13 ~ Amandine

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Pourquoi j'ai dit ça?
Pour.
Quoi.
J'ai.
Dit.
Ça.
Merde, Amandine!

Elle me cherchait, je le savais, et comme une conne je suis tombée dans son piège. Qu'est-ce qu'elle va croire maintenant? Que je la désire? Et bah elle aura raison. Et ça me fais chier d'être aussi vulnérable face à ça.

Mais c'est pas le moment de penser à tout ça. Le coup d'envoi du match contre les États-Unis est dans une demie-heure, et dire que je suis stressée serait un euphémisme.

J'ai jamais autant stressé de ma vie, même quand j'attendais les résultats du bac. C'est vous dire...

Je suis assise sur un banc du vestiaire, une main posée sur mon ventre qui se tord tellement j'angoisse. Merde, quoi! Ça m'empêche de bien me concentrer.

Le bruit de la porte d'entrée du vestiaire qui claque me fait sursauter. C'est la coach.

" - Bon, les filles! " dit-elle en tapant dans ses mains, ce qui est inutile car toute l'attention est déjà sur elle.

Elle fait ensuite son traditionnel discours sur ce qu'elle veut qu'on fasse, ce qu'elle ne veut pas, ce à quoi il faut faire attention... Comme d'habitude, quoi.

Vingt minutes plus tard, on nous appelle pour nous placer dans le couloir. Les joueuses américaines sont juste à côté de nous. Il va vraiment falloir qu'on se dépasse, mais je sais qu'on peut le faire.

On nous donne enfin le signal: on peut entrer sur le terrain. Les deux équipes se mettent en ligne l'une à côté de l'autre, et les premières notes de l'hymne américain résonnent. Du coin de l'oeil, je vois Rapinoe qui n'a pas la main sur son coeur et qui ne chante pas.

J'admire cette femme, vraiment. Malgré tous ceux qui la critiquent car elle ne chante pas l'hymne alors qu'elle joue pour l'Amérique, elle continue de se battre pour ses idées.

C'est à dire qu'elle est contre Trump, car il incarne pour elle le racisme, le refus d'aide aux migrants, aux personnes en difficulté, sa lutte contre la communauté LGBT dont elle fait partie...

Et elle le montre très clairement. J'admire en général l'équipe américaine, vous avez compris quoi.

À la fin de leur hymne, c'est au tour de la Marseillaise, et je vais ensuite parler avec l'arbitre et Rapinoe, qui est la capitaine américaine de cette rencontre. Quand c'est fait, je me place et le match commence.

Se concentrer.
Donner tout ce qu'on a.
Ne pas avoir de regrets.

Dès la première minute, l'attaque américaine brise notre défense mais heureusement, Sarah était là. Je sais pas combien de fois Corinne nous a répété de faire attention en début de match car elles mettaient un premier but très rapidement à chacun de leurs matchs depuis le début de la compétition. C'est pas passé loin.

À la 5', Rapinoe se place pour tirer un corner. La position du ballon est dangereuse.

On le savait. On le savait, et on s'est fait prendre comme des débutantes.

La capitaine américaine a directement tiré le ballon dans nos cages, et Sarah n'a rien pu faire.

Ça fait cinq minutes que le match a commencé, et on est déjà menées. Putain...

Pas question de se laisser abattre. On se mets à pousser, et à la 12', Eugé fait une tentative, mais c'est loupé. À la 19', je fais aussi une tentative. Elle n'est même pas cadrée.

On rate plusieurs belles occasions, et la mi-temps sonne. Toujours 1 - 0.

Au vestiaire, on se motive un maximum, et on revient sur le terrain "déter pomme de terre", pour citer Eugénie. Un concept comme un autre.

Un amour du ballonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant