« Cette jeune fille est vraiment incroyable. Je n'avais jamais vu le café aussi propre, tu vas pouvoir te concentrer plus sur le service maintenant- elle lança un regard tendre à sa fille mais celle-ci lui faisait toujours dos alors elle s'approcha en ajoutant- Au fait, pourquoi Alan est-il venu ? »
Lison tentait en vain d'essuyer les quelques larmes qui avaient coulé. Ce qu'elle venait de voir l'avait dévastée, et les sentiments qui s'entremêlaient en elle étaient d'autant plus puissants qu'ils n'étaient pas nouveaux. Ce rapprochement était donc devenu bien plus que ce qu'elle imaginait, au fond d'elle, Lison espérait que quelque chose se passe entre eux et qu'ils renoncent à se mettre ensemble. Mais non, rien n'était arrivé comme elle le voulait et il avait même fallu qu'elle assiste à cette scène atroce de voir l'homme qu'elle aimait désespéramment embrasser une autre qu'elle dépréciait chaque jour un peu plus.
Mélanie était partout désormais ; dans les paroles de son demi-frère encore plus présentes qu'auparavant, dans celles de sa mère maintenant, toujours à traîner autour d'Alan et du café et même elle y travaillerait. Pourquoi recevait-elle l'attention de tout le monde ? Pourquoi avait-elle ce dont rêvait Lison depuis si longtemps ? De l'affection de son frère à l'amour d'Alan en passant par la reconnaissance de sa mère et l'affection de ses collègues, Mélanie avait tout et Lison ne pouvait se sentir d'avantage dépossédée et désemparée.
Elle ne pouvait cacher son désespoir à sa mère qu très vite la pris dans ses bras sans demander plus d'explications. Alors elle se laissa aller à cette démonstration d'affection pourtant si rare chez cette femme dont les affaires importaient plus que n'importe quoi d'autre. Elles s'assirent toutes deux en silence dans le salon de l'appartement. Les fenêtres étaient grandes ouvertes et la lumière jaunâtres des réverbères se laissaient glisser en traits sur leurs visages.
Dans les bras de sa mère, la jeune femme se sentait un peu rassurée, elle qui depuis quelques jours se perdait dans la déception et le calvaire de l'impuissance. Elle ne savait comment sortir du carcan de la déception amoureuse, elle ne pouvait forcer Alan à l'aimer et ne songeait absolument pas à renoncer à ses sentiments. La tendresse de sa mère était à cet instant la bienvenue et jamais Lison ne s'était sentie si proche d'elle, elle aurait pût à l'instant tout lui dire, tout avouer pour mieux s'en sortir. Elle avait toujours caché son amour pour Alan, que ce soit sa famille ou ses amis, personne n'en savait rien et jusque là, elle s'en était bien sortie. Mais le poids des cachotteries se faisait désormais sentir à l'heure où elle n'entrevoyait aucun échappatoire à son cœur brisé. Et puis pour qu'un secret puisse exister, il faut être deux se rappela-telle.
Sa mère releva le menton de Lison, qui avait chuté pour cacher ses larmes, en un geste lent mais doux et sa fille se demanda bien qui était sa mère car jamais elle n'avait usé autant de soin pour elle. Elles se dévisagèrent quelques instants, Lison clignait des yeux plusieurs fois pour retenir les larmes et ne comprenant pas où tout ceci la mènerait, tandis que sa mère lui montrait des lèvres pressées en un sourire affectueux.
«Tu l'aimes, n'est ce pas ?-les yeux de Lison n'en finirent pas de cligner d'incompréhension, elle regarda à droite puis à gauche comme si quelqu'un pouvait entendre alors qu'elle savait parfaitement être seule avec sa mère, son frère était parti dormir à la colocation.
- Pardon ? Qui...
- Alan, tu l'aimes pas vrai ? Et depuis longtemps...
- Comment... ?
- Les mères savent ce genre de choses...
- Je... - Lison se sentit soulagée de ne pas être passée totalement inaperçue et sourit de gratitude à sa mère – Oui je l'aime, et de tout mon cœur.
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A La Lueur Des Autres
Ficción GeneralMélanie revient chez elle, le cœur confiant et l'esprit soulagé après plusieurs années d'expatriation. Elle va retrouver ses amis, son petit pays et redécouvrira Alan et l'amour. Mais rien ne dure jamais, et les ombres au tableau s'accumuleront sa...