Chapitre 6 : un carré caramel dans le champ de vision

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Cela faisait un jour ou deux que l'incident Jade avait eu lieu. Ce malencontreux événement avait tout de même permis à Hélène de rouvrir les yeux sur la bonté de Juliette. Malgré tous les événements, son amie d'enfance avait gardé une profonde empathie.

Il était maintenant temps d'essayer de comprendre ce qui avait pu se passer plutôt que de ruminer bêtement.

La brunette se laissa ralentir à la hauteur de Juliette, pour une fois seule. La belle blonde ouvrit des yeux ronds d'étonnement. Hélène lui sourit.

_ Il est temps qu'on parle, n'est-ce pas ?

Juliette secoua doucement ses boucles caramel de haut en bas, un sourire naissant sur ses lèvres fines.

La conversation dura plus d'une demi-heure. La belle blonde expliqua à son amie le charme citadin de Gabriel, le tourbillon de la popularité, le groupe de courtisans qui leurs servaient d'amis.

La folie de la nouveauté et surtout de la célébrité avait entraîné la jeune fille à trahir ses amis ; dans le but d'obtenir toujours plus de gloire, toujours plus d'attention.

Juliette conta ensuite le vrai visage de Gabriel, apparu un peu plus tard, le vernis s'écaillant et révélant la crasse, sa jalousie, ses crises de colère lorsqu'elle ne pensait pas comme lui, son désirs de possession, sa misogynie des plus machistes et sa soif de pouvoir maladive.

Elle rapporta ensuite ses propres hésitations, déchirée entre cet homme qu'elle avait aimé et sa raison qui lui dictait de fuir cette folie. Ô, elle avait bien sentit que certaines choses n'avaient pas lieu d'être, qu'il y avait des réactions qu'elle n'aurait pas dû accepter. Néanmoins, quand tout allait bien, elle vivait la meilleure des vies qu'on puisse imaginer.

Elle avait longtemps tergiverser, peut-être trop à la vue de la situation. Toutefois, après une mûre réflexion, elle avait décidé que ça en était assez. Le guet-apens avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.

La blondinette avait préféré sauver une amitié où le respect était réciproque plutôt qu'un amour qui faisait office de montagnes russes sans ceinture de sécurité.

_ Tu sais, reprit Juliette après quelques minutes de flottement, je crois qu'à travers cette relation j'espérais trouver un peu de mes rêves d'enfant. Le faste, les paillettes, la grande ville et la grande vie.

« Tu n'étais pas encore arrivée à Athéna mais, une fois, maman a gagné avec son boulot une semaine à Héra, la banlieue commerciale de Zeus, et capitale de la mode et de la démesure. Ce fut un séjour magique !

« Je crois que le meilleur moment fut lorsque avec Alex on s'est assis sur le balcon de la chambre de l'hôtel. Fleur était dans la salle de bain, nous étions enfin libéré du dragon. Nous avions tous deux un verre de grenadine à la main et les jambes qui se balançaient dans le vide, du haut du trente-cinquième étage.

« À nos pieds s'étalait la cité luminescente et des excès, la parcelle de luxe que les Hautzeusiens voulaient bien laisser au peuple. Des étincelles multicolores parsemaient la nuit noire, clignotant et cliquetant. Des grattes-ciels chatouillaient les nuages. Quelle vision fantastique pour la petite princesse que j'étais.

« Tu ne comprends peut-être pas mais moi, tu vois, contrairement à toi je n'ai pas connu une vie luxueuse.

_ À l'inverse de ce que tu penses, l'argent ne fait malheureusement pas le bonheur.

_ Oui, mais il y contribue.

Hélène haussa les épaules, ne sachant pas vraiment elle-même si elle remettait la bretelle de son chemisier ou si elle répondait à son amie.

Épuria T.2 Fuite ImmobileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant