Un amour du ballon

8 ~ Eugénie

Je me fais réveiller par quelqu'un qui me secoue l'épaule. Je grogne et me tourne de l'autre côté. Mais cette main continue de me secouer, et je me retourne encore. Et encore une fois, cette main qui s'évertue à me secouer.

J'ouvre enfin les yeux, prête à crier sur la personne qui essaye de me tirer de mon sommeil, mais mon regard tombe sur la tête d'Amandine en gros plan. Elle est vraiment proche, comme à vingt centimètres de mon visage, car je suis tout au bord du lit et qu'elle est accroupie à côté.

" - Allez, debout! "

Je me recule précipitamment, m'éloignant autant que possible avec la position que j'ai. On est beaucoup, beaucoup trop proches pour que je garde mon calme.

" - Bah quoi? J'ai une tête si moche que quand tu me vois t'as peur? "

" - Tout le contraire... " je lâche dans un murmure.

" - Tu disais? " dit Amandine innocemment et en se redressant (elle était toujours accroupie au bord du lit), mais son grand sourire me dit qu'elle a entendu.

" - Que tu étais magnifique. " je lâche, cash, histoire de la prendre au dépourvu.

Et ça marche, puisque je crois que je ne l'ai jamais vue aussi rouge et gênée qu'aujourd'hui. Même quand je l'avais vue uniquement vêtue d'une serviette.

" - Bon, bah merci alors... " elle dit avec hésitation, comme si elle me croyait capable de ne pas dire la vérité.

Elle s'éloigne vers la porte, sous mon regard insistant. Sa réaction dit pour moi beaucoup de choses, et c'est entièrement positif.

" - Il est 11h25. La coach organise une réunion dans cinq minutes dans la salle à manger. Et je pense pas qu'elle apprécierait que tu sois en retard... " dit-elle avec un sourire maléfique tout en ouvrant la porte.

Je manque de m'étouffer.

" - Et c'est que maintenant que tu préviens? Tu plaisantes j'espère? "

" - Je te déconseille de penser ça, un troisième retard ne te sera pas pardonné! "

" - JE VAIS TE TUER! "

Alors que je me lève précipitamment pour me préparer tout en lançant cette "menace", Amandine sort de la pièce. La dernière chose que je vois d'elle, c'est son sourire en coin.

J'enfile rapidement des habits de ville, puisque c'était la tenue de la capitaine, et dévale les escaliers en me peignant les cheveux avec mes mains. Pour le style, on repassera plus tard!

J'arrive dans la salle à manger. Une vingtaine de filles sont déjà présentes, elles sont debout et bavardent par petits groupes. Juste derrière moi, Amandine entre dans la pièce. Puis c'est Corinne qui fait son entrée, mais d'une autre porte située à l'opposé de celle par laquelle je suis entrée. Le silence se fait aussitôt. Je jette un rapide regard d'ensemble, et constate qu'en fait toutes les filles sont là.

" - Tu as fait vite. " me murmure Amandine tout près de l'oreille.

Une multitude de petits frissons parcourent ma nuque à partir de cette zone, et un léger rire de ma capitaine, qui n'a toujours pas bougé, me fait comprendre qu'elle les a vu. Comme ce son de sa part en provoque encore plus, je lui fous une (gentille) tape sur la tête alors qu'elle ricane silencieusement et m'éloigne d'elle de quelques pas pour pouvoir écouter la sélectionneuse sans qu'elle me dérange. Même si ce n'est pas si désagréable.