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Il est 23h. Assez symbolique comme heure non ? Enfin bref. Je suis assis en pyjama sur mon lit. Ma petite lampe de chevet est allumée, j'aime l'ambiance que ça fait, et je tiens dans mes mains Clair Obsur. Je ne savais pas ce que c'était jusqu'à hier.

- Flashback -

L'enterrement fini, tout le monde se dirigea vers la sortie du cimetière.
Le directeur du foyer m'interpella.

— Je crois que c'est bien vous Sacha Oblonski.
— Euh oui, c'est moi, pourquoi ?
— Sahara nous a laissé une lettre avant de mourir et... elle y dit que cela doit vous revenir.

Il me tend un carnet noir épais à bouts carrés avec gravé au milieu de la première de couverture "CLAIR OBSCUR" en lettres capitales dorées.

— Qu'est-ce que c'est ? demandai-je.
— J'en sais rien mais tu le découvriras puisqu'il est à toi maintenant. Elle te l'a légué.

Il se retourna et s'en alla mains dans les poches.

— Qu'est-ce que c'est, Sacha ? m'interroge Linda.
— Un carnet que Sahara m'a légué.
— Ah bon ? Ah mais en plus c'est celui dans lequel elle écrivait tout le temps au lycée.

Je hochais la tête sans plus.

— Tu veux venir avec nous ? On va se promener avec les filles puis on va chez moi.
— Non merci, Linda.
— Ou alors tu veux que l'on soit que nous deux, dit-elle en se rapprochant de mon visage.
— Non Linda. Mais merci quand même c'est gentil de te préoccuper de moi, répondais-je en reculant d'un pas.
— Comme tu veux, dit-elle d'un air déçu. Bon du coup, à lundi au lycée ?
— Oui à lundi.

Elle s'éloigne avec ses copines me jetant un dernier regard en arrière au passage. Je lui souris pour la rassurer en quelque sorte et je rentre chez moi de mon côté carnet en main.

[...]

Je voulais commencer à le lire hier mais j'étais trop bouleversée par l'histoire de Sahara que nous a raconté le directeur de son foyer et puis par son enterrement. Je n'ai d'ailleurs pas pris le dîner avec mes parents hier soir. Ma mère commence à s'inquiéter, elle me couve beaucoup, tandis que mon père est plus relax.
"Laisse-le, ça doit être un problème d'ado dont il ne veut pas nous parler c'est tout.", avait-il dit alors que je montais les escaliers pour aller dans ma chambre avec une pomme. Ouais, j'ai mangé qu'une pomme et c'était pas plus mal.

Aujourd'hui, j'ai mangé mon dîner illico presto pour pouvoir commencer à lire le fameux carnet que Sahara m'a légué.
Elle m'a légué quelque chose ? Donc elle s'intéressait à moi ? Ou du moins aux gens en général. Elle était observatrice et ça lui plaisait peut-être d'être comme ça. Mais qu'est-ce que j'ai de si particulier pour qu'elle me donne le carnet où elle écrivait tous les jours au lycée ?
Écrivait-elle sur moi ? Si c'est le cas, j'hallucinais pas quand elle me regardait. J'ai même pas osé lui décrocher un sourire ! Pauvre de moi. Elle en avait besoin !

Je m'apprêtais à l'ouvrir quand ça toque à ma porte, je le ferme.

— Oui ?

Ma mère entre.

— Sacha, mon cœur, ça va ?
— Oui oui maman, et toi ?
— Moi oui mais enfin, je suis inquiète pour toi.
— Pourquoi ?
— Tu as l'air d'aller de plus en plus mal ces derniers jours. On entend plus parler de tes amis et de Linda...
— Linda quoi, maman ?
— Elle a l'air de beaucoup t'apprécier, Sacha, pourquoi ne t'intéresse-tu donc pas à elle ? Elle est mignonne comme tout.
— Linda est mon amie et ça le restera.

Elle marqua un temps d'arrêt avant de reprendre la parole :

— Et puis, tu ne manges plus...
— Je mange, la coupai-je.
— Hier soir non.
— Juste hier soir.
— Tu manges moins.
— Je ne crois pas.
— Tu vas maigrir.
— Je ne pense pas.
— Sacha...
— Maman ?

Elle vient s'asseoir sur mon lit en face de moi et me fixe intensément. Elle me caresse la joue.

— Tu sais que je t'aime, mon lapin ?

Je lève les yeux au ciel à l'entente de ce surnom.

— Oui maman.
— Tu peux tout me dire, tu sais ? N'écoute pas ton père qui dit que ce sont des problèmes d'ados, on peut toujours le régler quelque soit le problème.
— Il a raison, maman.
— Donc tu as des problèmes ?
— Non, enfin je veux dire... c'est rien, ne t'inquiète pas.
— Ah si ! Mon fils ne va pas bien, je m'inquiète. C'est à cause de cette jeune fille qui s'est donné la mort ?

Je ne réponds pas.

— C'est à cause de ça, mon cœur, hein ?

Une larme coula malgré moi.

— Mon chéri, viens là.

Elle me fit un bisou sur la joue et me prit dans ses bras.

— Elle comptait pour toi ?

Je hausse les épaules. Pour l'instant, je ne sais pas trop pourquoi je suis dans cet état à cause de ça mais c'est sûr qu'il y avait quelque chose qu'on le veuille ou non.

— C'est plutôt elle que tu convoitais au lieu de Linda, hein ?
— Je ne sais pas maman... je ne sais plus rien.
— Tu veux aller voir la psychologue du lycée ?
— Pourquoi ? demandai-je en me retirant de son étreinte.
— Pour parler... J'ai pas envie que ça te donne des idées puisque tu es triste à cause de ça... je n'ai pas envie que tu ailles la rejoindre, mon bébé.
— Mais maman non !
— Je m'inquiète juste c'est tout.
— Écoute, je gère, c'est rien. Ça passera.
— D'accord, mon cœur, d'accord.

Je mis ma main sur son épaule et je la caressai avec un sourire pour la rassurer. Elle me fit un bisou sur la joue.

— Mais tu sais, s'il y a quoi que ce soit, tu dois en parler chéri. Tu ne dois rien garder pour toi. Maman est là pour t'écouter, elle me fit un second bisou sur la joue. Puis si tu ne veux pas me parler, ce qui serait dommage parce que tu es mon seul fils et je veux que tu me dises tout mais bon, il y a la psychologue du lycée, d'accord ?
— Oui maman, je sais tout ça.
— D'accord d'accord. Tu as peut-être sommeil ? Demain tu commences tôt c'est ça ? Oh mais je vois que tu lis un livre.

Elle voulait le prendre mais j'ai vite repoussé sa main.

— Je ne peux pas lire le résumé ?
— Il y en a pas.
— C'est un livre érotique ? me demande-t-elle avec un sourire en coin.
— Mais non.
— Tu sais à ton âge je comprendrais.
— Arrête maman, dis-je en levant les yeux au ciel. Arrête ce sourire aussi, c'est pas un livre érotique !
— Ok ok monsieur !

Elle se lève.

— Bonne nuit, mon lapin. Ne dors pas trop tard.
— Bonne nuit, maman.

Elle me fit un bisou volant et ferma la porte derrière elle.
Ma mère est si tendre. J'aurais souhaité que Sahara est une mère pareille aussi. Peut-être que sa mère adoptive l'était mais elle est morte trop tôt malheureusement.
Pauvre Sahara...
Je te remercie vraiment de m'avoir confié ce carnet. Je vais pouvoir apprendre à te connaître même si tu n'es plus parmi nous.






À suivre
...

S A H A R A | Clair ObscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant