• Chapitre 38 •

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Je m'arrête devant lui, comme un piquet, les jambes sur le point de céder face à mon poids. Il me dépasse d'une bonne tête ce qui est d'autant plus désarmant.
— Vous êtes en retard d'exactement, il regarde sa montre d'un œil sévère, une heure et douze minutes.
— Je suis vraiment désolée pour mon retard mais, je peux le justifier. Commencé-je, prenant mon courage à deux mains.
— Le justifier ?
— Mon...chat a eu une sorte...d'indigestion, j'ai dû...m'occuper de lui un peu plus tard que prévu. Une indigestion, sérieusement Nomi ? S'offusque ma conscience.
Il me dévisage, je suppose qu'il essaye de savoir si c'est la vérité ou un mensonge crée de toute pièce.
— Vous êtes une piètre menteuse Anderson, déclare-t-il d'un ton tranchant, inutile de vous trouver une excuse pour votre retard. J'espère que Chesters vous a bien remis votre téléphone, il a brièvement évoqué la charmante  compagnie avec laquelle vous étiez. Ajoute-il, le visage dur. Je suppose donc, que votre retard en est dû.
Je reste bouchée bée, si ma mâchoire n'était pas aussi crispée, je suis persuadée qu'elle aurait frôlé le bout de mes orteils. Chesters lui a raconté ? Pourquoi lui avoir dit ?
Je ne ressens aucune colère, aucune fureur juste de la déception.
— Ce n'est pas le cas monsieur, l'état de mon chat m'a inquiétée. Mens-je. La charmante compagnie dont vous parlez, était un ancien camarade de classe, rien de plus.
Je suis consciente que je n'ai aucun compte à lui rendre mais, je ne veux pas qu'il se mette à croire que Charles est plus qu'un ami.
— De plus, je ne suis jamais arrivée en retard auparavant alors...rajouté-je.
— Rah, taisez-vous. Me coupe-t-il, vous me donnez mal au crâne. Reprenez votre travail, terminez le dossier en cours et n'arrivez plus jamais en retard.
Je me renfrogne, ses mots plus que cassants hérissent les poils de mes bras. Je pourrais lui répondre de la même façon mais, rien ne me vient à part.
— Oui, monsieur.
C'est humiliant, terriblement humiliant.

Ma nuque est sur le point de s'écraser sur le bureau tant elle est douloureuse, j'ai bossé d'arrache-pied sans prendre une seule pause.
Je suppose que c'est un moyen d'échapper à mes pensées négatives ? Je me glisse le dossier sous le bras et m'approche du grand comptoir, d'un blanc immaculé qui habille élégamment le hall.
— Je peux vous aider ? Me questionne-t-elle.
— Euh...pourriez-vous remettre cela à monsieur Brown, s'il vous plaît ?
— Bien sûr mademoiselle.
Elle me sourit.
— Merci.
Je me détourne du comptoir et m'en vais me cloîtrer dans mon bureau mais, au bout de seulement cinq minutes, quelqu'un toque à la porte.
— Oui ? Dis-je d'une voix tremblante. Faites que ce ne soit pas lui, faites que ce ne soit pas lui...
— Pardonnez-moi mademoiselle, monsieur Brown souhaiterait vous voir.
Merde, moi qui voulais l'éviter. C'est fichu...
— Il n'a pas compris la disposition des documents ?
Je gagne du temps.
— Je n'en sais rien mademoiselle, affirme-t-elle, il m'a simplement demandé de venir vous chercher.
Un message apparaît sur ma boîte mail.
____________________
De : Adan Brown
Objet : Temps.
Date : ...
À : Naomi Anderson

Ne traînez pas.

Adan Brown, P-DG B's.Entreprise.
____________________

Je me lève sous le regard curieux de la secrétaire et essuie rapidement mes mains moites sur ma jupe mal repassée.
— Monsieur, le salue-t-elle. Mademoiselle Anderson est ici.
— Bien, laissez-nous seuls.
— D'accord.
La jeune femme me laisse entrer et referme la porte dans mon dos, je bouillonne de chaleur. C'est moi ou la climatisation est en panne ?
— Asseyez-vous. Ordonne-t-il.
— Non merci, ça va aller.
Il acquiesce en silence.
— Vous vouliez me voir ? Commencé-je d'une petite voix hésitante.
— Dans le dossier, vous avez changé quelque chose à l'organisation des fiches ?
Mince, est-ce que je n'aurais pas dû ?
— Oui, j'ai trouvé cela plus...simple.
Je tourne et retourne encore et encore mes doigts entre mes paumes.
— Effectivement c'est plus simple, merci pour ce bon travail.
Vient-il tout juste de me remercier ? J'opine de la tête et abandonne mon regard au bureau, surchargé de feuilles, de dossiers de différents coloris. Il ne va jamais s'en sortir avec autant de documents.
— Je peux vous débarrasser de quelques pochettes si vous voulez ? Votre bureau risque de s'écrouler face à toute cette paperasse.
Laissez-moi vous aider.
— Je vais m'en sortir, merci.
Ses lèvres se retroussent, il sourit. Oh bon sang, il sourit. Alléluia, je n'y croyais plus.
— Vous vous surchargez beaucoup trop, prenez une pause.
— Les pauses, c'est pour les faibles. Plaisante-t-il.
— Laissez-moi ranger au moins cela ?
Je lui fais mon fameux regard de chien battu, il glousse et soupire. Merci le chat Potté !
— Très bien, alors prenez celui-là.
— Merci. Dis-je tout bas.

Je baille à m'en décoller la mâchoire, c'est tout sauf glamour, je conçois. Je tamponne la toute dernière fiche et la range dans la chemise cartonnée. Il est presque une heure du matin, la fatigue commence à se faire ressentir.
Je traverse le hall, vide et plongé dans l'obscurité et arrive devant le bureau d'Adan. Il est toujours plongé dans ses documents et ne remarque pas ma présence. Je pince les lèvres, empêchant un rire et flanque un léger coup de phalange contre la porte, il relève les yeux.
— Déjà ?
— Oui, la moitié était déjà faite.
Il me lorgne un court instant et se redresse du siège, sa chemise est légèrement ouverte. Cette vision de lui, plus que sexy me fait rougir de la tête aux pieds.
Il contourne le grand bureau, prend la pochette qu'il jette sur l'une des piles avant de se tourner vers moi.
Ses pupilles se sont brusquement dilatées, il attrape mon menton entre son index et son pouce et me relève la tête, me contraignant à croiser son regard brûlant de désir. Dites-moi que ce n'est pas un rêve cette fois-ci...
— Qu'est-ce que vous faites...?
Ma vois se meurt lorsqu'il attrape entre ses mains, mes hanches afin de me coller contre l'un des murs.
Mes yeux ne veulent pas se détacher des siens, il est si beau, tellement beau.
— Je prends une pause. Bordel.

•••

Haut Niveau - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant