Un amour du ballon

18 ~ Eugénie

Ma cheville s'est bien remise. J'ai pu faire un entraînement avant la finale, qui est aujourd'hui.

Je viens de me réveiller dans la nuit, il est 5h. J'essaye pendant trente minutes de me rendormir, mais peine perdue: c'est impossible. Je soupire et m'asseoie au bord du lit, constatant qu'on a oublié de fermer les volets de la chambre hier soir.

La lune va bientôt de coucher, et un rayon tombant atterrit sur le visage d'Amandine, qui est tournée vers la fenêtre qui est de son côté.

Elle est si belle...

Je la contemple peut-être dix minutes, avant de me lever pour faire le tour du lit et de m'accroupir de son côté. Je lui caresse la joue et elle soupire dans son sommeil.

J'ai alors un petit sourire, et je me remets debout sans aucune douleur. Les kinés sont vraiment supers ici.

Je vais dans la salle de bain et attrape un verre d'eau. Je le bois entièrement avec d'en remplir un autre, et j'ai alors un sourire maléfique. Je retourne dans la chambre et le renverse sur le visage de ma capitaine.

Puis, directement, je me planque sous le lit. Le temps qu'elle se réveille, elle ne m'a pas vu.

" - Putain Eugén... Bah merde, elle est où? "

Je l'entends se retourner dans le lit, puis s'asseoir.

" - Je vais la tuer... "

Je me retiens de rire, les deux mains sur ma bouche, et l'entends s'enfermer dans la salle de bain. Je ressors en silence d'en dessous du lit, et juste quand je suis redressée, la porte de la salle d'eau s'ouvre à la volée.

" - AH! JE LE SAVAIS! "

Je sursaute et me retourne lentement pour me retrouver nez à nez avec ma copine, qui s'est rapprochée de moi après avoir ouvert la porte.

" - T'es pas très discrète, tu sais? "

" - C'est-à-dire? "

Elle est calme, mais je sais très bien qu'elle va bientôt exploser. Alors je profite du calme avant la tempête.

" - Quand tu te retiens de rire. On dirait un béluga. "

" - T'es en train d'insinuer que je suis un béluga? "

" - Absolument pas, je n'insinue rien du tout. Je le dis clairement. "

J'ouvre grand la bouche, alors qu'elle me fait un petit sourire forcé. Puis elle enlève ses mains de derrière son dos, pour me tartiner la tête de mousse à raser. Il faut savoir qu'ici, la mousse à raser sert uniquement à se tartiner les unes les autres, pas le moins du monde à se raser.

Puis cette enfoirée se barre en courant de la chambre, alors que je la poursuis en essayant tant bien que mal de nettoyer ce qu'elle m'a mis.

Je la poursuis et cette course nous mène dans le jardin. Il fait pas chaud, et je suis en short et tee-shirt, mais j'arrive à l'orée du petit bois où je viens de voir une vague silhouette disparaître. Le temps d'arriver ici, j'ai réussi à me débarrasser de toute la mousse.

" - Amandine? Il faut qu'on rentre. Il fait froid. "

Le silence. Je commence à m'avancer doucement sur le sentier devant moi, et je vois encore cette silhouette floue devant moi qui s'enfonce dans les bois.

" - Putain, fais chier... " je murmure.

Je fais une centaine de mètres, alors que je ne vois quasiment plus rien du tout. J'allais faire demi-tour, quand une main m'attrape le poignet depuis les arbres du bord du chemin, et m'entraîne à quelques pas du sentier.