Chapitre 3 : Obsession et amour

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Cette nuit là, après avoir quitté la maison de Lilith, je rêvais d'elle pour la première fois. Lorsque je fermai les yeux, l'image grandiose de son autoportrait s'imposait à moi, me faisant perdre mes repères. J'étais déboussolée par cette femme qui me poursuivait jusque dans mes rêves et qui me semblait si familière, bien que je ne l'ai rencontrée que récemment. Tout ces moments passés avec elle, ces souvenirs qui se mélaient et s'entremélaient, sans vouloir sortir de ma tête, m'obsédaient. Je revoyais son visage avec une netteté impressionnante qui n'est pourtant pas caractéristique des rêves en général. J'entendais sa voix, comme si elle me chuchotait dans l'oreille, et je pouvais la toucher, caresser ses doux cheveux, ses courbes parfaites. Tout mes sens étaient en éveille face à cette créature divine qui représentait déjà tout pour moi. Cette nuit là, je pris enfin conscience de ce que je ressentais pour Lilith : Je l'aimais.

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Quelques jours passèrent sans que je ne puisse me détacher de l'image de Lilith. Elle était entrée dans ma tête et sa pensée me poursuivait à chaque seconde de ma vie. Mais j'aimais ça. Cependant, elle restait à une distance de moi qui m'était insupportable. Je ne pouvais plus seulement la voir en simple amie tant la flamme qui me consumait à son égard était puissante. Je voulais toujours plus, toujours être plus proche.

Depuis le jour de notre altercation, je n'avais reparlé ni au président du conseil des étudiants, ni à aucun autre de mes camarades de classe qui avaient pris la bonne résolution de m'ignorer à cause de l'incident. Mais je n'avais pas besoin d'eux. Lilith était la seule dont j'avais besoin.

Je me décidais alors à écrire une note sur une page déchirée afin de lui donner rendez-vous sur le terrain vague situé derrière l'établissement, après les cours, dans l'optique de lui déclarer ma flamme. Je lui glissais alors le morceau de papier roulé en boule dans son sac et guettais avec impatience le moment où elle l'ouvrirait. Ce moment arriva peu après le déjeuner et un sourire joyeux se dessina sur son visage à mesure qu'elle lisait mon invitation. Je savais dès lors qu'elle allait me rejoindre là bas, et mon coeur palpitait déjà d'impatience à cette vision. Dès que la cloche retentit, je m'empressai alors de ranger mes affaires et me rendis sur notre lieu de rendez-vous avec précipitation, bousculant quelques étudiants au passage, qui me lancèrent des regards hostiles. Une fois derrière la grille, je repris mon souffle difficilement, tremblante à la fois d'excitation mais aussi d'appréhension face à ce que je m'apprêtais à faire. Je répétais alors en boucle dans ma tête ce que j'allais dire et ce que j'allais faire, quand elle arriva, plus belle que jamais. Dès que je la vis, toutes mes angoisses me quittèrent et dans la fougue du moment je lui pris la main pour l'attirer contre moi. Répondant par la positive à mon invitation, elle ne cessa pas d'avancer, collant son torse au mien, jusqu'à me plaquer contre la grille du terrain vague, qui émit un grand fracas métallique au contact de mon dos. Elle bloqua mes mouvements en plaquant une de ses mains sur le grillage proche de mon visage, son autre main se posant délicatement sur ma hanche. Son visage se rapprocha doucement du mien et elle plongea ses yeux de feu dans les miens, tandis que je ne perdais pas une miette du spectacle somptueux qui s'offrait à moi. Elle s'arrêta à quelques centimètres de mes lèvres, et je pouvais sentir son souffle chaud me vivifier dans le froid ambiant. Je me décidais alors à clore le peu de distance qu'il restait entre nous et fermai les yeux. Nos lèvres se scellèrent dans un pacte qui nous était à chacune vitale. Ce baiser représentait notre union qui durerait, je l'espèrais, toute notre vie. Toutes mes peurs, tout mes doutes que je nourrissais depuis ma rencontre avec Lilith s'envolèrent instantanément. J'avais enfin accepté ma vrai nature. À ce moment là, pas besoin de mots, on se comprenait et nos gestes parlaient pour nous. Nous étions enfin liées, et, comme si Lilith attendait ce moment depuis si longtemps, elle prologea et approfondit notre baiser. Et nous restâmes ainsi, dans ce terrain vague, jusqu'au bout de la nuit.

LilithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant