• Chapitre 23 •

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— De la vraie nourriture. Réplique Connor, sardonique.
— Quoi ? Mais...
— Flora sérieux, on est samedi soir et tu nous fais manger des légumes bio qui ont juste un goût...merdique.
Je ne pouvais pas dire mieux. 
— Connor !
Notre petite sœur se met à crier, les mains sur les hanches. Elle me fera toujours penser à ma mère...Trop gentille pour avoir l'air furieuse. Je me mets debout et, pour une fois, rejoins l'avis de Connor.
— C'est juste de la nourriture Flora, tu as besoin de manger correctement.
Pour manger correctement il aurait fallu quelque chose de plus consistant et sain que de la bouffe thaïlandaise, certes. Jacob se lève à son tour et me lance un regard noir. Qu'est-ce que tu regardes, salaud.
— Tu appelles ça manger correctement ? Ce n'est qu'une montagne de gras pour elle. Et puis, son alimentation est tout à fait convenable !
— Tu es qui pour savoir ce qui est convenable pour elle ? Tu n'es rien, rien du tout.
Mon sang bouillonne dans mes veines, si fort que la cadence de mon coeur s'amplifie.
— Je suis son fiancé. Me crache-t-il à la figure comme si je n'étais qu'un vulgaire déchet. Vient-il de dire fiancé ? Est-ce que c'est une mauvaise blague ? C'est non, un non haut et fort. Il est hors de question que Flora épouse une merde pareille.
— Son fiancé ? S'étonne Connor, livide.
— Tu veux te marier avec ma sœur ?
Si je n'étais pas aussi remonté, la situation serait presque comique mais, mes poings sont serrés à leur maximum, ma fureur déborde de tous les côtés.
— Je devais vous l'annoncer ce soir. Nous avoue-t-elle, tête baissée.
— C'est hors de question, tu ne l'épouseras pas ! Je crie, sidéré de l'imaginer marier à ce type.
— Je fais encore ce que je veux Adan, je n'ai plus cinq ans.
Nous nous dévisageons en chiens de faïence, près à répliquer aussi vite qu'une balle de revolver. Ne voit-elle pas que Jacob est...Bordel !
— Ton fiancé comme tu dis, te détruit à petit feu. Ton poids ne dépasse même pas celui d'une gamine de treize-ans ! Bordel Flora, tu n'arrives même pas à porter une putain de caisse en plastique !
— Tu ne sais pas de quoi tu parles, je fais tout ça pour son bien, pour son travail. Je suis là pour elle, moi ! Rugit le connard à ses côtés.
Comment ça il est là pour elle, lui ?
— T'insinues quoi, là ?
Je contourne la table et me poste sous son nez, d'un air menaçant. S'il croit que je ne fais rien pour elle, il est encore plus con qu'il n'y paraît.
— J'insinue qu'à part lui donner des ordres à la con, tu ne sers pas à grand-chose.
Je desserre le poing et attrape le col de sa chemise de petit blanc-bec que je serre et serre encore plus fort dans ma paume.
— Redis ça pour voir ? Je le menace, les yeux chargés de balles de plomb.
— Adan, arrête ! S'alarme Flora, dans mon dos et une main se pose sur mon épaule.
— Fais pas l'idiot, Adan.
Je relâche Jacob avec brutalité et Flora se jette à moitié sur lui, lui prend les joues et le détaille, bouleversée.
— C'est bon Flora, je n'ai rien fait à ton fiancé, tu peux arrêter de le couver comme une poule.
Elle me fusille du regard puis attrape les sachets dispersés sur la table avant de les jeter sur Connor qui les récupère maladroitement au vol.
— Dehors.
— Flora...
Connor se renfrogne.
— Dehors !
Je ne perds pas le nord et sors de chez-elle avec un énième regard mauvais pour Jacob qui observait la scène en replaçant tranquillement, le col de sa chemise. Une fois la porte fermée, ou plutôt,  claquée. Je pivote vers Connor qui me considère sans dire un mot.
— Fais toi plaisir, dis que c'est de ma faute, que je gâche toujours tout ou encore que je n'ai pas changé ?
— C'était pas mon intention.
Quelle surprise ! Connor qui ne me reproche rien. Il part devant et s'adosse contre l'un des murets en briques rouges.
— On mange ?
Je le dévisage, ahuri. Il ignore ma tête déconfite et me tend une des barquettes encore chaudes, je me laisse glisser contre le muret et déchire l'emballage.
— J'aurais pas aimé être à la place de Jacob, t'étais carrément flippant. J'ai halluciné quand il a dit que tu ne servais pas à grand-chose.
— Il n'a pas entièrement tort.
— Tu déconnes ? T'es une vraie mère poule avec Flora alors, dis pas ça.
— Une mère poule, sérieusement ?
J'esquisse un sourire, trouvant la comparaison plus que grotesque.
— Si j'en étais une, elle ne serait pas fiancée avec lui.
— Tu sais très bien qu'elle n'en fait qu'à sa tête, j'aurais dû lui présenter Marco.
— Marco ?
— Un vendeur de tacos, à Mexico.
Je hausse les épaules, tentant d'imaginer ma sœur dans les bras d'un moustachu en poncho.

— Comment s'est passé le dîner avec mademoiselle Flora ?
Chesters m'interroge d'une voix posée, il a sûrement ressenti la colère qui émanait de mon corps en entrant dans la voiture.
— Pas comme je l'avais espéré.
— Mademoiselle Flora va bien ?
— Elle est heureuse, il me semble.
Je contemple les rues d'un œil las. Je n'aurais pas dû réagir comme ça, les regrets me tordent l'estomac. Elle voulait nous annoncer quelque chose qui la rendait heureuse, pétillante et j'ai tout foutu en l'air mais, le connard que je suis ne semble pas s'en vouloir. Jacob méritait plus qu'un faible accrochage. Il sait très bien que je suis capable de le faire virer de sa minuscule agence de mannequinat mais, il doit aussi savoir que j'ai promis à Flora de ne pas intervenir dans sa vie professionnelle. Fait chier...

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Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant