Un amour du ballon

20 ~ Eugénie

J'ai réussi à faire promettre Amandine.

C'était le plus important.

Même si elle ne comprend pas, même si elle m'en veut. Je la protège, car son bonheur est plus important que le mien.

***

Deux mois sont passés depuis la coupe du monde.

Deux moi à fêter au début, puis à enchaîner les interviews, à profiter de vacances bien méritées, puis à retourner dans nos clubs respectifs.

Pour moi c'était un peu plus simple que certaines filles de l'équipe de se séparer, car à l'OL il y a beaucoup de joueuses de l'équipe de France.

Ce qui n'empêche pas que c'était difficile de dire au revoir à celles qui ne jouent pas avec moi, même si l'équipe de France se réunira de nouveau dans peu de temps.

Concernant Amandine...

Vide. Trou noir.

Rien ne s'est passé entre nous, pas un seul mot, un seul contact, même si les regards ne sont pas rares depuis qu'on a recommencé la nouvelle saison.

J'ai passé mes vacances seule, enfin seule...

Je préfère dire que j'étais seule.

C'est dur de tout cacher à Amandine, de faire comme si de rien n'était, de paraître détendue et joyeuse.

Quelques fois, le temps d'un fou rire, j'oublie tout, et ça me fait un bien fou. Malheureusement, ça revient toujours hanter mes pensées, comme un chat laissant un peu de répit à sa proie avant de continuer à jouer avec.

Le problème avec cette image, c'est qu'à la fin le chat mange la proie.

Le deuxième problème, c'est que c'est vrai.

Ça va finir par me bouffer, je sais qu'il faut que j'en parle, mais ce n'est pas possible.

Il lui ferait du mal sinon. Et je préfère que ça m'en fasse à moi plutôt qu'à elle.

Si je parle de tout ça, c'est parce qu'avec l'Olympique Lyonnais on va partir en Russie, et que toutes les autres filles de l'équipe on fait exprès de se mettre ensemble, pour qu'on se retrouve obligées de se parler dans la chambre qu'on devra partager.

Je comprends qu'elles ne veuillent que notre bien, mais là c'est juste chiant. Je pense être assez grande pour gérer seule ce bien trop grand problème, sans qu'elles ne s'en mêlent.

Et avec elles, pas moyen de discuter. Ce qui fait qu'actuellement, je suis assise sur un lit d'un chambre d'hôtel russe, et que j'attends Amandine qui devrait arriver d'un moment à l'autre.

Je soupire et commence à ranger mes vêtements dans une armoire de la chambre. Alors que j'en suis à peu près à la moitié, la porte de la chambre s'ouvre, et étant dos à la porte, j'entends uniquement des bruits de pas et de roulettes de valise.

La personne qui est entrée s'arrête, elle vient sûrement de m'apercevoir.

" - Hey. "

Surprise qu'Amandine, puisque c'est bien elle, me parle, je ne répond pas tout de suite.

Elle doit prendre ce petit silence comme le signe que je l'ignore, puisqu'elle soupire et continue sa marche jusqu'à son lit.

Je lui réponds alors:

" - Hey. "

Je me suis retournée, et quand je lui réponds, elle se tourne vers moi et on reste les yeux dans les yeux cinq bonnes minutes.