Blandine s'avança vers la proue et s'y accouda, le regard au loin. Son amie, comprenant son besoin de solitude, rentra rejoindre les autres. La lumière et la chaleur la surprirent, ses doigts se ranimèrent et tout lui sembla moins triste.
_ Grognochon s'est calmée ? persifla Juliette depuis la cuisine où elle rangeait la vaisselle propre avec l'aide de Luc.
_ Arrête ! intervint brusquement Simon. Je la comprends, moi. Elle vient de perdre la personne qu'elle a de plus chère au monde. De plus, la probabilité qu'elle la revoit est très très faible. Elle s'amenuise même de minute en minute...
Le silence plana un temps puis, la voix de Simon s'éleva à nouveau dans l'habitacle, un peu plus enrouée que d'habitude :
_ Je l'aimais bien Sophia. Beaucoup même. Elle va me manquer. Plus que bon nombre d'entre vous si aviez été à sa place. C'était le dernier truc qui me rattachait à chez moi, à mon enfance. C'était une petite maman. Pour nous tous ! Une amie comme il est rare de trouver.
Les mots de Simon heurtèrent de plein fouet Hélène qui prit enfin conscience de la disparition de son amie. Un trou douloureux se forma dans son cœur meurtri. Sophia... De petites larmes perlèrent au coin de ses yeux. Elle releva la tête. De longues traînées humides et salées serpentaient sur les joues creuses de Simon qui ne s'en cachait pas.
En relevant encore un peu plus la tête, un peu plus loin, contre le mur du fond, la brunette aperçut Thibault. Il tournait entre ses mains un carré de papier usé, sûrement une photo de Jade. Pensif, il le fixait. Cette nouvelle disparition ne pouvait que raviver celle bien trop précoce de Jade.
Hélène s'approcha de son ami, se mit à sa hauteur et posa une main sur son bras, désemparée. Il sursauta, esquissa un rapide sourire sans joie et se remit à regarder dans le vague, droit devant lui. Un flot de pensées sombres tourbillonnaient dans ses yeux noisettes.
Hélène n'essaya pas de dire quoi que ce soit mais resta à ses côtés, observant les gens autour d'elle. À sa gauche, Luc et Juliette à présent se disputaient. Le sujet de leur dispute semblait être Côme qu'ils ne cessaient de montrer du doigt.
Celui-ci étaient assis en travers du vieux rocking-chair, juste en face, et griffonnait d'un air énergique quelques pensées sur une feuille volante. Simon n'avait pas bougé, adossé le long du mur gauche. Il passait le temps en réalisant de fragiles structures en papier plié.
La porte principale était fermée. Nonobstant,Hélène imaginait, à raison, que Blandine n'avait pas bougé d'un pouce. Bercée par les roulis du bateau, la jeune fille finit par s'endormir, sa tête tombant malgré elle sur l'épaule de Thibault.
C'était un sommeil profond et sans rêve. Soudain, elle se sentit perdre l'équilibre et se réveilla en sursaut.
_ Pardon, s'excusa Thibault, je ne voulais pas te réveiller. C'est en me redressant.
_ Pas grave, grommela-t-elle encore ensommeillée.
_ De toute façon, heureusement que tu te réveilles car je crois qu'on arrive. Enfin, ton bateau nous amène droit vers une île depuis plus d'un quart d'heure. Tu n'as qu'à voir par toi même.
Juliette indiqua du pouce la salle de commande entrouverte. Hélène s'y précipita et, avec un élan de joie, vit distinctement tous les contours de Phaéton. Dans moins de vingt minutes, ils seraient à la grotte. La brunette ressortit enthousiaste.
_ Qui se charge de prévenir Blandine ? questionna d'un air contrit Juliette en voyant réapparaître son amie.
_ Je m'en occupe, clama Simon en se levant d'un bond.
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Épuria T.2 Fuite Immobile
De TodoLe temps à passé ; les mystères se sont éclaircis. Il est temps de réparer les erreurs et d'aller de l'avant. Accepter le passé est difficile mais faire de même avec le présent est encore plus ardu, surtout quand on s'appelle Hélène Gwellbleiz et qu...