2 ~ Eugénie

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Je me fait réveiller par un rai de lumière qui passe sur mon visage. Non, je rigole, c'est Amandine qui vient de me jeter un verre d'eau sur la figure. Je me redresse aussitôt, encore mal réveillée, et reste quelques instants assise à essayer de réaliser ce que ma coéquipière vient de faire.

Et en plus, la tête que j'ai actuellement semble beaucoup l'amuser si j'en juge par son visage et sa gestuelle: elle s'appuie sur ses cuisses pour ne pas tomber tellement elle rigole.

Putain, son rire...
Merde, Eugénie, ressaisis-toi!

Un plan machiavélique commence à me monter au cerveau.

" - Amandine. Qu'est-ce que tu viens de faire? " dis-je d'un ton beaucoup trop calme.

Mon ton semble l'alerter puisqu'elle se redresse, et quand elle me voit amorcer un geste pour lui sauter dessus, elle cours s'enfermer dans la salle de bain.

" - Merde! " je jure quand elle arrive à s'enfermer avant que je n'ouvre la porte. " Ouvre tout de suite! " criai-je en tambourinant à la porte.

" - Même pas en rêve! "

Je me souviens alors d'un détail. Hier, elle a posé un trousseau de clés sur le bureau. Je l'attrape et regarde les trois clés accrochées dessus. Ça doit être pour la porte, la penderie, et puis la salle de bain.

Silencieusement, je teste les clés sur la porte et la penderie, et bingo: la dernière doit être pour la salle de bain. Toujours sans bruits, j'introduis la clé dans la serrure de la pièce où Amandine est enfermée, et tourne délicatement la clé.

Un sourire à la fois victorieux et machiavélique apparaît sur mon visage quand j'entends le déclic du verrou. J'ouvre la porte d'un coup et découvre Amande en train de se brosser les dents. Oui, elle se lave les dents tranquillement après m'avoir réveillée aussi brutalement.

Quand elle entend la porte s'ouvrir, elle se tourne vers moi en un sursaut, et elle prend une expression horrifiée quand elle voit le sourire que j'ai. Sans lui laisser le temps de réagir, j'attrape mon tube de dentifrice et lui en étale sur le visage.

Hilare, je m'enfuie en courant alors qu'elle crache ce qu'elle a dans la bouche pour se lancer à ma poursuite. Je sors dans le couloir, et avec les souvenirs que j'ai d'hier, j'arrive à retrouver le chemin de la salle à manger sans me perdre.

Toutes les filles sont attablées, certaines ont encore la tête dans le cul. Je ne sais pas quelle heure il est, mais peut-être aux alentours de 10h. Les lendemains de match, on peut se lever à l'heure qu'on veut.

Quand elles me voient débarquer en courant, le visage trempé, la plupart rient et lèvent les yeux au ciel car elles savaient que me mettre dans la même chambre qu'Amandine nous ferait faire un lot de conneries encore plus élevé que d'habitude.

Alors que je me cache sous une table où sont assises six joueuses (c'est une table de six), j'aperçois entre leurs pieds Amandine débarquer, avec encore des traces de dentifrice sur le visage. À sa vue, les filles se retiennent de rire.

" - Vous auriez pas vu Eugé, par hasard? " lance-t-elle a la ronde.

" - Je l'ai vue passer dans le couloir, mais elle a continué tout droit en courant. " répond Sarah (Bouhaddi) qui est une des joueuses sous lesquelles je suis cachée.

" - Ok, merci. "

La belle capit... Eugénie! La capitaine tout court repart, et je sors d'en dessous la table en riant. Je tchèque Sarah en la remerciant de m'avoir couverte, et me sers mon petit dèj avant de m'installer à une table avec d'autres de mes coéquipières.

Un amour du ballonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant