Chapitre 26

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Le lendemain, je me suis réveillée sous les caresses de Mr. De Baivel. Sa main passait le long de mon dos et je m'éveillai, le sourire aux lèvres.
En me voyant les yeux ouverts, il sourit à son tour. Il semblait être réveillé depuis un bon moment mais il ne s'était pas levé de son lit.

- Bonjour, Prudence...

- Bonjour...

Il ne cessa pas son massage improvisé, ce qui ne m'aida pas à me motiver à sortir du lit.

- Comment vas-tu ? Bien dormi ? Demanda-t-il

- Bien plus détendue qu'hier. J'ai bien dormi, grâce à vous.

- M'en voilà ravi, sourit-il

- Et vous, bien dormi ?

Il s'étira quelque peu et répondit nonchalamment :

- Plutôt oui, tu y as contribué.

Je ne résistai pas à l'envie d'embrasser sa mâchoire avant de sortir du lit.

- Il faut que je file avant que l'on me remarque dans les couloirs.

- Attend, Prudence !

Il releva son buste mais resta dans le lit. Je me retournai, le questionnant du regard.

- Le frère du roi a entendu parler de toi.

J'ouvris grand les yeux et rougis sans le vouloir.

- Il n'a pas précisé grand chose mais il souhaite te voir.

- Lui avez-vous parlé de moi ?

- Non, dit-il avec honnêteté, mais ne te tracasse pas trop. Ce n'est pas un tortionnaire, tout se passera bien.

J'hochai lentement la tête.

- Je n'ai pas pu t'en parler plus tôt, tu dois t'en douter. Cependant, tu devrais passer dans la semaine. Il ne faudrait pas trop le faire attendre.

Il me lança un clin d'oeil. Cette rencontre signifiait peut-être un autre pas dans le cercle fermé de la famille royale. Je me demandai la manière dont mon nom était arrivé à ses oreilles. Je devrais peut-être m'en inquiéter.
Je grimacai légèrement en m'habillant. En remettant ma robe, un autre élément me vint en tête.

- Votre Seigneurie.

- Oui ?

- Je voulais également vous remercier pour votre robe. Je n'ai jamais porté quelque chose d'aussi beau.

- Ce n'est rien, j'ai pensé à toi en la voyant et... Je dois avouer que ça ne me dérangerait pas que tu la portes en ma compagnie...

Je souris en hochant la tête. J'approchai de la porte et ajoutai :

- Merci aussi pour hier soir, merci... pour tout.

J'avais la sensation de me répéter très souvent avec lui. Il rit doucement.

- N'hésite jamais à frapper.

Je sortis finalement de ses appartements. Mon dos se colla au mur, j'ai la chair de poule. Je suis obligée de fermer les yeux et de reprendre ma respiration. Je tentai de supprimer le sourire qui s'accrochait à mes lèvres. Impossible.
J'avais envie de crier, pleurer, rire et sauter. C'était totalement différent de tout ce que j'avais connu. J'avais l'impression de mûrir, d'être plus adulte dans le bon sens du terme. Je savais ce que je voulais, j'avais le contrôle sur mes faits et gestes, je m'appartenais sans aucune peur de me faire avoir.
Finalement, je réussis à me décoller du mur et m'éloigner de la chambre de Mr. De Baivel. J'avais raconté ce qu'il m'était arrivée. Bien évidemment, ce n'est pas cet événement qui m'a le plus marquée dans ma vie mais c'était un premier pas. Pour la première fois, j'ai pu me confier à quelqu'un. Non pas parce que quelqu'un le voulait, non pas parce que j'y étais obligée mais parce que je le voulais, parce que j'avais le choix. J'avais le choix.
La matinée se passa sans encombre et je pris mon déjeuner toute seule, dans la lune.
D'un pas plus déterminé, je m'avançai vers les jardins du château. Oui c'était le milieu de l'après midi mais je n'en avais que faire. J'entendais de la musique qui venait de dehors et j'avais encore envie de voir ma vie dans un roman et la musique était le moyen le plus facile pour voyager tout en restant à sa place.
Au loin, je vis un groupe de nobles. Beaucoup d'enfants ce qui me semblaient étranges au vu de ce qu'on m'avait raconté sur la vie ici. Je vis également la famille royale entourée de nobles hauts placés. En face d'eux, un orchestre d'extérieur qui faisait l'animation de la journée. Je souris à pleine dents en voyant toute cette bonne humeur et cette vivacité. J'étais en hauteur par rapport à la scène. Juste à côté, des danseurs bougeaient au rythme de la musique.
Au fur et à mesure, je tentai de reproduire leurs mouvements, certes avec médiocrité mais l'important c'était de participer.
Les pairs arrivèrent, tous les quatre, et se placèrent au côté du roi. La Reine semblait triste et à part. Elle avait un beau visage, un peu renfermé mais ses parures éblouissaient quiconque dans l'assemblée. Elle ne paraissait pas enjouée par l'orchestre. Si j'étais à sa place et que je pouvais profiter de ce genre de divertissements, je danserai partout dans mes jardins privées !
Je continuai de danser comme une folle, persuadée d'être à la hauteur de la chorégraphie. Soudain le regard de Mr. De Baivel se leva, comme s'il sentait ma présence. Il sourit en me voyant. Je rougis et m'arrêtai, un peu gênée par la situation.
Par surprise, des bras m'enlacèrent dans mon dos. Je sursautai et une voix enjouée dit :

Ruban & Porte-jartellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant