Partie 8

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Abass était un homme bon. J'ai sifflé son regard au delà de tout espoir, pour trouver ce que je cherche et que je n'ai jamais connu, je reste immobile très longtemps, regardant la vie, puis, je me dis, que rien n'est encore fini, les choses ne font que commencer, il existe tant de gens dans cette vie, on en rencontre de toutes les couleurs, et c'est de cette manière que ce distingue le destin. Nous n'avons pas toujours le choix, et pourtant, nous n'arrêtons pas de nous décider, sans vraiment être sûr. Les scénarios se dessinent, parfois le courage nous aide, puis la chance, puis le hasard, on ne sait jamais, n'empêche, je continue à siffler dans son regard, pour que nous pussions mieux voir, mieux entendre, mieux appréhender. Tout vient, puis tout s'en va, le temps ne nous attend pas, n'attendons pas le temps si non, notre vie serait un perpétuel recommencement. Apprenons à pardonner. Il ne sert à rien d'avoir un cœur de pierre, avançons vers l'essentiel. La rancune, la vengeance, la haine ne nous agrandissent pas. Un cœur noble et un cœur qui s'écarte, qui fait l'impensable.
Le départ de Abass m'a rappelé le jour du voyage sans retour de ma grand mère, quand ma mère disait aux voisins " ma mère est partie" tout en sanglot... Je l'ai regardé sans avoir les mots nécessaire pour la consoler, mine triste, elle se servait de son grand boubou afin d'essuyer son visage méconnaissable. Ce jour là, j'ai retenu une parole que je peine à oublier... "Adouna amoul solo".

Je porte toujours le bracelet qu'Abass m'avait offert en guise d'adieux. Je retiens son message. " Ne recule jamais " C'est aujourd'hui que je comprends mieux son sens, j'ai peut être été lâche. Je n'aurai jamais du abandonner. Je n'aurai jamais du signer. J'éprouve le remord d'avoir trahi ma dulcinée, d'avoir signé la fin de notre histoire. Après tout le mal ne finit jamais par triompher, le bien l'emporte toujours.
Les vacances étaient presque finit pour moi, le jour de mon départ était proche. Mon père avait dépensé toute ses économies afin de m'acheter des habits neufs. Quelques chemises à la friperie, deux pantalons deux paires de chaussure, il était très fier de moi. Quand à ma mère elle avait vendu ses pendentifs, ses objets de valeur afin que je puisse avoir un peu d'argent de poche sur moi.
Elle redoublait les prières pour moi. Une mère est une armure pour son enfant. Je pense à tous ces enfants qui ont perdu leur mère. Certains n'ont pas eu la chance de les connaître. Pourtant ils pleurent tous les jours
Ils se noient dans leur souffrance ! L'absence de leur mère leur dévore le coeur. Mais leur amour pour leur mère restera toujours vivant, même si leur peine est comme un feu qui leur brûle les entrailles. J'ai envie de récrire leur histoire. Récrire à partir du moment où elles les nourrissaient du lait de leur poitrine,
Quand elles leur changeaient les couches
Quand toute une nuit entière, elles ne dorment pas...

Veillant sur eux. Leurs fines oreilles supportant les cris pénétrant Et pourtant avec tendresse elles les berçaient, sans jamais se lasser.
Je quittais mon pays, mon quartier qui m'a vu naître et grandir, mes frères et soeurs mes amis d'enfance partant vers l'inconnu. Je me posais beaucoup de questions, comment c'est à l'intérieur de l'avion ? Je n'avais l'occasion d'en voir que tout haut volant dans le ciel s'enfonçant dans les nuages avec beauté. Je m'étais toujours dit que voyager par avion était un mode de vie qui ne concernait que les autres et non pas moi. Et se dire que d'ici quelques heures je serai sur Paris, une ville que je n'avais eu l'occasion de voir qu'à la télé et sur des photos. Ma vie m'avait surprise. Est ce une surprise agréable ou pas, je n'en savais rien. À l'aéroport ma mère m'avait serré très fort dans ses bras, elle ne m'avait encore jamais serré aussi fort tandis que mon père avec son chapelet ne cessait de prier pour moi. Je ne vous raconte pas la suite, ça n'a pas était facile de leur tourner le dos ce jour là.
La vie a ses secrets, dans des regards vides
On trouve des voix, des larmes... Marcher plus loin, sans jamais arriver de l'amour dans l'air, la haine à coté. On ramasse la peur... On ramasse des sourires. Le cœur continue à taper. Derrière se trouve le présent. Tout est fini sans que rien ne commence.

La magie du Premier amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant