Chapitre 6

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     Je suis tellement absorbé par la musique, par mes pensées et surtout par le spectacle qui se déroule sous mes yeux que je n'ai pas remarqué la présence de ma mère qui avait réussi à pousser la porte assez pour pouvoir passer sa tête. Lorsque je me rends compte de sa présence, je sursaute tellement fort que mes écouteurs s'enlèvent de mes oreilles. Malgré cela, la relation entre moi et mes larmes n'est pas brisée même si moins stable que tout à l'heure. Mais je ne fais pas attention à ce phénomène et je fusille du regard ma mère qui s'est introduite dans ma bulle de semi-sérénité. Elle affiche une mine mi-bouleversée et mi-étonné car ce qui se passait sous ses yeux n'est pas commun, même pour elle. Ma colère, bien que toujours ardente, baisse d'intensité devant son visage.

- C'est impressionnant, dit elle dans un souffle, les yeux exorbités.

- Quoi ?, dis je sèchement en détournant les yeux.

     C'est en me retournant que j'ai vu les gouttes d'eau encore entrain de se mouvoir en cercle et spiral d'une façon des plus coordonnées. J'entends encore les paroles dans ma tête, qui se mêlent avec mes sentiments pour donner une harmonie en moi qui persiste et qui prolonge la relation. Je laisse donc l'eau continuer son ballet devant nous tout en donnant plus en fredonnant l'air. Les larmes dansantes bougent alors plus gracieusement et plus rapidement.

     Je leur intime ensuite, par d'infimes modification de la voix, de se diriger vers la fenêtre et, lorsque j'arrête de chanter, les gouttes stagnent quelques instants avant de tomber brusquement.

     Je me retourne encore une fois vers ma mère qui affiche maintenant un air gêné.

- Qu'est-ce que tu voulais ? demandais je, encore agacé et surtout toujours aussi déçu.

- Euh... je voulais essayer de m'excuser m...

- T'excuser de quoi ? De m'avoir menti sur ma véritable mère ? Pas besoin je commence à être habitué vu que ma vie est un mensonge sur toute la ligne depuis le début de ma vie !

- Mais j'ai voulu te protéger !

- Me protéger de quoi ?! Je suis ce que je suis et je me doutais bien que quelque chose n'allait pas chez moi !

- Nan...

- Je suis un putain de monstre. Même vous, vous n'avez jamais vue quelqu'un comme moi, alors que vous êtes bien chargées toutes les trois en bizarrerie.

- Mais tu...

- Arrête de nier l'évidence, explosais-je les larmes aux yeux, je le vois bien dans vos yeux que tu as pitié et mamie veut se servir de moi dans un projet à la noix ! Vous me prenez pour un monstre !

- ECOUTE-MOI ! tu es tous sauf un monstre. Tu restes mon fils même si je ne suis pas ta vrai mère ! Nous te trouvons juste vraiment talentueux car la seul personne à avoir approcher un tel niveau de maitrise c'est... ma sœur car elle reste celle qui t'a mis au monde. Mais ton père était un Bardes très talentueux aussi. Personnes ne pouvait les battre lorsqu'ils étaient ensemble. Et tu as visiblement hérité de leur talent. Mais nous ne t'avons jamais considéré comme quelqu'un ou quelque chose d'autre que toi, Jackob. Nous étions ébahies devant ce que tu avais fais car c'était magnifique. Mais même ce que tu viens de faire est très impressionnant. Il m'a fallu deux ans pour atteindre un tel niveau de maitrise ! Et toi tu n'as même pas encore 17 ans et tu y arrives comme si tu l'avais toujours fais.

- Ça me viens instinctivement...

- Justement c'est ça qui est incroyable ! Mais je me suis toujours doutée que tu serais spécial.

- Pourquoi ?

- Déjà, tes parents étant de bon Chanteur et Barde, on pouvait se douter que leur enfant serait doué mais , même si on oublie ce point, tu as toujours une certaine affinité avec la musique. Petit, lorsque que tu chantais surtout, ça se voyait que tu y mettais toute ton âme, tes sentiments. Et ça arrivait que tu déclenches de petites averses ou une bourrasque. Mais, grâce au pendentif, un Motus, que tu porte au cou,  tu ne faisais rien de plus en ça restait assez rare. Mais de base ce collier à pour but d'empêcher les pouvoirs de se manifester tous court. Il est même parfois utilisé pour empêcher un adulte d'utiliser ses pouvoirs. Mais tu arrives à le contourner à moins que le Motus ne puisse simplement pas maintenir ton pouvoir.

- Donc tu veux dire que ce collier m'a été donné pour m'empêcher d'utiliser mes pouvoirs ?

- Oui je pense que ta mère voulait que tu reste loin de ce monde et donc elle te l'a mis quand elle m'a déposé chez moi. C'est pour ça que je ne t'ai jamais parlé de tes origines ou de tes pouvoir.

- Attend attend, dis-je en me prenant la tête, en proie à une grande incompréhension. Si je récapitule, je suis le fils d'une Chanteuse et d'un Barde super talentueux, j'ai un grand pouvoir (donc de grande responsabilité) et on m'a mis à la naissance un collier qui s'appelle un Modus...

- Motus, reprend ma mère

- Oui oui, un Motus, qui de base devait m'empêcher d'utiliser mes dons mais qui se révèle pas assez efficace et il les diminue seulement. C'est ça ?

- Oui c'est ça, répond ma mère adoptive, résignée et soulagée.

- Si je n'avais pas vu ça par moi-même, je n'y croirais pas du tout, dis-je en secouant la tête. Mais, en fait, de quoi fallait il me protéger car tout à l'air de bien se passer ? Et c'était quoi ce qui nous est arrivés dans la forêt ? Est-ce que ça à un rapport avec ma mère biologique ?

     Avec tous ce qui s'est passé depuis, la course dans la forêt m'était sorti de la tête et commence seulement maintenant à déverser son lot d'inquiétude et de peur dans mon esprit. Je commence à paniquer.

     Mais ma mère, qui a vu le trouble dans mon visage, m'a pris dans ses bras comme quelques années plutôt, lorsque je me réveillait en sursaut d'un cauchemar. Mais, contrairement à tout ado normal, ce que je n'ai jamais été, je sert ma mère plus fort et pleure silencieusement sur son épaule. Mon univers entier est chamboulé mais je sais qu'il me reste un point d'ancrage dans ce monde devenu fou et c'est ma mère, un pilier inébranlable qui ne disparaîtra jamais.

     Je lève les yeux au bout de quelques instants, juste à temps pour voir Kya, un sourire triste sur le visage, retourner dans le couloir.

The Sound ChildOù les histoires vivent. Découvrez maintenant