une de ses films préférés, il la regardait en silence, ne perdait pas un seul de ces gestes et la remerciait en un sourire discret. Raphaël ne se sentait pas mieux grâce à toute cette attention mais il savait que sans sa cousine, la situation serait bien pire. Il mangeait en fixant l'écran qui s'animait, il se dépossédait de son corps un peu plus chaque minute et se noyait hors du temps et dans un tourbillon de sentiments contradictoires ; haine, trahison, déception et une âme brisée qui ne demandait que le retour de son amour. Il s'étonnait d'avoir eut autant de courage pour la rejeter, il lui avait menti, il voulait la revoir mais comme il ne s'autoriserait jamais à la refaire il se replongeait inlassablement dans leurs souvenirs encore chauds alors, la déception, la mélancolie et son lot de douleur grimpait pour s'installer durablement.
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A La Lueur Des Autres
Ficção GeralMélanie revient chez elle, le cœur confiant et l'esprit soulagé après plusieurs années d'expatriation. Elle va retrouver ses amis, son petit pays et redécouvrira Alan et l'amour. Mais rien ne dure jamais, et les ombres au tableau s'accumuleront sa...