Chapitre 33

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J'étais au prise avec Mr. De Chenon. Il m'avait surprise dans ses appartements, alors que je fouillai dans sa bibliothèque. J'étais fichue, je savais que quoi que je dise, il ne me croirait pas. Le Duc avait quitté le château parce qu'il pensait que le roi allait mourir. Il ne l'était pas ! Il devait le savoir, sinon pourquoi serait-il revenu aussitôt ? Et alors qu'il savait que son plan avait échoué, il me surprenait à fouiner dans ses affaires. 
Il m'arracha le livre que je tenais entre les mains et le reposa à sa place. Ce geste franc me redonna la possibilité de bouger et je m'éloignais de quelques pas. Il me suivit, le regard acéré et sombre. Je butai contre la tranche de son bureau alors qu'il se postait avec froideur devant moi.

- Je t'écoute, grogna le duc, que fais-tu ici ?

Il se mit à sourire, comme un chat qui s'amuserait d'avoir attrapé aussi facilement une souris. Je déglutis difficilement et tentai d'être le plus naturelle possible, question de survie.

- J'étais venue vous rendre visite, votre grâce.

- Voyez-vous cela ?

Mr. De Chenon pencha la tête sur le côté et croisa ses bras. Il échappa un ricanement hautain.

- Je suis sérieuse, insistai-je. Comme vous n'étiez pas là, j'en ai profité pour regarder dans votre bibliothèque. J'ai appris à lire. 

- Quelle délicate attention ! Je ne savais pas que tu me vouais une telle affection.

Je restai silencieuse, essayant d'afficher un timide sourire. Je n'étais absolument pas convaincante. Il se pencha sur moi, colla son bassin au mien et commença à caresser mon bras. Je frissonnai de dégoût, mais je me laissai faire par peur.

- J'en suis ravi, souffla-t-il dans mon cou avant de l'embrasser

Le souffle court, je le laissai caresser mon corps à travers le tissu et mordre ma peau comme il le souhaitait. Je détestais ce qu'il me faisait, je détestais qu'il puisse se permettre d'user de mon corps comme il le pouvait. Cependant, poussée par un instinct de survie, il m'était impossible de me débattre.
Il attrapa mes cheveux et les tira en arrière pour faire basculer ma tête. Mr. De Chenon se fit plus pressé et agressif. Il se colla à moi, attrapant mes hanches et les malaxant entre ses doigts bourrues. Enfin, il ralentit la cadence et souffla : 

- J'aimerais te faire une confession.

Je lui adressai un regard intrigué. Il continua, un sourire aux lèvres  :

- Je ne suis pas un imbécile. Maintenant laisse moi te rappeler que les domestiques ne sont pas muettes.

J'eus un vertige et je fus persuadée que toutes couleurs avaient quitté mon visage. La domestique que j'avais croisé avant de me cacher sous le lit de François avait parlé. Elle m'avait dénoncée et Mr. De Chenon savait ce que j'étais là, il savait que j'avais mis un terme à ses plans et il n'était pas étonné de me revoir dans ses appartements. 
Sa main glissa le long de mon buste puis remonta jusqu'à ma gorge.

- Je pourrais me débarrasser de toi, là, maintenant.

Ses doigts pressèrent contre ma peau. Ma respiration s'accéléra à cause de la panique et mes yeux se brouillèrent de larmes. Il bloqua mon souffle pendant un temps qui me sembla infini. Ses iris enflammés me fixèrent avec une lueur assassine. Je posai ma main sur son poignet et le suppliai silencieusement de m'épargner.

- Mais vois-tu, je n'aime pas me salir les mains.

Il relâcha sa prise et je pu enfin respirer à nouveau. Ma poitrine était battante et j'eus du mal à calmer les battements de mon coeur. Secouée par des tremblements, je n'avais d'autres choix que de l'écouter : 

Ruban & Porte-jartellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant