Ma Rédemption [En Pause]

Chapitre 1

On a tous un endroit qui nous sert de refuge.

Un endroit qui nous permet de respirer, de se reposer mentalement ou même physiquement. Un lieu calme dans lequel on se rend dans l'espoir d'oublier une mauvaise journée, ou simplement de se promener, sans se soucier d'autre chose. Mon refuge à moi c'était ce pont. Un pont à poutres surplombant ce fleuve connu de notre ville. J'avais pour habitude de m'y rendre chaque soir. C'était un autre moyen pour décompresser quand les poisons ne suffisaient pas.

J'aimais admirer les lumières de la ville endormie se refléter sur l'eau agitée. Malgré la noirceur des profondeurs, elles parvenaient à donner un côté rassurant à cet étendu d'eau. Semblables aux veilleuses que l'on avait dans nos chambres étant petits, elles nous protégeaient des ombres de la nuit en attendant le lever du soleil qui prendrait leurs places. Mais là n'était pas l'unique raison qui me poussait à me réfugier ici. Ce pont était pour moi, croyez le ou non, une allégorie de ma vie. Le reflet de ma vie qui me permettait de m'y retrouver. Du haut de ce pont, j'avais l'impression de pouvoir tout contrôler. J'étais maître de mon destin. Il suffisait que je saute pour y mettre fin ou que je continue mon chemin pour la poursuivre. Les différentes fissures symbolisaient les cicatrices de mon passé ou, pour les plus importantes, les plaies, encore ouvertes, exposées à la moindre bactérie qui viendrait les infecter davantage. Il m'arrivait de me pencher et de m'imaginer sauter. Imaginer l'eau glaciale m'aspirer vers le fond, aspirant mon âme par la même occasion. Imaginer mes forces me quitter lentement après un combat acharné perdu d'avance. Imaginer l'eau pénétrer dans mon corps, prenant la place de toutes mes peines et ne laissant plus que le néant derrière elle. Imaginer ce que serait la vie sans souffrance, sans remords ni regrets, ni même culpabilité. Mais lorsque je m'apprêtais à sauter, concrétisant mes songes au même moment, je m'arrêtais. Vous vous demandez sûrement pourquoi? Pourquoi m'arrêter si près du but, pourquoi me stopper en étant si proche d'enfin trouver la paix? La réponse est simple: j'étais un lâche.

Je l'ai toujours été et j'en ai toujours eu conscience. J'ai été lâche dans les moments où j'aurais pu et j'aurais dû agir, prendre mon courage à deux mains et foncer. Mais voilà, on ne change pas sa nature. J'étais un lâche, et c'est pourquoi je ne méritais pas de mettre fin à mes souffrances en claquant des doigts, en faisant simplement un pas et en laissant le monde me retirer la vie. Ainsi, je continuais de me rendre sur ce pont, narguant sans le vouloir le fleuve qui souhaitait débarrasser cette Terre d'un être si inutile et pitoyable que moi. Mais je ne pouvais lui donner cette satisfaction, je n'en avais pas le droit. Pas après ce que j'avais fait. Je n'avais pas d'autres choix que de continuer à vivre. Peut-être qu'un jour je trouverais enfin le courage de mettre un terme à tout ça. Ce pont était la passerelle entre moi et mon avenir. Soit je poursuivais mon chemin, soit je plongeais. Il était un élément important dans ma vie, c'était précisément sur celui-ci que tout commença quand j'eus cru que tout était fini.