Arkansia

Chapitre 9

La discussion entre ses parents et Teken dura jusque tard dans la nuit. Ils parlèrent de sa scolarisation, du fait qu'elle habiterait dans Arkansia, de comment cacher son départ à ses proches. Passé une heure du matin, Julia n'écoutait plus qu'à moitié. Elle avait perdu le fil de la conversation et sa journée avait été trop émotionnelle pour qu'elle arrive encore à se concentrer. Quelques minutes plus tard, elle était dans son lit. On lui avait promis des explications plus concrètes le lendemain. Elle tira sa couverture sur elle. Mais juste au moment où elle allait succomber au sommeil, elle se rappela alors les paroles de Rant : «tu as ta place ici». Sans prendre la peine de continuer à chercher à comprendre le pourquoi du comment (elle n'avais même pas compris pourquoi elle devait aller vivre à Arkansia), la jeune fille ferma les yeux et s'endormit profondément.

Un homme aux cheveux bruns, pas très bien soignés, et une femme aux yeux bleus magnifiques, se trouvaient devant moi. La femme me souriait mais pleurait en même temps, quant à l'homme on sentait qu'il était triste aussi mais qu'il ne voulait pas le montrer. De plus, même si on voyait qu'il était brisé à l'idée d'accomplir ce qu'il devait faire, on voyait l'espoir et la détermination qu'il y avait dans ses yeux. Tous les deux étaient à genoux et me poussaient gentiment loin d'eux. Je me rends compte à présent à quel point ils sont grands comparés à moi. Je ne me rappelle pourtant pas être si petite... La voix de la femme, douce et gracieuse, me parvint alors de loin, comme si je l'entendais à travers un nuage de brume :

« -Ce sera mieux comme ça ma chérie, me dit-elle de sa belle voix, ne t'inquiète pas, nous reviendrons -ses pleurs résonnent dans ma tête- il faut que tu t'en ailles, vas-y, ne t'inquiète pas, tout se passera bien...

-Tu peux y aller, c'est le moment, dit l'homme, -à présent, il ne cache plus sa tristesse, et des larmes coulent le long de son beau visage- et surtout n'oublie jamais, tu es quelqu'un d'exceptionnelle ! »

Julia se réveilla en sursaut. Ses cheveux emmêlés, son pyjama plein de sueur, elle peina à se mettre assise. Ce rêve, encore et toujours le même. Va-t-il la poursuivre jusqu'à sa mort ? Pourtant cette fois, quelques chose avait changé. Jamais elle n'avait vu de cette manière son rêve. Cette fois-ci, il lui avait semblé le vivre. Elle avait vu la scène dans ses moindres détails. Et puis, cette fois, elle pensait avoir compris un autre détail important. Le couple qu'elle voyait dans son rêve ne pouvait que être ses parents biologiques. Elle en avait la certitude à présent. Maintenant qu'elle savait qu'elle appartenait à un monde dans lequel ses parents biologiques avaient décidés de l'abandonner chez ses parents adoptifs. Elle était arrivée chez eux à l'âge de trois ans. Ce qui concordait avec le fait qu'elle s'était sentie toute petite par rapport aux deux personnes qui s'étaient trouvés devant elle. Si son hypothèse était juste, ce rêve, soit-disant, n'en était pas un. C'était un souvenir. Voilà qui changeait bien des choses... Choquée par sa propre révélation, mais en même temps fière d'avoir compris le sens de ces images toutes seules, Julia se rendormit dans un sommeil qui, cette fois, fut dénué de rêves.

Quand elle se réveilla, Julia avait oublié ses propos de la veille. Mais il suffit seulement à la jeune fille de se lever et de se trouver face à son miroir, pour que tout lui revienne en tête. En y repensant, on pouvait trouver des ressemblances voyantes entre elle et ses parents -mais que disait-elle ? Ses parents se trouvent dans la cuisine, en bas, en train de préparer un petit déjeuner!!-. Malgré tout, elle savait que les deux personnes qui se trouvaient dans cette maison étaient ses parents adoptifs, pas ses « vrais » parents. Ce qui, bien entendu, ne l'empêchait pas de les aimer de tout son cœur et les considérer comme ses véritables parents. Mais il fallait regarder la vérité en face, et apprendre à la surmonter. Elle venait d'un autre monde. Ce qu'elle était ? Elle n'en savait rien. Qui, elle était ? C'était encore une question à laquelle elle était incapable de répondre. Et pourquoi elle était là ? Elle n'en avait aucune idée. La seule chose qu'il lui restait à faire c'était d'attendre d'avoir d'autres réponses. Et elle en avait grandement besoin.