La Ville...

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Année humaine 2027.


- Si tu n'étais pas si important aux yeux d'Armin, je t'aurais abandonné ici ! murmure Levi, suffisamment bas pour que le blond n'entende pas.

Connard...

- Allez ! On y vla ! crie Armin en ouvrant la marche.

Levi le suit dans un silence de mort... avec moi sur le dos.


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Ça fait au moins une heure qu'on marche... enfin, qu'ils marchent.
Moi, je suis toujours porté par Levi d'une curieuse manière qui rappelle beaucoup le sac à patates : la tête à l'envers et l'avant de mon corps sur son dos.

En plus, je m'ennuie profondément.
Et j'ai tout essayé pour arrêté, mais rien n'a fonctionné.
J'ai d'abord commencé par compter les arbres de la forêt comme on compte les moutons pour s'endormir, mais j'ai rapidement perdu le file : il y en a beaucoup trop.
Puis j'ai tenté de parler avec Jean, mais comme il est tout au fond du convoi et moi en tête, j'ai du aussi arrêter. Non seulement parce-que j'avais mal à la gorge à force de crier, que Levi et Armin n'arrêtaient pas de me dire de fermer ma gueule d'une façon plus ou moins polie, mais surtout parce-que cet imbécile se moquait de moi en me traitant de grosse feignasse car je ne marche pas.

Je pousse un long et profond soupir de désespoir quand, soudain, les humains écarquillent les yeux de concert et poussent des exclamations de surprises en fixant un point droit devant, derrière moi donc.

Je fronce les sourcils, me demandant bien ce qu'il peut y avoir de si intéressant.
Curieux, je me mets à gigoter dans tous les sens pour tenter d'apercevoir ce qui les rend tous aussi émerveillés.

- Arrête de bouger. m'ordonne sèchement Levi, quelque peu irrité.

- Laisse moi voir ce qu'il y a devant, s'il-te-plaît. je lui demande.

- Tch... T'as pas intérêt de me faire chier après. accepte-il de mauvaise grâce.

- Je promets que je ne t'emmerderais plus !

Levi pousse un second soupir, mi-énervé mi-exaspéré. Il s'accroupit ensuite, de sorte à ce que je puisse me mettre debout. Je pose précautionneusement ma jambe blessée au sol avant de me retourner doucement pour voir ce qu'il y a.

J'ouvre grands mes yeux verts et reste béat devant le spectacle incroyable qui s'offre à moi.
Un peu après la lisière de la forêt tropicale, à sept mètres à peine devant nous, une gigantesque ville s'étale. De là où je suis, je n'en vois qu'une toute petite partie : des bâtiments immenses de couleurs vives avec des motifs qui me font penser à l'Inde. Mais déjà, je suis charmé.

Levi me tire de ma contemplation en passant son bras sous mon aisselles droite. Je m'agrippe à son pull et me mets à clopiner doucement, supportant raisonnablement la douleur à mon genoux. Il fait attention à bien marcher au même rythme que moi.

Lorsque nous arrivons à la lisière de la forêt, à la frontière entre la nature et la ville, Levi donne des ordres d'une voix forte aux humains, nous intimant de ne pas nous disperser, de ne pas crier (...) puis nous reprenons la marche.

Nous entrons dans la ville et, moi comme tout les autres de mon espèce, nous sommes fascinés par tant de beauté et d'originalité.
Les maisons que j'avais à peine aperçu étaient certes magnifiques et gigantesque, mais elles sont en fait les plus petits bâtiments de cette cité démesurée ! Ici, les immeubles dépassent largement les building américain, et de loin ! Ceux-ci sont en fait de colossales tours toujours de couleurs éclatantes avec, pour chacun, des motifs différents. Certaines tours ont une sorte de dôme à leur extrémité, sans doute à la place d'un toit.
Pour terminer, quatre montagnes encerclent la ville. Elles sont à égales distances les unes des autres. Leur pics sont légèrement courbés et une cascade d'eau en tombe, formant un long file argenté qui se jette dans une sorte de trou creusé profondément dans le sol. Je manque de faire un arrêt cardiaque du à une trop grosse dose de stupeur lorsque je me rends compte que des habitations sont creusées dans la roche des montagnes et que des ascenseurs y ont été installés pour faciliter les déplacements.

Levi me tire alors d'un coup sec, me forçant à continuer mon chemin au lieu de rester statufié d'émerveillement.

Je regarde alors les extraterrestres civils qui déambulent tranquillement dans les rues. Certains nous jettent quelques regards étonnés ou curieux, mais ils n'approchent pas et restent à bonne distance de nous.
Ils sont exactement comme ceux que j'ai vu jusqu'ici : ils font environs deux mètres et ressemblent trait pour trait à des humains. Mais ils sont habillés très différemment des soldats qui nous escortent.

Il y a surtout de types de tenues qui reviennent majoritairement, même si elles ont toutes quelques légères dissemblances.
La première est constitué tout d'abord d'un long drap qui couvre le torse et qui ressemble énormément à une toge romaine. Puis d'un short qui s'arrête à mi-cuisse et de longues sandales qui remontent jusqu'aux genoux.
La deuxième tenue est composée d'un pantalon large et fluide, légèrement transparent. Des rubans partent de la taille pour aller sur des sortes d'épaulettes dorées sur les épaules. Le torse reste donc quasiment entièrement nu.
Mais tous, absolument tous les extraterrestres ont soit un collier large et travaillé qui masque totalement le cou ou une bande de tissus qui fait de même. Pas un seul n'a le cou découvert, ce qui est plutôt étrange.

Une extraterrestre passe non loin de moi et, après un moment sans réaction particulière, je pousse un hoquet de surprise. Je fouille alors la foule du regard, à la recherche d'autres " femmes ". J'en trouve une bonne dizaine et reste abasourdi. Certaines d'entre elles portent la tenue qui laissent le torse découvert, donc, en toute logique, leur poitrines devraient être nue.
Mais elles n'ont pas de poitrines... Ce n'est pas qu'elles sont plates ! C'est juste qu'elles n'ont strictement pas de seins !

J'en viens donc à me demander si les extraterrestres ont des caractères sexuels secondaires. Et à penser que, peut-être, ils n'avaient aucune différence physique majeure entre eux, et donc plus de différence au niveau de l'appareil reproducteur. Je lance un coup d'œil vers la droite et -quelle chance!- un spécimen mâle se trouve miraculeusement juste à côté de moi.

- Levi, t'as des couilles ? je lui demande donc.

Il se tourne vers moi et hausse un sourcil, l'air de dire que je suis vraiment bizarre comme type. Puis ses sourcils se froncent, comme s'il y avait un danger quelconque dans ma question parfaitement innocente.

- Pourquoi tu me demandes ça ? me répond-t-il avec une méfiance aussi surprenante qu'incompréhensible.

- Bah, comme les filles n'ont pas l'air d'avoir de seins, j'me que toutes les différences physiques avaient peut-être disparu... et donc le sexe aussi... et bref du coup les mecs auraient plus de couilles et les femmes... t'as compris quoi !

Levi me fixe un instant muettement avant de continuer de marcher sans me lancer un regard.
Je m'appuie un peu plus sur son épaule et continue de claudiquer.
Levi ne dit plus un mot.

- Ça te déranges tellement de me répondre "oui" ou "non" ? je lui lance d'une voix énervée.

Levi continue de regarder droit devant lui, m'ignorant royalement pendant quelques secondes, avant de répondre en ancrant ses iris d'innombrables nuances bleus sur moi :

- Un eläin n'a pas à poser des questions à un Ylin.

Un Ylin ? Un élaïgne ? Qu'est-ce que c'est, ces mots là ? Que signifient-ils ?
Et puis, qu'est-ce que ça peut bien lui faire que je pause une question comme celle là ?
C'est plutôt stupide...
Pourtant, je décide d'obéir, ce qui m'étonne moi même de ne pas être plus pénible que ça. Mais je suis vraiment fatigué...

C'est alors que Levi, en évitant soigneusement mon regard empli d'incompréhension, déclare d'une voix forte :

- Nous sommes arrivés.

- Arrivé ? Où ça ? je demande rapidement avant de tourner la tête vers ce qui se trouve devant moi et d'en rester bouche-bée.

Le NⓄuveαu MⓄnɗe - [EreRiren]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant