La tante de Samia avait appelé mon papa. Il s'est sans doute passé quelque chose avec la lettre que je lui avais remis. Elle a du la découvrir. Elle avait signalé à mon papa que Samia n'était pas faite pour un jeune comme moi. Que je n'avais rien à espérer. Elle ordonna à mon père de me mettre à l'écart de sa nièce, tout en précisant que si toute fois je m'entêtais à la revoir je le regretterai de toute ma vie.
Etant très obéissant, j'ai écouté mon père malgré l'énorme chagrin que je ressentais, je suis resté des nuits sans pouvoir dormir à penser à elle. Mon cœur s'est brisé. Je n'avais plus envie de rien. Des jours sont passés, des semaines. Les vacances étaient finies et Samia était rentrée chez ses parents. Mon cœur refusait de cicatriser. Je me disais que je ne pouvais jamais l'oublier. A chaque fois que je faisais mon jogging à la plage, mes pensées étaient lourdes de souvenirs. Je revoyais encore nos images à l'endroit où j'avais fait sa connaissance. Il m'arrivait de scruter l'horizon en espérant revoir sa silhouette. Il m'arrivait de parler seul et d'attendre qu'elle me réponde, je me sentais seul sans elle. J'étais sûr que mon cœur lui appartient. Je ne sais pas si vous aviez déjà vécu cela, vous séparer d'une personne que vous aimez encore, c'est encore plus dur quand on vous oblige à quitter votre moitié. Mon sourire m'avait quitté, je ne faisais que penser...
Il m'arrivait de lui écrire des lettres et de les garder pour moi. Et un jour, en fouillant mes affaires j'étais tombé sur d'entre elles. Elle disait ;Chère Samia
A force de penser à toi, une solitude mortelle m'entoure
Ma bouche muette, mon regard obscure, ma mine désemparée
Je suis perdu dans mes idées.
Je n'ai pas appris à vivre sans toi, je souffre...
Je souffre car les échos de ta parfaite voix sonnent plus que jamais autour de moi
Je souffre car ton beau sourire maquille toujours mes fades journées.
A force de penser à toi, je suis devenu plus fragile qu'un oiseau perdu dans le désert, j'ai mal, de ne plus pouvoir te toucher, j'ai mal de ne plus pouvoir te parler.
Quand je pense à toi
Je me change en une mer agitée, balançant ses vagues au rythme de sa passion.
Je pleure ton absence, mes larmes, comme une longue pluie, arrosent mon chagrin,
Rien ne peut redevenir comme avant
Tout simplement parce que tu n'es pas là.
PS Malik.
Lire cette lettre avait apporté un déclic dans mes ambitions. Je me suis mis à réfléchir. On ne peut pas mettre un amour si fort et si sincère dans un placard. Et si je ne réagissais pas, ma vie resterait un éternel chagrin. Samia m'attend sans doute quelque part, pensant à moi comme je pense à elle.
Comme à nos premiers jours, je suis parti m'accoster à coté de chez sa tante, c'est à ce moment là que sortit La fille qui m'avait offert de l'eau. Elle s'appelait Faby. Je l'ai croisé et je l'avais supplié de me donner l'adresse des parents de Samia, qu'elle était ma seule chance de la retrouver. Elle avait hésité longuement avant de me faire comprendre que Samia avait été contrainte de rentrer. Qu'elle s'était confiée à elle, et qu'elle m'aimait énormément. Elle ne connaissait pas l'adresse exacte des parents de Samia, mais c'est à Joal.Il me vint l'idée de regarder sur l'annuaire téléphonique. Le nom de famille de Samia est Kerzazi, j'ai trouvé une seule famille Kerzazi à Joal. Il fallait que je tente le coup, j'avais l'adresse et le numéro tout en étant pas sûr si c'est la bonne. Le lendemain j'ai pris le car, direction Joal dans le but de retrouver l'amour que j'ai perdu.
La route vers Joal est bordée d'un magnifique paysage. C'était la première fois que je me rendais dans ce coin du pays. En réalité, je n'avais encore jamais voyagé, c'était une première pour moi. Je n'étais pas du tout inquiété d'aller vers l'incertitude. Le car qui nous transportait roulait à vive allure. Chaque distance parcourue me rapprochait de Samia, je le sentais, mon cœur battait de plus en plus fort. J'étais arrivé à un moment, où je n'avais plus le courage d'abandonner ma Samia. Il fallait que je tente le tout pour le tout. Je suis resté longtemps à passer des journées le cœur écorché de chagrin, un mal que mes proches lisaient sur mon visage, mais dont personne n'avait le remède. La seule chose capable de me guérir serait le beau sourire de Samia. J'étais vraiment amoureux, mes sentiments étaient d'une grande sincérité. Je n'avais jamais connu cela avant. J'avais enfin refusé de céder à cette peur qui m'habitait, combattre tout ce qui me faisait douter. L'amour que je ressens pour elle était mon manteau. Je n'avais ni faim, ni soif. J'avais juste envie de la prendre dans mes bras pour ne plus jamais la perdre.
Samia est d'une tendresse incommensurable, quand elle parle avec moi on dirait qu'elle choisit ses mots, tellement elle sait s'exprimer et exprimer ce qu'elle ressent. Je me rappelle qu'on parvenait à se comprendre par le regard, tellement en si peu de temps nous avions noué une grande complicité. Tout cela me manquait, sa compagnie était pour moi telle une virée au paradis. Je me sentais tellement bien avec elle. La force de l'amour est la force la plus puissante dans cette vie, on a beau tout avoir , mais quand on se sent pas aimé, on a l'impression d'être une chose. Seul l'amour confère un sens à notre vie.
Nous étions enfin arrivés à Joal. Il ne me restait plus qu'une pièce de 100 Franc Cfa en poche, la gare, était à l'entrée de la ville, du coup il fallait que je prenne un petit taxi pour arriver à l'adresse que j'avais écrit sur un bout de papier. Sans argent, il fallait que je fasse cette distance à pied. Les personnes qui m'indiquaient la voie m'ont signalé que c'était loin, mais je ne craignais rien. J'ai commencé à marcher le long de la route. J'adorais le paysage idyllique de Joal, une magnifique ville, propre, des maisons bien construites, avec des formes expressives, les beaux cocotiers, et cette air marine qui me donnait le goût du premier jour où j'avais connu Samia. J'avançais tout en laissant mon intuition me guider.
J'étais enfin arrivé au quartier de la famille Kerzazi. Par chance un gardien que j'avais rencontré m'indiqua exactement où se trouvait cette maison, elle faisait face à l'océan et était un peu isolée des autres. Elle était peinte en rose. Une maison rose, devant un océan bleu au bordure verte, une plage au sable banc doré, de magnifiques fleurs mauves, un soleil jaune posé vers le couchant, Une belle jeune fille, portant un magnifique chapeau marron. C'est comme si elle avait senti ma présence, C'est comme si elle m'attendait, c'était bien ma Samia qui était assise devant chez elle, fixant la mer avec une attention particulière. Elle s'est retournée, elle m'a fixé du regard, a crié mon nom avec une telle émotion ! Puis a couru pour venir se loger dans mes bras. Tout mon corps tremblait d'amour, elle n'a pu retenir ses larmes, les miens étaient sortis en premier. C'était la première fois que l'amour me faisait verser des larmes...J'étais bien à Joal dans les bras de l'amour de ma vie...
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La magie du Premier amour
Short StoryMême les plus grands obstacles n'arrêtent pas un amour sincère et réciproque.