N'avez-vous jamais pensé que vous ne vous en sortirez jamais ? Que, quelque soit vos efforts, quelque soit votre détermination cela ne suffisait pas ? Et bien moi je pense ça tous les jours.
Hier, quand je me suis levée, je me suis rendue compte que ma vie était vide. Mais, quand je dis ça, ce n'est pas seulement qu'elle n'est pas attrayante, c'est plus compliqué...
C'est un véritable néant. Hier matin en me levant, une sensation de malaise, de solitude m'habitait. Je ne sais pas le pourquoi ni le comment mais j'ai pris conscience que ma vie était littéralement rythmée par un abîme sans fond...
Je n'ai plus de famille ce n'est pas ma faute, si j'avais eu le choix... Mes parents ont eut un accident de voiture lorsque j'étais encore adolescente, cet événement m'a ravagé émotionnellement je n'étais plus qu'une coquille vide ballottée par le cours de la vie, j'ai ensuite été confiée à ma grand mère, et pendant quelques années, j'ai pu retrouver une certaine stabilité. Mais, malheureusement elle aussi m'a quitté. Je venais de souffler mes vingt trois bougies et je me suis retrouvée seule au monde. Je n'avais personne d'autres. Chouette cadeau d'anniversaire...
Je n'ai plus d'amis depuis longtemps, c'est dans les moments difficiles que l'on sais qui sont ses vrais amis. Apparemment, je n'avais que de faux amis. Puisqu'ils m'ont tous tourné le dos à la première grosse difficulté. Je n'ai plus un rond et pas de boulot stable... Rien. Disons que pour avoir de l'argent, il faut avoir un boulot, que pour avoir un boulot de nos jours, il faut avoir un diplôme, je n'ai rien de tout ça.En fait, j'ai menti, mea culpa ! Ma vie n'est pas vide, non, non, non, j'ai une montagne de facture en retard. Une véritable montagne de facture, de relance, d'avis de passage où plus dernièrement d'expulsion.
Alors, quand j'ai vu cette annonce dans le journal, je me suis dit : fonce.
En substance, le message était celui-ci :
Recherche Assistante pour poste bien rémunéré. Veuillez contacter le numéro... Bla bla bla...
Comme il n'y avait aucune indication sur de quelconques références, diplômes ou expériences à apporter pour ce poste, je me suis lancée. Après tout, qui ne tente rien n'a rien...
Alors me voilà. J'ai peut être l'air ridicule, mais je suis là. Et j'attends.
C'est vrai, regardez-moi, assise sur cette chaise inconfortable dans cette salle d'attente luxueuse où tous les fauteuils à l'assise moelleuse sont occupés par des femmes sorties tout droit d'un magazine de mode.
Il n'y avait pas assez de ces charmants sièges, la réceptionniste à eu la gentillesse de me donner une chaise pliante en plastique qui couine au moindre geste.
Les femmes qui me tiennent compagnie sont toutes là pour la même chose que moi : un emploi ou plus exactement, celui d'assistante de Monsieur le Président Directeur Général de Guillard Communication. Le plus grand groupe de télécommunication Européen rien que ça !
Bien que pour certaines, je suis à peut près sûr que ce n'est pas vraiment le job qui les intéressent, si vous voyez ce que je veux dire...
Sauf qu'elles doivent toutes avoir un ou plusieurs diplômes pour cet emploi, des références et le look qui va avec, c'est-à-dire tailleur de créateur strict et très dispendieux.
Et moi, vous voyez je ne suis pas un cageot non plus, regardez-moi bien, approchez je ne mors pas, voilà : alors que voyez vous ? Une jeune femme de vingt-cinq ans, brune avec un carré aux épaules, des yeux verts, un physique pas trop ingrat, pas de maquillage contrairement à mes camarades ici présentes mais, regardez mieux oui voilà vous y êtes ma tenue vestimentaire ! Vous vous demandez ce qui m'a pris de mettre un jean, une chemisette blanche et des ballerines pour cet entretien ?
Et bien je vous rassure moi aussi !
Au moins, le recruteur se souviendra de ma personne n'est-ce pas ?
Sérieusement, je suis à côté de la plaque. Quand je suis entrée dans la salle, tous ces jolis visages se sont tournés dans ma direction et depuis que je suis assise, à chaque couinement que fait ma chaise, j'ai droit à un regard de travers et à un sourire gêné.Les entretiens ont commencé il y a déjà une heure et seulement deux filles sont passées, à ce rythme je vais devoir supporter çà jusqu'à demain matin...
Cela fait maintenant trois heures que je vois défiler des filles toutes plus subliment les unes que les autres, je commence à me dégonfler, je vais me lever quand on m'appel.
- Mademoiselle Joly Sophie.
Je regarde la personne qui vient de prononcer mon nom et je hoche la tête.
-Veuillez me suivre s'il vous plait.
Je me lève donc et suis le gentil jeune homme pas très souriant, ni accueillant dans un couloir qui mène devant un bureau. Il me fait signe d'avancer et d'entrer.
-Bonjour, asseyez-vous je vous prie mademoiselle.
Je prends place et m'assoie. Il fait le tour du bureau, se pose dans son fauteuil et fait glisser vers moi une petite pile de feuilles et un stylo. Je le regarde troublée, ça ne peut pas être mon contrat, je n'ai même pas encore passé l'entretien. Il me fait un sourire timide et me dit :
- Ceci est un contrat de confidentialité. En résumé, toutes les choses que vous entendrez, verrez, déduirez, comprenez... ne devront en aucun cas sortir de l'enceinte de cette l'entreprise. Vous avez saisi ?
Je hoche la tête, paraphe et signe chacune des pages. Quand je relève les yeux sur mon interlocuteur, les siens me scrutent avec beaucoup de questionnements.
- Vous n'avez même pas lu les documents ! S'exclame t-il.
Oui... Bon... Ça va... Faut pas s'énerver non plus.
- M'avez vous menti ? Y a t'il autre chose dans ces pages dont je devrais être au courant ?
- Non, mais il est plus juducieux de toujours lire avant de signer.
- Votre temps est précieux me semble t-il, comme le mien. Autant ne pas le gaspiller.
Ouf ! Je me félicite d'avoir déballé une excuse à peut prêt valable et qui plus est à l'air de le satisfaire ! Un sourire naît sur ses lèvres, il se lève et me demande de le suivre.
Nous sortons par une porte différentes de celle par laquelle nous sommes entrés et débouchons dans un autre bureau. Une femme m' accueille et m'invite à m'asseoir.C'est alors que commence l'entretien le plus étrange que je n'ai jamais passé.
Et, quand je dis étrange, je pèse mes mots...