Chapitre 37

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Mr. Du Néal et Mr. De Baivel ne m'avaient pas laissé une seule seconde de répit. De la première heure de la journée, jusqu'à la dernière, j'eus l'obligation de me comporter comme une jeune noble de mon âge pourrait le faire. Cet apprentissage accélérée était d'une intensité épuisante ! Mais le résultat était là. Ce n'était pas parfait, mais les pairs étaient convaincus que je passerai inaperçue. 
De mon côté, j'étais submergée par l'excitation ! Cette situation totalement improbable me menait tout droit au milieu des festivités de l'anniversaire de la Reine. Qui pouvait se vanter d'une telle occasion ? C'était un rêve devenu réalité. Un frisson me parcourut, j'allais entrer dans un monde qui m'avait toujours été connu. J'avais tellement appris depuis et quelque part, je me sentais prête. Je me sentais prête à avancer encore, à pousser mes limites et m'engouffrer dans ce milieu impétueux et dangereux. 
Légèrement tremblante, je laissai les domestiques s'approcher de moi. Mr. De Baivel, tout aussi occupé à se préparer, m'observait néanmoins, les yeux en coeur. 

- Je te sens fébrile, dit-il

- Je ne vois pas pourquoi, me moquai-je gentiment

Il tenta de réprimander un rire dans sa manche, mais je le remarquai et ne pu m'empêcher de sourire. 

- Tout se passera bien, m'assura le pair

Je hochai distraitement la tête. On m'enfila une large robe bleu ciel, d'un tissu somptueux et brillant ainsi que des étoffes dont les motifs fleuris faisaient ressortir les volants et les dentelles qui dépassaient de la tenue. Le corset me coupa le souffle, mais après une semaine d'entraînement, je savais que je pourrais le supporter le temps d'une soirée. 

- Ne serrez pas trop, ordonna Mr. De Baivel, je ne veux pas qu'elle se sente à l'étroit.

- Ne craignez rien, répondis-je, j'arrive à respirer et c'est tout ce qui compte ! 

Son regard tendre me fixait avec appréhension, il craignait qu'un seul petit défaut me fasse passer une mauvaise soirée. Je soupirai, faussement exaspérée. Mon maquillage était déjà fait, comme il serait recouvert par un masque, il était inutile de s'étendre plus que de raison. Les domestiques s'attaquèrent à ma coiffure et me constituèrent un chignon entièrement bouclé. Les mèches de mes cheveux étaient stratégiquement placées afin que l'aspect semble à la fois raffiné, sans paraître figé. De la poudre blanche, des nœuds de la même couleur que ma robe et me voilà presque prête, quelques bijoux en accompagnement pour habiller mon décolleté ainsi que mes oreilles.
Mr. De Baivel se leva. Ses habits étaient d'une couleur ocre, presque doré. La minutie des motifs du tissu me laissa stupéfaite. Son jabot était bouffant, et sa coiffure, élaborée. Il était évident que le pair brillerait au milieu de l'Assemblée. Il avait un tel charisme ! Il saisissait mon attention, je ne pouvais détourner mes yeux de la préciosité de sa tenue. Il a toujours été élégant, et je ne pensais pas qu'il était possible de faire mieux. 

- Vous êtes splendide, soufflai-je sans m'en rendre compte

Ses lèvres roses s'étirèrent en un sourire. Il s'avança vers moi et me prit les mains.

- Tu dis cela parce que tu ne t'es pas encore vu.

La brûlure de mes joues avaient du accentuer le maquillage que je portais déjà. Il se pencha sur ma bouche et l'embrassa avec douceur.

- Je suis content de t'avoir à mon bras ce soir, avoua-t-il, j'aurais trop peur de te laisser filer entre mes doigts.

- Que voulez-vous dire par là ?

- Eh bien, je me dis que je ne serais pas le seul à te lorgner durant la soirée. Je crois que tu ne te rends pas compte de ce que je vois sous mes yeux. 

Ruban & Porte-jartellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant