Chapitre 21

162 9 4
                                    

Comme nous l'avions décidé, Aloïs m'emmena à la capitale. Elle était d'ici donc elle connaissait le moindre recoin, alors que moi, à peine arrivée j'étais déjà cloîtrée au château.
La matinée consista à se promener dans les rues de la ville, je n'avais jamais vu un lieu aussi grand. Les maisons s'étalaient à perte de vue, elles étaient hautes et serrées les une contre les autres. Les couleurs de la ville brillaient sous le soleil, les fleurs, les arbres et les grandes places rendaient un charme absolu à la capitale.

- La ville te plait ? Demanda Aloïs en se dirigeant vers un marchant qui vendait des fruits

- Oui beaucoup, je ne l'avais jamais visité !

La courtisane choisit plusieurs fruits pour chacune de nous et paya rapidement.

- Eh ! Tu ne veux pas que je t'aide ?

- Non, je paies, c'est mon moyen de te remercier, dit-elle

Je souris, j'étais contente d'avoir pu lier quelque chose avec elle. Aloïs prit sa commande et nous nous installions au loin de la foule, sous un arbre. Elle me tendit une pomme que je saisis avec plaisir. Je croquai rapidement dedans, je commencai sérieusement à avoir faim.
Elle rit en me voyant m'attaquer à mon fruit avec autant de vivacité :

- Alors, quel ressenti tu as par rapport à hier soir ?

- Quel ressenti ? C'est à dire ?

Je ne la regardai pas vraiment, trop occupée à observer les gens passer. Des paysans, des bourgeois, rarement des nobles et parfois des catins.

- Eh bien, est ce que ça t'a plu ?

Je haussai les épaules, perplexe.

- Pas vraiment, ce n'est pas ce que je préfère dans le métier. Je suis bien plus détendue quand personne n'est aux alentours. Et toi ?

- Je suis du même avis mais, j'avais déjà participé à ce genre de choses avec d'autres clients... Alors je connaissais l'organisation !

Je finis rapidement ma pomme et en piochait une autre, silencieuse. Les oiseaux chantaient au dessus de nos têtes et l'ombre des feuilles empêchait le soleil de nous agresser.

- Dis moi Prudence, comment as-tu commencé à faire ce que nous faisons ?

Mes lèvres se pincèrent et je baissai le regard.

- Tu n'es pas obligée de répondre si tu ne le souhaites pas, ajouta rapidement Aloïs

Je me détendis quelque peu et avouai :

- Je... Je suis née dans ce milieu, ma mère en était une et j'ai du suivre dès que je l'ai pu.

- Était ? Questionna Aloïs

- Elle a arrêté, je lui envoies de l'argent dès que j'en ai l'occasion.

Elle sourit, heureuse que je me confie à elle.

- Et toi ? Comment as-tu commencé ?

- Mon père est parti du jour au lendemain et nous a laissées ma soeur et moi. Je devais trouver un moyen de subvenir à nos besoins et par chance, la ville est pleine d'hommes qui n'attendent que ça.

J'hochai la tête, comprenant sa situation. Chacune d'entre nous avait un passé peu glorieux, une chance que nos clients ne s'y intéressent pas.

- Et Rose, la fille qui t'accompagne partout ?

Je relevai la tête et la regardai pour la questionner. Elle précisa :

- Ce n'est pas une prostituée ?

Ruban & Porte-jartellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant