Chapitre 16

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- Il faut que je te parle, dit Aloïs

Toujours secouée, j'acceptai sans vraiment me poser de question. Elle s'éloigna de la masse et je la suivai de près. La jeune femme sortit du dortoir et me demanda de m'installer contre le mur.

- Tu voulais me voir ? Demandai-je innocente

Aloïs se pinça les lèvres et remit une de ses mèches derrière son oreille avant de croiser les bras.

- Ce soir, tu vas devoir affronter Mr. Du Néal.

- Je... Je suis désolée...

Je fis un pas en arrière mais elle leva un sourcil.

- Pourquoi t'excuse-tu ? Je n'ai pas été à la hauteur et c'est de ma faute. Je ne compte pas te brutaliser, au contraire ! J'ai de la sympathie pour toi !

Ce fut à moi de lever un sourcil. Elle ne m'avait jamais vraiment parler, j'étais parfois naïve mais pas à ce point stupide.

- Bon d'accord, avoua Aloïs, je pense sincèrement que tu as l'air gentille. Peut-être féroce avec d'autres, qui sait ? Peu importe ! J'ai des conseils à te prodiguer pour ne pas te faire jeter de sa chambre.

Mes sourcils se froncèrent :

- Pourquoi m'aider ?

- Tu as l'entrée de sa chambre, j'ai des avertissements à te donner. Si je te les donnes, je veux que tu redores mon titre auprès des pairs.

- Comment veux-tu que je fasse ça ?

- Par n'importe quel moyen ! Supplia Aloïs, je suis censé être une favorite mais on commence à me délaisser.

Je me mis à réfléchir, s'il y a une chose que j'ai apprise c'est qu'être généreuse était important mais trop généreuse pouvait coûter bien trop de choses. Face à mon silence, Aloïs se mit à grimacer. Elle fit la moue et commença à trépigner, complètement désespérée.

- S'il te plait Prudence, j'ai travaillé si dur et si longtemps. Je ne veux pas quitter ce château ! J'ai peur, je ne veux pas retourner dehors et devoir passer de maison en maison, je t'en pris...

Elle saisit mon bras et le serra avec une force qui dénonçait sa combativité et son envie de rester ici.

- Aloïs, même si je le voulais et que j'arrivais à convaincre Mr. Du Néal, comment veux tu que je fasse ta publicité ?

- Nous sommes des catins ! Nous savons reconnaître les bons moments... Tu trouveras le bon moment pour parler de moi ! Nous pourrions même faire quelque chose à deux ! S'exclama Aloïs comme si tout était déjà préparé

- Doucement... Je n'ai pas dis oui, qui me dit que tes conseils seront utiles ?

Elle soupira, regardant le plafond, un petit sourire malicieux aux lèvres.

- J'ai passé ces derniers temps à chercher chaque prostituée étant passé par les appartements de Mr. Du Néal et j'ai comparé chaque prestation afin de comprendre ce qu'il répugne à nous toucher.

- Tu es complètement folle.

Elle rit doucement et secoua la tête, à bout.

- Écoute, Prudence... J'ai besoin de rester, je ne peux pas me permettre de perdre cette opportunité. Tu peux le comprendre, non ? Cette angoisse quand tu n'es pas à la hauteur et que tu es sur le point de tout perdre... C'est ce que je ressens.

Elle prit sa respiration et me regarda, les yeux humides :

- J'ai une petite soeur sur qui je dois veiller... Je refuse qu'elle entre dans ce milieu parce que j'ai été incapable de la nourrir. Elle n'a que moi. Tu es ma chance...

Ruban & Porte-jartellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant