Partie 6

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Je suis parti annoncer la nouvelle à Abass, Je n'avais pas apprécié sa réaction au départ, il riait, et avait l'air de s'en foutre, mais par la suite j'ai compris les raisons de cette petite séance de moquerie, en fait des dizaines de personnes croupissaient dans cette prison depuis des années sans aucune convocation au tribunal. Le pire c'est que la plus part ne cessent de clamer leur innocence mais n'ont pas eu la chance de la démontrer. J'imagine leur état d'esprit. Notre existence ne devrait se limiter à ne penser qu'à nous. Avez vous déjà essayé de vous mettre à la place d'une personne, dans son fort intérieur, et imaginer sa vie, ses peines, ses souffrances, cela nous ouvrirait les yeux sur beaucoup de choses, et on serait un peu plus tolérant dans cette vie qui est juste passagère. J'étais assis dans mon coin à regarder le visage de chacun de ces hommes, et je m'imaginais, leur histoire, leur vie. Certains avaient l'air de tenir le coup et d'autres étaient plus proches de la folie. Dans ce lot, il y a des hommes qui ont laissé une épouse derrière qui sans doute vit dans une tristesse incommensurable, certains séparés de leur mère, de leur père; de leurs enfants. La prison, est un lieu de punition, mais nous devons aussi penser à trouver une solution afin de rendre meilleurs, apprendre à un bandit à être sociable, à un meurtrier à sauver des vies, apprendre à un voleur à gagner dignement sa vie, ainsi de suite. Tout le monde fait des erreurs dans sa vie, et si chacun devait divulguer ses erreurs au grand jour, alors les prisons ne suffiraient pas pour accueillir toute cette masse. Le jour de mon procès arriva, très tôt une fourgonnette de la police s'est garée, Abass était silencieux, et avait son chapelet, sans doute pour des invocations afin que tout se passe pour le mieux. Je n'avais pas encore eu le temps de finir mon petit déjeuner, on me menotta les mains. J'étais assis deux pénitenciers à mes cotés, j'avais hâte que la voiture sorte, que je puisse ne serait que quelques instants voir la nature, et humer cette air de liberté qui me manquait tant. Je me mis à penser à ma famille, mes amis, j'étais plutôt optimiste. Je sentais à mes cotés la présence de Samia, elle me manquait. La solitude me rongeait, j'ai commencé à ressentir toute ma fatigue, mon sourire était parti, je ne faisais que penser, car vivre sans Samia n'était pas dans mes plans. J'avais juste besoin de la voir à cet instant précis, de sentir sa tête posée sur mon épaule, sentir son souffle quand elle respire, caresser sa douce chevelure, entendre sa voix angélique. Au tribunal, j'avais été accueilli par le greffier histoire de s'assurer de la présence des détenus convoqués. Puis on m'a enfermé dans une cellule d'où j'attendais mon tour. Tout devait se faire le même jour, ils ont commencé par la phase d'instruction, on me reprochait d'avoir kidnappé Samia et de l'incitation à la débauche. Il n'en était rien de tout cela, on m'avait commis un avocat, Maître N'diaye, il n'est jamais venu me rendre visite à la prison, et a jeté un coup d'œil vite fait sur mon dossier. Il m'a demandé ce que faisait mes parents dans la vie, y avait il quelqu'un de riche dans ma famille, est ce qu'il y a des gens qui seront en salle d'audience pour moi. Des questions qui n'avaient rien à voir avec les raisons de ma présence dans ce tribunal. Quand il s'est rapproché de moi, j'ai senti l'odeur de la bière, en fait il était plus proche de l'ivresse. Je me suis dit que je ne devais pas compter sur lui pour m'en sortir, je ne pouvais compter que sur moi, trouver les arguments nécessaires pour convaincre le juge. Dans la salle on nous fit signe de nous lever, le juge est entré mon procès venait de commencer.
'' Un jour à la plage, par hasard, j'ai porté secours à une fille qui venait de faire un malaise, cette occasion m'a permis de faire sa connaissance, et avec le temps, nous avons appris à nous connaitre et l'amour est venu naturellement, en fait c'était le coup de foudre. Nous nous sommes promis de nous aimer pour la vie, mais avec le temps, nous nous sommes rendus compte que cet amour était vu d'un mauvais œil du coté de sa famille, on a été séparé pendant un moment, avant que le destin nous unisse à nouveau et on s'est donné le courage de donner une chance à cet amour qui est si fort d'exister, de lutter contre ceux qui ne veulent pas l'enflammer, nous avons décidé de nous enfuir, de faire une vie, de créer notre monde, où l'on pourrait décider par nous même sans que la société nous juge, sans que des personnes nous dictent leur loi. Et aujourd'hui encore, je pense sortir et la retrouver, afin de continuer ce que nous avons commencé, afin de vivre notre rêve. Là où je vous parle, je suis convaincu qu'elle pense à moi, qu'elle prie afin que je la retrouve. Est ce un crime d'aimer? '' quand je me suis retourné, j'ai remarqué que mon avocat dormait en pleine séance... Le juge ordonna une pause, tout cela était un cirque. Dans ma cellule, j'attendais la reprise de mon procès, quand un homme s'est approché, c'était le papa de Samia. Il était vêtu en tenue de magistrat. Il me fit comprendre que je n'avais pas le choix, qu'il avait éloigné Samia, qu'elle ne vivait plus au pays, elle est partie au Canada poursuivre ses études, il voulait que je lui donne ma parole de ne plus chercher à entrer en contact avec elle, et que je signe un papier qui le certifierait, et que je serai coupable de délit si toute fois je m'approchais d'elle, c'était la condition pour que je retrouve la liberté, et si je refusais, je serais emprisonné pour 10 ans, car Samia n'avait que 17 ans, elle était mineur, et moi j'en avais deux de plus qu'elle. Après un moment de silence, j'ai pris le papier et j'ai signé, sans bien trop réfléchir, mais rester 10 ans en prison Samia bien loin de moi n'était pas non plus la meilleure des solutions. Je suis retourné auprès des miens, auprès de ma famille. Le cœur brisé en mille morceaux. Je n'aurai jamais la force ni le courage de le recoller. Je n'avais pas les moyens de voyager de la retrouver. Une partie de moi est partie, oui, elle était bien une partie de moi. Ma douce moitié... Ça n'avait pas était facile de faire mes adieux à Abass. Il m'a offert un bracelet. Un objet dont selon ses dires, il se s'est jamais séparé. Je lui avait promis d'en prendre soin.'' Ne recule jamais'' c'est le message qui est gravé dessus. 

La magie du Premier amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant