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Précédemment :
Eren est tombé malade le jour de son défi. Alors qu'il était en train de se doucher, Eren revoit les mêmes hallucinations qu'il avait vu auparavant.
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Je tends difficilement le bras vers une serviette blanche qui glisse doucement à mon toucher. Elle se tache de sang avant de s'imbiber totalement. 

C'est pas vrai.
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Un passé scellé,
Des souvenirs enfouis, 
Des angoisses si fortes que même ses cauchemars semblent réels,
Des silences qui me paraissent éternels.
Voilà qui est Eren Jaeger. 

L.Ackerman. 


- Eren calme me toi et essaie de prendre de grandes inspirations, affirma Livai en s'agenouillant en face de lui.

Je tousse. Encore et encore. Une toux si sèche qu’elle m’écorche de l’intérieur. J’ai l’impression de crever au cœur de cet amas de rouge intense. Je m’affole. Mes yeux parcourent nerveusement la pièce. Un endroit, une sortie, une porte. N’importe quoi qui me fasse sortir de cet enfer. Je ne veux pas rester ici. Il faut que je sorte au plus vite. J’étouffe. Je le vois. Il est là. Je tends ma main vers sa chemise noire que j'agrippe avec force. 

- Du s-sang. 

- Il n'y pas de sang ici.

Il ment. Il y en a partout. Il recouvre lentement la pièce. Il va m’engloutir.

- S-si sur ta chemise, dans l'eau, sur la serviette, prononce-je entre coupé par ma toux.

Je sens ses mains se poser sur mes joues afin que je puisse le regarder. 

- Écoute-moi bien, il n'y a rien ici. 

Ses yeux gris se font convaincants. Il passe doucement son pouce en dessous de mes yeux. Il l’a aussi fait dans ce parc il y a quelques jours. Ce geste me calme, il le sait désormais, ces orbes argentés s’efforcent d'être bienveillants. Le sang est toujours là. Mais lui aussi il est là. Doucement. Petit à petit. Respiration par respiration. Regagner un rythme stable. Ralentir mon coeur qui s’affole depuis cette journée. Reprendre mes esprits. Comment j’avais réussi la dernière fois ? Cela dit ce n’était pas aussi puissant et la fièvre me fait délirer. Elle rend mes songes réels. Je crois bien que le phénomène est parti de lui-même, sans que je n’ai à faire quoi que ce soit. Il me l’a dit : il n’y a rien dans cette pièce. Je le sais. Mais je le vois, mes yeux ne perçoivent que ça. Putain qu’est ce qui tourne pas rond chez moi ?

Eren finit par fermer les yeux sans les rouvrir. Livaï lui apporta un nœud à sa serviette qu’il avait essayé d’attraper puis lui recouvrit le bas du corps. Il souleva le brun jusqu'à sa chambre en prenant soin de le vêtir d'un sweat-shirt qui se trouvait non loin de là dans sa penderie. Il le déposa ensuite doucement dans son lit puis tira les draps qui furent au préalable retirés par ses soins. Il prit enfin soin de prendre un patch refroidissant qu'il plaça sur le front de l'endormi avant de se poser un instant devant le lit d'Eren, réfléchissant aux événements qui venaient de se passer. Il n’y avait plus rien. Toutes les nuances qui dansaient dans ses yeux s’étaient éteintes. Un néant sombre et profond. Une noirceur vert synonyme de désespoir. Il cherchait une sortie qu’il ne trouvait pas. Il désirait une réponse qu’il n’obtenait pas. Même après ce geste qui semblait l’apaiser, il sentait bien que le brun ne le regardait pas. Il se battait contre une chose que lui ne percevait pas. Du sang, il le cherchait. Il parcourait ses prunelles grises dans tous les recoins de la pièce. Mais rien. Pourtant Eren le voyait. Si vivement qu’il n’a pu éviter d’être en hyperventilation. Est-ce la première fois ? Est-ce seulement parce qu’il était épuisé ? Sans doute pas. La fatigue lui ferait voir une chose qu’il effraie à ce point ? Impossible. Il y a quelque chose derrière. Une sombre angoisse qui le dévore silencieusement mais dont il n’en connaît pas l’identité. Il parle peu. Insulte beaucoup. Mais prends parfois des expressions si tristes qu’il avait envie d’en connaître l’origine. Il portait ses prunelles jades au reflet bleu vers cette fenêtre du bus, sur le paysage. Et pourtant son regard ne le voyait pas. Il regardait une chose qui ne se trouvait que dans sa réalité. C’est pour ça que, de temps à autre, Livaï cherchait son attention pour qu’il ne se noie pas dans ses pensées. Quand il la captait, Eren ne souriait pas. Il n’avait pas d’expression particulière. Il prenait seulement conscience que le noiraud était là. Il remettait les pieds sur Terre comme on dit. Il retrouvait ses minuscules lucioles qui s'exprimaient de différentes façons pour faire passer ses sentiments enfouis. Livaï désirait qu’elles brillent à jamais, sans s’arrêter et pour l’éternité. Pour ça il fallait bien découvrir la source de cet éclat, d’où sa longue et périlleuse quête vers le secret de ses joyaux verts. Quand bien même si cela prenait des années ! À ce « tu peux vraiment m’aider » prononcé ce jour-là, il répondait un grand oui. 

🅻et's 🆃est Où les histoires vivent. Découvrez maintenant