2. Annonce épistolaire (version éditée)

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Très émue par la déclaration écrite de son époux, Alinor se renversa sur le lit, le parchemin plaqué sur son cœur. Elle ferma les paupières et visualisa Gautier tel qu'elle l'avait vu la dernière fois qu'ils avaient passé la nuit ensemble. Elle se remémora l'expression tendre de son visage lorsqu'il lui avait assuré qu'elle était précieuse à ses yeux. Quand elle sentit quelque chose de tiède et humide rouler sur ses tempes, la jeune femme se rendit compte qu'elle était en train de pleurer. Cette prise de conscience fit céder le barrage qui contenait ses émotions. Sa gorge se serra et les larmes s'amoncelèrent sous ses paupières puis dévalèrent le long de ses joues sans qu'elle puisse arrêter le flot. Au bout de quelques minutes, Alinor pleurait à chaudes larmes, le corps secoué de sanglots.

C'est dans cet état que la trouva lady Judith en pénétrant dans sa chambre. Lorsqu'elle vit sa fille recroquevillée sur le lit, agitée de soubresauts et qu'elle entendit ses petits reniflements, elle n'eut aucun doute sur son état d'esprit. Elle s'approcha de la couche, s'assit tout contre sa fille et lui caressa les cheveux, sans un mot. Au bout d'une dizaine de minutes, Alinor finit par se calmer. Quand elle eut séché ses larmes, elle roula sur le dos et vint poser sa tête sur les genoux de sa mère.

— Pourquoi ce gros chagrin, ma chérie ? N'es-tu point contente d'être rentrée à Thurston ?

— Bien sûr que je suis soulagée d'être de retour à la maison. Mais...

— Mais ?

— Gautier... Gautier est venu pendant mon absence.

— Je sais ma chérie.

— Il n'a pas pu attendre notre retour. Il est reparti de suite.

— Oui, Edwin me l'a dit. C'est cela qui te rend si malheureuse ?

Alinor haussa les épaules avant de murmurer :

— Je... je crois. J'aurais tant voulu le voir.

— Personne ne pouvait prévoir que nous serions appelées à Emerson et, d'après ce que m'a rapporté Edwin, il était en mission pour le roi et ne pouvait s'attarder à Thurston.

— Je sais cela, maman, mais...

Avisant un rouleau de parchemin à moitié enfoui dans les replis de la couverture en fourrure, lady Judith fronça les sourcils et demanda avec un petit geste de la main :

— Qu'est-ce donc ?

Alinor tourna la tête et suivit le regard de sa mère. Elle se redressa et s'assit sur le lit avant de prendre la missive. Elle la serra entre ses doigts puis la pressa contre son cœur.

— C'est... c'est un message de Gautier.

— Oh ! C'est une gentille attention de sa part, non ? À moins... à moins que cette missive soit à l'origine de tes larmes ?

— Oui... non !

Lady Judith haussa les sourcils

— Oui ou non ? Il t'a écrit quelque chose qui t'a fait de la peine ?

— Nooon ! Au... au contraire. Je crois... je crois qu'il m'a fait une déclaration. Lisez maman et dites-moi ce que vous en pensez.

Sous le regard anxieux de sa fille, la dame de Thurston déroula le parchemin et lut rapidement la missive. Au fur et à mesure de sa lecture, un sourire s'épanouit sur son visage. Une fois qu'elle eut terminé, elle se tourna vers Alinor en lui rendant la lettre.

— Oh oui, ma fille, il n'y a pas de doute, ton époux tient beaucoup à toi. C'est une belle déclaration, tu n'as aucune inquiétude à avoir sur ses sentiments. Même s'il ne le dit pas textuellement, il semble amoureux de toi, ma chérie.

Combat d'Amour - Tome 4 [Editions AdA septembre 2019 - autoédition 2023]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant