L'amour morne 🤨

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L'estime, l'adoration de même que la ferveur qui se mêlent à l'air des liaisons fraternelles ne cessent jamais de nous rafraîchir. Par moment, on se voit autrement dans un miroir sans comprendre que nos reflets sont le résultat de ce que nos âmes ont pu traverser jusque là. Beaucoup de bonnes ou mauvaises surprises ne seraient pas produites dans nos vies si nous refusions nous-mêmes d'y participer.
Mieux vaut croire plutôt que penser vainement, car les sentiments ne trompent jamais.
C'était cette croyance sans pareil qui palpitait dans les cœurs de ces membres démantelés par le coup de la nature.
De la sorte, l'heureux vent avait parvenu à mettre Mame Lala et la belle Zahara sur la scène de vie de Sadibou. Toutefois, tous trois ne pouvaient pas déceler leurs présences cachées.
Il faisait 10h, quand Sadibou descendit des escaliers pour préparer son petit déjeuner. Il avait l'air stressé et fatigué, on pouvait même dire qu'il s'était levé du pied gauche.
En ce moment là, Zahara Elle, était de l'autre côté de la façade, elle faisait le ménage avec une telle délicatesse.
Son frère lui était dans la salle à manger mais il n'avait pas d'appétit, il avait même pas pris une bouchée, Sadibou était mélancolique sans le comprendre.
Soudain, il prit le plat d'omelette, la tasse de lait et le jus puis sortit de la maison. Il se tenait devant l'entrée et guetter dors et travers, on dirait qu'il attendait les mendiants passés comme il avait l'habitude de faire avec les restes de repas. Il était connu de tous les mendiants surtout les petits, mais on dirait qu'il cherchait Mame Lala dans les recoins. Promptement, il l'appercût entrain de quémander de quoi mettre sous sa dent près de l'épicerie d'à côté ce qui n'était jamais de ses habitudes. Sadibou l'interpella avec une extrême touche de mélancolie. Mame Lala se retourna puis se précipita vers la main de cœur qui venait à son chevet. Une fois l'avoir donné le petit déjeuner, Sadibou peinait à la quitter, il la regardait manger sans se retourner et d'un coup, il lui proposa:
_Grand-mère, puis-je vous demander une faveur ?
Avec le visage teinté d'amertume et de langueur, Mame Lala lui répondit:
_Que me veux-tu jeune homme ?
_Rien de déplaçant, je veux juste que tu me donne la faveur de pouvoir vous mettre en rapport avec notre gardien pour qu'il vous ramène les trois repas quotidiens et tout ce que vous désirez d'autres. Ici, c'est une grande ville et il est très dangereux pour vous de sillonner les rues avec votre état, reprit Sadibou. C'était touchant de le voir se soucier de sa propre mère sans le savoir.
Toutefois, Mame Lala accepta tout en montrant sa belle dentition avec un regard figé et flou par ses gouttes de larme qui sortaient involontairement de ses yeux de mère. Elle, comme Sadibou, elle ignorait totalement que c'était son sang qui se soucier de son bien-être.
Ainsi, Sadibou reprit la ruelle qui s'acheminait vers sa résidence tout en dégageant de la pudeur. Toutefois il ne pouvait pas imaginer que ce n'était que le début.
Une fois pile à l'entrée, il se trouva face à Zahara qui tenait un sac de poubelle, Sadibou laissa tomber son téléphone et resta coi, statuer et sans voix devant la belle Zahara. Elle aussi, elle lâcha son sac parterre puis baissa la tête et avec une voix mince et innocente, elle lui demanda:
_Voulez-vous bien me céder le passage, je dois sortir le sac avant qu'il tâche le carrelage.
Réveillé de son sphère rêvasseuse, tout agité, Sadibou ajouta:
_Veuillez m'excuser, je suis pas dans mon assiette aujourd'hui. Ne vous fatiguez pas, laissez moi sortir les ordures.
_Non, ça fait rien, je m'en occupe, merci de votre sympathie, conclut Zahara tout en ayant le souffle entrecoupé.
En effet, Sadibou ne la quittait pas des yeux, il guettait son retour près des escaliers.
Soudain, Katy le rejoignit puis avança :
_Où était tu passé? Je t'ai cherché partout.
_J'étais dehors chez le gardien, je prenais du thé, ne t'inquiètes pas. Bonh où est papa? Demanda Sadibou tout en noyant le poisson.
_Il est dans le salon, il prend son petit déjeuner, moi je veux aller à l'épicerie, ça te dirait de m'accompagner, supplia Katy.
_Non vas-y sans moi, je dois m'entretenir avec papa, tu m'en voudras pas j'espère?
_Non pas du tout, de toute façon je vais pas durer, termina la douce Katy.
Hâtivement, Sadibou accourut vers le salon et trouva son père au téléphone. Il prit place sur le canapé, et patientait tout en jouant avec ses doigts.
Une fois terminé, Mr Diouf lui salua puis lui demanda:
_Qu'est-ce qui t'arrive mon grand, on dirait que quelque chose ne va pas?
_Papa, en toute franchise, je ne sais pas ce qui se bouscule dans ma tête depuis hier et ces pensées se solidifient petit à petit.
Mais papa, avez vous vu la dame qui s'est installée sur la véranda de l'immeuble d'à côté?
_Non pas du tout, depuis hier matin, je n'ai pas mis les pieds dehors, qu'est-ce qu'il y a, c'est une folle, ta peur d'elle?
_Non au contraire j'ai pitié d'elle papa, elle est si pauvre, affamée et sans protection, c'est moi-même qui lui ai donné mon petit déjeuner ce matin. Franchement ça me tue de la voir dans cet état, je sais même pas pourquoi.
_Ne t'en fais pas, je sais parfaitement de quoi tu veux parler, maintenant que devons nous faire, car à te voir je sens que tu veux être à son chevet. As-tu une idée?
_Je dois te dire que suis désolé de l'avoir proposer que la gardien lui ramènera les trois repas du jour et en plus quoi qu'elle puisse avoir besoin, et je l'ai fait sans vous avoir consulté.
_Et saches que tu as bien fait mon fils, j'applaudis vraiment ton côté charitable, au moins tu partage mon rêve qui est de toujours bien faire pour les personnes qui sont dans le besoin. Il n'y a pas de soucis, c'est noté, on fera comme tu le souhaites mon fils.
Tout d'un coup, la belle Zahara frappa à la porte puis avança vers Mr Diouf le salua ainsi que Sadibou et avant qu'elle s'apprêtait à sortir, Mr Diouf l'interpella:
_Voyons, tu veux partir sans que je te présente à mon fils, aller viens ma fille, lui c'est Sadibou, c'est le cadeau que la nature m'a offert, c'est lui le maître de la maison ajouta Mr Diouf avec un sourire délicat.
Toujours la tête baissée et les mains accolées, Zahara le salua de nouveau puis le patron reprit:
_Mon fils, elle c'est Zahara, elle est ici depuis hier matin, elle veux faire partie de notre famille. Donc sois réjoui car tu as deux sœurs maintenant, termina Mr Diouf.
Avec les yeux hors des orbites et à la bouche ouverte, Sadibou n'entendait plus rien, il alla jusqu'à redemander de nouveau le nom de la belle fille à son père qui lui, commençait à nager dans des questions que lui-même ne détenait les réponses.
Ainsi, Sadibou accourut jusqu'au jardin et se mettait à faire des allers retours incessants. Il essayait de se replonger dans ses souvenirs de jadis, il se parlait à lui-même et se frottait le front comme si ce nom qu'il venait d'entendre lui grattait l'esprit.
Toutefois, dans la cousine, Zahara tremblait comme une feuille, elle s'essoufflait à bout de force comme un marathonien au bord de l'infarctus.
Elle aussi, elle essayait de deviner quelque chose mais à vain, des souvenirs lui traversaient la tête mais difficile d'y croire. Elle était devenue automatiquement un béni-non-non face à tout cela.
Ainsi, on voyait les maillons se dessiner mais il était très difficile pour Sadibou, Zahara, de même que leur mère d'établir une liaison parfaite et délicate.
Toutefois, et pas comme leur mère qui, rongée par l'amertume, la tristesse et la langueur, ne se souvenait plus de rien. Sadibou et sa sœur essayaient eux de voyager dans les temps passés. L'amour fraternel était quasi traçable mais morne à la fois.
Restait à savoir si ils parviendraient à voir clair dans leurs souvenirs enfantins ou si le hasard allait continuer son tour.
Seule la suite nous le fera savoir sur un cap d'espérance, de tendresse et d'humour.

Mame Lala et ses jumeaux🌪️☀️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant