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Ça y est. C'est mon grand retour au lycée comme le dirait si bien la fameuse Linda au cœur brisé à qui je n'ai pas oublié d'apporter sa pochette verte.
Je ne m'étais jamais fait virer de toute ma scolarité. C'était la première fois et j'avoue que ça ne m'a fait ni chaud ni froid.

Je sens quelques regards sur moi quand je marche dans les couloirs mais je m'en fous complètement. Je me dirige vers Linda et ses potes. Elle est dos à moi. Ses copines, qui m'ont vu arrivé, me détaillent de haut en bas avec dédain. Linda se retourne quand j'arrive à son niveau.

— Tiens ta pochette verte.
— Bonjour ! fit-elle en m'arrachant la pochette des mains.

J'ignore sa remarque.

— J'ai compris le message, Linda.

Elle ne répond pas.

— Ne t'avises plus de me prendre des rendez-vous chez la psy du lycée, ok ? repris-je. T'es pas ma mère, tu n'as pas à prendre des décisions sur ma vie comme ça ! Dans une amitié, on vient consulter son ami pour voir s'il est d'accord.
— Je savais que t'allais dire non, voilà pourquoi je l'ai fait en cachette et ta mère était d'accord.
— C'est pas ma mère qui avait rendez-vous ! m'exclamai-je.

Elle fit un mouvement de recul avec sa tête en fermant les yeux. Ses copines me regardaient de travers, je leur ai lancé un regard noir, elles ont baissé la tête.

J'ai repris :

— Tu as dit à ma mère que tu étais ailleurs ces temps-ci, non ? Alors c'est plutôt toi qui devrait la voir.
— Figure-toi que j'en vois déjà une en dehors du lycée, une fois par semaine, rétorqua-t-elle.
— Mazal Tov ! m'exclamai-je, paumes de main vers le ciel. Voilà, tu devrais plutôt t'occuper de tes affaires maintenant, ça va aller ? Ce sera pas trop dur de ne pas t'inquiéter pour moi ?
— Oh que non ! J'y compte bien ! Et arrête de me parler comme à une gamine, s'il te plaît.
— La réaction que tu as eu hier était digne d'une vraie gamine, ricanai-je.

Soudain Mickael arriva et embrassa Linda.

— Bonjour, mon cœur, dit-il.

Dites donc ! En trois jours, ça a bougé au lycée !

— Y'a un problème ? demanda-t-il à Linda.
— Non, rien du tout, ne t'inquiète pas, mon amour.
— J'aimerais te remercier de m'avoir apporter les devoirs pendant mes trois jours d'exclusion, t'es vraiment un amour, reprit Mickael.

Elle sourit gênée, les joues roses. Mickael fit un smack à sa nouvelle petite copine et s'en alla sans oublier de me jeter un regard mauvais. Linda me regardait aussi, en mode fière de son coup.
Si elle croit que je vais être jaloux, elle se fourre le doigt dans l'œil. J'esquisse un petit rire.

— Quoi ? lance-t-elle sur la défensive.
— Rien.

La sonnerie retentit et je me dirige vers ma salle de cours, mains dans les poches de ma veste et sourire aux lèvres.

[...]

C'est la pause du midi et en tant que demi-pensionnaire, je mange à la cantine.
Ma mère m'avait proposé plusieurs fois de manger à la maison comme elle travaille à domicile, elle aurait pu me faire la cuisine comme elle aime trop s'occuper de moi, mais j'avais refusé, voulant jouer au grand et traîner avec mes potes.
Mais aujourd'hui, si j'avais pu le faire, je n'aurais pas hésité. Tous les regards sont rivés sur moi. Ils essayent de faire ça discrètement mais c'est raté, je vois bien qu'on m'observe. Pourquoi ils font ça ? C'est vrai que j'ai toujours été un élève discret, avec des amis qui connaissent du monde mais moi j'étais celui qu'on ne calculait pas. Mais là, comme je me suis battu avec quelqu'un de "connu" au lycée, qui plus est mon meilleur ami, ça a fait que, visiblement, on me remarque maintenant.

S A H A R A | Clair ObscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant