La nuit apaise les maux du corps et du cœur

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Ses petits pieds pleins de vie courent dans les feuilles mortes. Les petits pieds se prennent dans les racines, les bras fins s'écorchent sur les épines des ronces trop hautes, le visage se griffe sur les branches trop basses et le frêle tissu se déchire dans tout ça. Ça saigne un peu mais elle ne le sent presque pas. Le brun du sang coule lentement sur le blanc de sa peau éclairée par la lumière pâle de l'astre nocturne. La nuit est sombre et pleine de terreur. Mais elle n'a pas peur. Elle n'a plus peur. Et la nuit lui paraît désormais plus lumineuse que l'interminable jour. Bien que la nature l'abîme, elle aime y perdre haleine et s'y perdre simplement. Elle retrouvera son chemin quand la lune la quittera. La masse sombre et difforme que construisent les feuillage des arbres au dessus de sa tête cache le spectacle. Finalement sa course s'arrête en même temps que les géants de bois. Son cœur bat fort, ses poumons se gonflent d'air et se vident trop vide, ses lèvres s'assèchent à force de laisser entrer l'oxygène, ses plaies pleurent ainsi que ses yeux, ses cheveux collent à son visage humide de sueur, ses jambes et ses lèvres tremblent, ses joues gèlent sous l'eau salée de ses larmes. Elle se laisse tomber dans l'herbe fraîche. Sa peau à la recherche de caresses réparatrices se glisse entre chaque brin. Et ses yeux recouverts d'un voile humide rencontrent enfin ce qu'ils étaient venus chercher. L'immensité l'envahit, la grandeur du cosmos la submerge, les étoiles pétillent et font briller ses yeux davantage. La profondeur sombre lui coupe le souffle. Son cœur se calme, son corps se détend. Sa poitrine serrée qui pleurait se vide. Le cri coincé dans sa trachée que jamais elle ne peut expulser se dissipe avec la brise. Cette dernière emporte avec elle des feuilles dans une danse nuptiale enchanteresse guidée par la chorale des cigales et des hiboux, maîtres de la nuit. Tout semble surnaturel et pourtant il n'existe rien de plus naturel. Et elle pleure. Le cœur si lourd, la conscience si tourmentée. Mais en cet instant ses yeux se ferment finalement et le silence la berce et la porte dans les bras de Morphée, apaisant ses maux pour ne serait-ce qu'une douce nuit de juin.

25/06/2019

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