Chapitre 6

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Aie.
C'est le seul mot que j'arrive à prononcer. Aie. Mes oreilles bourdonnent,mes yeux voient flous et j'ai une atroce migraine. Je suis étalée par terre, dans l'entrée. Peu à peu des images de ce qu'il vient de se passer défilent dans mon esprit.

Je ne comprends plus rien.  Comment ce fait-il que ma peau brûle au soleil ? Je suis devenue une sorte de vampire je crois. Enfin, je ne sais pas. Il y a aussi ces voix. Une particulièrement. C'était comme si elle me possédait, comme si je n'étais plus maître de moi-même. Je suis complètement paumée.
Je me redresse alors mais ma tête se met à tourner brusquement.

Doucement. Vas-y  doucement Julia.

Une longue traînée de sang est visible sur le mur. Il y en a un peu sur le sol aussi, là ou je m'étais évanouie.
Lorsque je parvient enfin à tenir debout, je me dirige vers la cuisine tout en m'appuyant contre le mur. Je fouille quelques tiroirs pour trouver de l'aspirine.

J'avale le comprimé blanc d'un coup sec et fourre ensuite quelques glaçons dans un sac pour les poser sur mon front. Je m'assois un petit moment sur le canapé, le temps que la douleur s'atténue. Je n'ai pas encore vu l'état de ma tête. Avrai dire, je n'ose pas voir les dégâts.

Quand je retire la glace, je remarque qu'il y a du sang sécher dessus. Le froid a arrêté le saignement, dieu merci. La curiosité prends le dessus et je monte dans la salle de bain afin de me rendre compte de l'étendue des dégâts.
C'est terrible... Mes cheveux sont décoiffés et tout collés par le sang sécher sur le dessus de mon crâne. Un grand filet de sang a coulé le long de ma tempe, puis de ma joue et jusque dans mon cou.

Je retire mes vêtements tachés de sang et me faufile dans la cabine de douche. Je frotte le sang collé à ma peau avec acharnement jusqu'à sentir une brûlure. Je savonne férocement mes cheveux et commence à pleurer. Les larmes coulent toutes seules. Depuis quelques jours, je ne contrôle plus mes émotions et pleurs ou m'énerve sans cesse.
Je coupe l'eau et m'enroule dans ma serviette. J'en attrape une autre et m'essuie brièvement le visage avant d'envelopper mes cheveux à l'intérieur.

Seulement vêtue de ma serviette, je sors de la salle debain et rejoins ma chambre.Je me regarde dans mon grand miroir.Maintenant que le sang est nettoyé je devrais voir les vraies blessures que je me suis infligée. Mais rien, je ne vois rien. Pas une seule bosse, pas une seule égratignure. C'est comme s'il ne s'était jamais rien passée. D'ou venait tout ce sang alors ? Perplexe, je m'allonge sur mon lit et fixe le plafond. Je remarque qu'il reste des traces de peinture au plafond et ça me fait sourire. Quand on  avait 10 ans avec Nolan on avait fait un concours de peinture. Il fallait faire le plus beau dessin au plafond tout en sautant sur le lit. Étrange, oui.

Mon enfance me manque, Nolan me manque, nos bêtises, notre  complicité, notre innocence, tout ça me manque terriblement. De nouveau des larmes perlent sur mes joues.

- Merde Julia, ressaisis toi !

Il faut que j'arrête de pleurer sur mon sort et que je comprenne ce qu'il m'est arrivé. Je me lève précipitamment de mon lit douillet et ouvre mon armoire. J'opte pour un skinny blanc et un énorme pull en laine gris.

Afin de savoir si je suis vraiment devenu allergique au soleil, je remonte légèrement le volet électrique de ma fenêtre pour laisser passer un rayon de soleil. J'approche lentement ma main de la petite lueur et lorsque ma chair entre en contact avec la vague nitescence, je suis prise par une douleur ardente. C'est comme si ma peau fondait au simple contact du soleil. Je mords ma lèvre inférieure afin de ne pas crier encore et referme immédiatement le volet.

Je me précipite vers mon petit bureau sur lequel est resté mon ordinateur portable pendant tout ce temps. Après un petit moment d'attente lors du démarrage de celui-ci, je tape sur le moteur de recherche : allergie soudaine au soleil. Je clique sur le premier lien et lis les principaux symptômes d'une allergie au soleil dite lucite. Aucuns des symptômes décrits ne correspond aux miens. Sur ce site ils disent que ce genre d'allergie provoque des plaques rouges de type urticaire et des démangeaisons. Je parcours de nombreux autres sites et tombe toujours sur les mêmes informations. Pourquoi ma peau à moi se dissout au contact du soleil ? Si ce n'est pas une allergie, alors qu'est-ce que c'est ?

Je tape alors dans le moteur de recherche : dissolution de la peau au soleil et attends des résultats plus satisfaisants. Malheureusement, mon ordinateur me sort tout pleins de liens qui n'ont aucun rapport avec mon sujet de recherche.

Impatiente et à bout de nerf, je cogne violemment les touches de mon clavier pour écrire : POURQUOI MA PEAU FOND AU SOLEIL !?

Encore une fois les résultats ne concordent pas avec mes recherches... Je claque sauvagement mon ordinateur et pousse le tas de feuilles empilées à côté dans le vide. Je shoote dans les feuilles au sol et les éparpilles encore plus. J'en ramasse quelques unes et les déchire fougueusement en poussant des hurlements de rage. Je me dirige vers mon lit et arrache les draps. Je les balance partout dans chambre.

Je me stoppe net, haletante et regarde l'état de ma chambre. Je pousse un nouveau grognement et sort en furie. Ma vision est troublée par des larmes de rage formées aux coins de mes yeux. Alors que je descends l'escalier menant au salon, je rate une marche et dégringole jusqu'en bas. Ma tête tape à nouveau et je sombre encore dans une noirceur folle.

***

- Julia ? Julia  Est-ce que tu m'entends ?

- Hmmm... grognais-je

- Ma chérie... Que t'es t-il arrivé ? Parle moi je  t'en supplie...

Entre deux battements de cils, je perçois le visage inquiet de ma mère.

- Où est-ce qu'on est ? Demandais-je perdue.

- Au bas des escaliers mon trésor.. Tu as du glissé, me dit-elle avec une voix douce.

- Je crois bien que oui, dis-je un léger sourire aux lèvres.

Elle me tends une main et m'aide à me relever.

- Aller viens avec moi, tu t'es ouvert le front...

- Encore... murmurais-je

- Tu m'as dit quoi ? Je ne t'ai pas entendu, me  sourit ma mère.

- Oh rien... Je me parlais a moi même.    

- Bien.

Je lance un regard vers le mur de l'entrée. J'ai complètement oublier de le nettoyer. Il ne faut pas que ma mère sache. Je ne sais pas si je doit être rassurée ou paniquée, car il n'y a plus aucune traces sur le mur. Et je ne l'ai pas touché. Et ma mère ne m'en a pas parlé.

- Maman ? Ça fait combien de temps que tu es  rentrée ?

- J'arrive à l'instant.

- Tu es sur ? Tu es rentrée et tu m'as de suite  aperçu. Tu n'as rien fait d'autre avant ?

- Bien sur ! Dès que je t'ai vu je me suis  précipitée vers toi pour vérifier que tu respirais encore. Tu m'as fait une peur bleue.    

- Hum.

-Qu'est ce qu'il s'est passer ?

- Je ne réponds pas et la suis dans la salle de bain

Une fois dans la salle de bain, ma mère sort un coton et l'imbibe d'alcool. Elle l'applique sur mon front, me faisant grimacer de douleur.

- Tu devrais te reposer mon ange, tu n'as vraiment pas l'air dans ton assiette.

- Oui, je vais y aller, maman.

Le regard vide et dépourvu de toute motivation, je me lève pour aller dans ma chambre.

- Je t'apporterai le dîner dans une heure ou deux, me  dit ma mère en me suivant.

Sans faire aucune remarque sur l'état déplorable dans lequel se trouve ma cambre, elle m'embrasse sur le front, elle quitte ma chambre en fermant la porte. Étant maintenant « allergique »au soleil, je décide de sortir discrètement cette nuit. Quand j 'aurai finis de manger, je dirai à ma mère que je veux dormir. Ensuite, je sortirai par la fenêtre.

En attendant, je vérifie le sac que j'avais préparé pour partir ce matin et rajoute ce qu'il manque.

Ca y est maintenant j'ai tout ce dont j'ai besoin : lampe torche, trousse de secours, couteau en cas de danger, des stylos, un bloc note, une... boussole ? À manger et à boire, bien sur.

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Hello, désolé pour le jour de retard, mais voilà déjà le sixième chapitre. J'espère qu'il vous a plu !

MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant